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| Pays | |
|---|---|
| Sous-district | |
| Superficie |
18,08 km2 |
| Coordonnées |
| Population |
2 170 hab. () |
|---|---|
| Densité |
120 hab./km2 () |
| Événement clé |
|---|
Ain Ghazal (عين غزال, « source de la gazelle ») est un village arabe palestinien situé à 21 kilomètres au sud d'Haïfa. Il fait partie des centaines de villages palestiniens expulsés et détruits pendant la première guerre israélo-arabe, dans ce cas précis au cours d'un assaut mené dans le cadre de l'opération Shoter. Au cours de l'assaut, une partie de la population est massacrée. Le territoire du village est aujourd'hui recouvert par des forêts, ou utilisé par les moshavim d'Ofer (en). Le nom d'Ein Ayala, un moshav voisin créé en 1949, traduit en hébreu moderne le nom d'Ain Ghazal[5].
Le village d'Ain Ghazal se trouvait dans le sous-district de Haïfa, à 110 mètres au-dessus du niveau de la mer et à 21 km au sud d'Haïfa[6]. Le village était construit sur les berges d'un wadi, sur les hauteurs du mont Carmel, et à proximité de la route principale entre Haïfa et Tel Aviv, ce qui lui donna une certaine importance stratégique lors de la guerre de 1948[6].
Sa superficie totale était de 18 079 dounams (18 km2)[3], dont 14 628 dounams appartenant à des Arabes, 424 dounams appartenant à des Juifs et environ 3 000 dounams de terres publiques[6]. 1486 dounams étaient classés comme plantations ou terres irrigables, 8472 étaient utilisés pour la production de céréales[7].
En 1517, la Palestine et Ain Ghazal avec sont annexées à l'empire ottoman. Aux XVIe et XVIIIe siècles, le village appartenait à l'émirat Turabay (en) (1517–1683), qui s'étendait sur la vallée de Jezréel, Haïfa, Jénine, la vallée de Beisan, le nord des collines de Naplouse, le plateau de Ménashé et le nord de la plaine de Sharon[8],[9]. Selon Ilan Pappé, le village est créé aux environs de 1700 par des paysans venus du Soudan[10].
Lors de la partie syrienne de la campagne d'Égypte (1799), il apparaît sous le nom d'Ain Elgazal sur la carte de Jacotin, bien que placé au mauvais endroit[11].
En 1870, Victor Guérin passe par Ain Ghazal, dont il estime la population à 290 habitants. Il est divisé en deux sections et entouré de plantations de tabac[12].
À la fin du XIXe siècle, Ain Ghazal est décrit comme un petit village aux maisons de pierre et de pisé, avec environ 450 habitants. Les villageois cultivaient 35 feddans de terre (1 feddan vaut de 10 à 25 hectares)[13]. La plus grande partie des terres d'Ain Ghazal et des villages voisins Jaba' (en), Khubiza (en), Al-Tira et al-Sarafand étaient détenues par les fils d'Abdel al-Latif al-Salah, lui-même propriétaire de la totalité du village de Ji'ara (en). Ces villages étaient passés sous la domination de la famille Salah par le jeu des emprunts contractés par ces villages envers cette famille ou grâce aux activités commerciales de cette famille[14].
Dès l'époque ottomane, Ain Ghazal dispose de deux écoles : une école primaire pour garçons créée par les Ottomans en 1886, et une école primaire pour filles. Le village possédait aussi un club culturel et un club athlétique[15]. Les villageois étaient musulmans et entretenaient un maqam (sanctuaire) pour un sage local, cheikh Shahada[15].
Une liste de population de 1887 recense 910 habitants, tous musulmans[16] ; au début du vingtième siècle, le nombre d'habitants passe à 883[17].
De 1915 à 1918, les combats de la campagne du Sinaï et de la Palestine permettent au Royaume-Uni de faire la conquête de la Palestine. La Palestine est administrée comme territoire conquis jusqu'en 1923 puis sous l'autorité d'un mandat de la Société des Nations. Au recensement de la Palestine mandataire de 1922 conduit par les autorités britanniques, Ain Ghazal a une population de 1 046 habitants, tous musulmans[18], qui augmente au recensement de 1931 à 1 439, compté avec Khirbat al-Sawamir, tous musulmans, dans 247 maisons[19].
Dans les années 1940, un puits est foré pour alimenter le village en eau via une conduite[6]. Dans les statistiques de Village de 1945, la population est de 2 170 habitants, tous musulmans[2]. À cette époque, une partie de la population travaille à Haïfa, au port ou dans les entreprises de la ville[6].


Le village avait réussi à s'armer avant le début du conflit, bien que chichement. Les services de renseignement israéliens estimaient un total de 87 armes à la mi-1947, dont 23 fusils dépassés et 45 pistolets[20]. Le plan de partage de la Palestine des Nations unies de novembre 1947 incluaient Ain Ghazal et les autres villages arabes de la région d'Haïfa au futur État juif, prévu pour être créé en même temps que l'État arabe.
Le 10 mars le village subit une première attaque, rapportée par le journal Filastin sans détails[6]. Quelques jours plus tard, des milices juives détruisent complètement quatre maisons, tuent une femme et blessent cinq hommes[6]. Ain Ghazal et le village voisin d'Ayn Hawd ont été attaqués le soir du 11 avril 1948, selon le journal palestinien Filastin, qui rapporte qu'un groupe de 150 soldats juifs échouèrent à expulser les habitants[21].
Les États arabes répondent à la déclaration d'indépendance d'Israël, le 15 mai 1948, en envoyant des troupes et lançant la première guerre israélo-arabe. Le 20 mai, Associated Press rapporte qu'une autre attaque contre Ain Ghazal et Ayn Hawd a été repoussée[22]. Le 14 mai, la brigade Alexandroni avait reçu l'ordre d'« attaquer et de nettoyer Tirat Haïfa, Aïn Ghazal, Ijzim, Kfar Lam, Ja'ba, Aïn Hawd et Mazar
[23] ». Selon Associated Press, en mai, des tireurs embusqués d'Ain Ghazal ouvrent le feu sur un convoi juif circulant sur la route Tel Aviv-Haïfa ; le 20 mai, la Haganah conduit un raid sur le village[6].
Début juin 1948, un rapport des Forces de défense israéliennes (FDI) rapporte la demande conjointe d'ouverture de négociations de reddition faite par Ain Ghazal, Ijzim, Ja'ba. Aucune suite n'est donnée par les autorités israéliennes[24]. Les Forces de défense israéliennes (FDI) tentent à deux reprises, le 18 juin et le 8 juillet, de s'emparer du village, mais sont repoussées[6]. Le 14 juillet, avant la deuxième trêve de la guerre, le conseil des ministres israélien discute du cas des trois villages du « petit Triangle ». Ben Gourion affirme qu'il n'y a pas à s'en préoccuper : « ces villages sont dans notre poche Nous pouvons agir contre eux après le retour de la trêve. Ce sera une simple opération de police... Ils ne sont pas considérés comme des forces ennemies car cette région est à nous et ce sont des habitants de notre État... ces villages ne représentent pas un danger militaire[25] ».
La seconde trêve, qui commence le 18 juillet, n'est pas violée par les habitants d'Ain Ghazal. Au contraire, le "Central Truce Supervision Board", présidé par le général de brigade US W.E. Riley (en), a considéré que l'assaut des FDI sur les villages était une violation de la trêve[26]. Selon Meron Benvenisti, les FDI profitent de la trêve pour se nettoyer des petits groupes de villages arabes situés dans des zones stratégiques[27]. Ain Ghazal est vidé de sa population en même temps qu'Ijzim et Ja'ba, tous situés sur le versant occidental du Mont Carmel, entre le 24 et le 26 juillet[27]. Une semaine après le début de la trêve, l'armée israélienne lance l'opération Shoter ("Opération agent de police"), dans le but de conquérir les villages du « petit Triangle »[28]. L'opération est menée par plusieurs brigades de l'armée israélienne (brigades Alexandroni, Carmeli et Golani) et la police militaire[27],[6]. Malgré la puissance de l'attaque, les FDI mettent trois jours à prendre le contrôle des trois villages[6]. Le 25 juillet, des combats de rue ont lieu à Ain Ghazal et Ja'ba. Le lendemain matin, les villages sont déserts[28].

'Ain Ghazal est un des dizaines de villages palestiniens bombardés par les B-17 forteresses volantes et les avions de chasse que les FDI s'étaient procurés sur les marchés parallèles européen et américain pendant la première trêve (juin-juillet)[29]. Selon Ilan Pappé, le bombardement commence au moment de la rupture du jeûne du mois de ramadan, quand tout le monde commençait à sortir dans la rue, terrorisant la population. Les soldats israéliens sont très vite entrés dans le village et ont suivi la procédure prévue par le plan Daleth : rassemblement des hommes d'âge militaire (10 à 50 ans) devant l'officier du renseignement israélien accompagnant chaque expulsion de village. Un informateur arabe, cagoulé, l'accompagnait. Dix-sept hommes, ayant participé à la grande révolte arabe, en 1936-1939, sont sélectionnés et abattus sur place[30].
Salah Abdel Jawad écrit que, en plus des morts civiles, les raids aériens provoquent une « démoralisation générale à cause de son caractère indiscriminé, et parce que les Palestiniens qui n'avaient jamais subi de bombardement aérien n'avaient aucune défense contre [29] ».
Moshe Sharett, ministre israélien des Affaires étrangères, ment à un médiateur des Nations unies en disant qu'aucun avion n'a été utilisé[15],[31]. Azzam Pasha, le secrétaire général de la Ligue arabe, déclare que des atrocités ont été commises pendant et après ces attaques, notamment que 28 habitants d'al-Tira ont été brûlés vifs. Les FDI rejettent ces accusations mais admettent que ses soldats ont trouvé de 25 à 30 dans un état de décomposition avancé à Ain Ghazal, et que les prisonniers de guerre arabes ont enterré les restes. Les FDI ont aussi enterré 200 morts trouvés dans les trois villages après la bataille[32]. Les FDI admettent également la mort de 9 habitants d'Ain Ghazal[6]. Le 28 juillet, un observateur des Nations unies visite la zone et, selon Folke Bernadotte, ne trouve aucune preuve des massacres reprochés, bien qu'il fasse mention de la procédure engagée à propos des 28[33]. Début août, des colons juifs pillent les villages d'Ain Ghazal et de Ja'ba[34].
Mi-septembre 1948, les enquêteurs des Nations unies estiment le nombre de tués et disparus dans les trois villages (Ain Ghazal, Ijzim et Ja'ba) à 130. Bernadotte condamne les actions israéliennes de destruction systématique d'Ain Ghazal et de Ja'ba, et demande que le gouvernement israélien paie les réparations des maisons endommagées ou détruites pendant et après l'attaque. Bernadotte chiffre à 8000 les personnes expulsées des trois villages, et exige que les Palestiniens expulsés soient autorisés à faire usage de leur droit au retourd ; Israël a rejeté ces exigences[15].

Ain Ghazal est un des nombreux villages qui ont été complètement effacés et recouvert d'une forêt par les autorités israéliennes, à l'instar de Mujeidel (en), Ma'alul (en) et Mi'ar, tous replantés en pins et en cyprès[35]. Après la fin de la guerre, le moshav d'Ein Ayala (en) est créé en 1949 à 3 km au sud-est du village, mais en-dehors de son territoire[4],[15]. Le moshav d'Ofer (en) est créé en 1950 à 2 km au sud-est du village et sur les terres d'Ain Ghazal[15].
En 1992, Khalidi décrit les restes d'Ain Ghazal : « Le sanctuaire délabré de cheikh Shahada est la seule construction encore debout. Des murs en ruines et des tas de pierres sont visibles sur tout le site,; il y a aussi des pins, des cactus et des grenadiers. Le site a été clôturé récemment pour faire pâturer du bétail. Les terrains plats autour du site du village sont occupés par des cultures maraîchères, des bananiers et des vergers. Une partie des coteaux est plantée d'amandiers[15]. »
Le maqam étant réputé, il a continué d'être fréquenté et même entretenu par les Arabes vivant en Israël. Voulant contrecarrer cette fréquentation, Israël a déclaré que le maqam était un site sacré juif. Un Arabe de la région l'a entièrement rénové en 1985, et a été condamné à une amende pour cela[10]. Le maqam a ensuite été incendié en 2002, dans le cadre d'une campagne de profanation des saints sanctuaires musulmans subsistant en Israël[36].
Zochrot, une association juive israélienne dont le but est d'éveiller les consciences à propos de la Nakba, a produit un livret sur Ain Ghazal et organisé des visites du site du village détruit. Ce livret a été produit en coopération avec Ali Hamude, un réfugié palestinien présent absent originaire d'Ain Ghazal qui vit à Fureidis (en). Il a distribué des centaines de copies du livret, et une école de Fureidis s'en sert lors d'une sortie scolaire à Ain Ghazal[37].