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| Pays | |
|---|---|
| Territoire | |
| Sous-district | |
| Superficie |
44,59 km2 |
| Altitude |
425 m |
| Coordonnées |
| Population |
2 150 hab. () |
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| Densité |
48,2 hab./km2 () |
| Statut |
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| Événement clé |
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Bayt Nattif ou Beit Nattif (بيت نتّيف, בית נטיף et בית נתיף respectivement) est un village arabe palestinien, situé à 20 kilomètres au sud-ouest de Jérusalem, à mi-chemin de Beit Guvrin en suivant l’ancienne voie romaine, et à and 21 km au nord-ouest d’Hébron[4].
Il y deux mille ans environ, Bayt Nattif fait partie des villages juifs détruits par les Romains après la révolte de 66-69. Repeuplé par des colons de religion polythéiste, il prospère grace à sa position sur une voie romaine. Construit au sommet d’une colline, entouré d’oliveraies et de plantations d’amandiers, de bois de chênes et de caroubiers, il dominait le Wadi es-Sunt (la vallée d'Elah) au sud[4]. Avant sa destruction en 1948, il possédait plusieurs maqam (sanctuaires), dont celui de Cheikh Ibrahim[4] et une douzaine de khirbats[4].
Bayt Nattif fait partie des centaines de villages arabes palestiniens expulsés et détruits lors du nettoyage ethnique de la Palestine, en 1948 ; l’expulsion a lieu le 21 ou le 22 octobre 1948, lors de l’opération HaHar (en)[4].
Le village est appelé Bethletepha sous l’Empire romain[5] ou Betholetepha, et connu communément sous son équivalent grec, Bethletephon[6],[7],[8]. Le village est identifié avec le Tappuach biblique[9].
Selon Muhammad Abu Halawa, le nom d’origine était Bayt Lettif, qui a évolué en Bayt Nattif, plus facile à prononcer[10].

Le village de Bayt Nattif relevait du sous-district d'Hébron. Situé à 21 kilomètres au sud-ouest d’Hébron, il était construit au sommet d’une colline des monts d'Hébron, à 425 m d’altitude[9]. Le village était encadré par deux larges vallées[9]. La route Bayt Jibrin-Bethléem passait à un kilomètre au sud ; d’autres routes secondaires desservaient le village[9].
Sa superficie totale était de 44 587 dounams (soit 44,6 km²) dont 32 762 dounams appartenant à des Arabes et 11 825 dounams étant des terres publiques[9]. Sur cette superficie, la totalité des terres publiques était considérée comme non-cultivable ; sur les terres privées, 20 837 dounams (soit 2084 hectares) étaient cultivables[9]. En 1944/45, 20 149 dounams (soit 2015 hectares) étaient consacrés à la culture des céréales (dont le maïs[9]), essentiellement les basses-terres ; 688 dounams (soit 69 hectares) étaient classés comme terres irrigables ou vergers[11]. Des oliveraies entouraient le village[9] et occupaient 620 dounams (62 hectares)[12].
Trois périodes historiques sont concernées par les découvertes archéologiques effectuées à Bayt Nattif : des citernes et des tombes juives du Ier siècle av. J.-C. et du Ier siècle ; des tombes de la fin de la période romaine, les personnes inhumées pratiquant le polythéiste romaine ; et les vestiges que le fouilleur de 1933, Dimitri Baramki (en), pense relever d’une église byzantine du Ve siècle ou du VIe siècle siècle[13].
En 2013, des fouilles à Bayt Nattif, conduites par Yitzhak Paz et Elena Kogan-Zahavi pour l’Autorité des antiquités d'Israël, et Boaz Gross de l’institut d'archéologie de l’université de Tel-Aviv[14]. En 2014, huit fouilles distinctes ont été menées sur le site[15].
Un tombeau taillé dans la pierre a été découvert en 1903 à 200 mètres à l’est de Bayt Nattif. La fouille a révélé un ensemble de 36 kokhims répartis sur deux niveaux de trois des murs de la principale chambre funéraire, qui mesurait 4 x 5 mètres. Sur le mur faisant face à l’entrée, le niveau supérieur était orné d’un arcosolium et de deux colonnes (Zissu - Klein 211f)[16]. Un sarcophage de calcaire était placé dans l’arcosolium, contenant les restes d’un soldat romain, du rang de décurion, postérieur au deuxième quart du IIe siècle[17], mais probablement du IIIe siècle, datation suggérée par les éléments de décoration et de conception[13].
Une autre chambre funéraire a été fouillée en 1942–43, montrant trois phases d’utilisation : une citerne est d’abord creusée dans le roc[13]. Au début du Ier millénaire, elle est convertie en chambre funéraire par les Juifs habitant Bayt Natiff, qui ont creusé douze kokhim et trois arcosolias dans les murs de l’ancienne citerne. Puis, aux IIIe et IVe siècles, elle est utilisée par les habitans romains et polythéistes de la ville[13].
Beit Nattif a donné son nom[18] à un type de lampe à huile en terre cuite, décrit à partir des lampes découvertes dans les fouilles de deux citernes du village en 1934[19],[20]. Ces lampes, qui n’ont jamais été utilisées, et les moules de pierre qui ont servi à les façonner, datent de la fin de la période romaine et de l’Empire byzantin. Elles étaient fabriquées au village, et ont pu être vendues à Jérusalem et Éleuthéropolis[21],[22].
Deux citernes du Ier siècle ont été découvertes en 1917 et fouillées par Baramki en 1934. Elles contenaient plusieurs objets de céramique comme des lampes à huile moulées, des statuettes et d’autres objets, interprétés comme des refus de potiers jetés dans les citernes utilisées comme dépotoirs au IIIe siècle[13],[20]. Une fouille de 2014 à Khirbet Shumeila, 1 km au nord-ouest de Beit Nattif a permis de mettre au jour un atelier situé dans une grande villa romaine, avec 600 fragments de lampe du type de "Beit Nattif" et quinze moules de pierre, tous trouvés in situ et datés du IVe siècle[23],[20].
Ces découvertes ont donné lieu à un débat à propos de l’identité ethno-religieuse des potiers et des utilisateurs de ces lampes à huile et des statuettes associées[20]. Les fouilles de 1934 ont découvert 341 statuettes, le type principal étant des femmes nues ou des cavaliers, peut-être dans un but apotropaïque ou magique[20]. Ces sujets très communs, ainsi que d’autres moins fréquents comme des animaux, des plaques-miroirs et des masques suggèrent des utilisateurs polythéistes, alors que la représentation de ménorahs sur des lampes suggère une présence juive dans la région[20]. Moins de 1 % des 600 lampes trouvées en 2014 portaient ce motif, ce qui conduit, avec d’autres considérations, à affaiblir la thèse de potiers juifs à Bayt Nattif[20]. À cause de la rareté des découvertes du Bas-Empire dans la région, les chercheurs ne peuvent ni prouver ni rejeter une production à destination de l’un ou de l’autre groupe (juifs ou polythéistes), Lichtenberger concluant qu’après la révolte de Bar-Kokhba, la population juive restant dans la région était intégrée dans une société plurielle culturellement parlant[20]. Rosenthal-Heginbottom et Jodi Magness considèrent que quelques lampes de Bayt Nattif étaient fabriquées à destination de clients juifs, alors que les autres étaient produites pour des clients chrétiens ou polythéistes[20]. Il y a certaines similarités entre l’iconographie de l’Âge du Fer et de la période hellénistique et celle du Bas-Empire, dans des populations d’ethnies et de religions différentes, ce qui rend les liens hautement incertains[20].
En décembre 2024, une découverte coïncidant avec la fête d’Hanukkah, un lampe à huile de Bayt Nattif des IIIe ou IVe siècles a été découverte près du mont des Oliviers, portant une ménorah, une loulav et un Batillum (en) rattachée au judaïsme de l’époque du Second Temple[24],[25].
Bayt Nattif est établi sur la route très fréquentée entre Éleuthéropolis (anciennement Beth Guvrin, plus tard Bayt Jibrin) et Jérusalem, environ à mi-chemin des deux villes[26].
La ville devient le chef-lieu d’une des neuf toparchies de la province de Judée (6–135 ap. J.-C.), dont le responsable (le toparque) dirigeait l’administration locale et collectait les impôts. Plusieurs sources classiques la nomment Betholetepha[27],[13]. Cette région est appelée Idumée, habitée selon les récits traditionnels par les descendants d’Ésaü (Édom), convertis au judaïsme sous Jean Hyrcan Ier[28].
Pendant la première guerre judéo-romaine (66-73), qui débute la douzième année du règne de Néron, quand l’armée romaine de Cestius Gallus subit une grave défaite (5000 morts), le peuple des campagnes craint les représailles de l’armée romaine et se hâte de recruter un chef militaire et de fortifier les agglomérations. À cette époque, les chefs militaires étaient nommés pour toute l’Idumée, c’est-à-dire la région au sud et au sud-ouest de Jérusalem, dont les villes de Bethletephon, Betaris (Begabris)[29], Kefar Tobah, Adurim (en) et Marésha. Plus tard au cours de la révolte, au printemps 68, la ville est détruite par les légions de Vespasian et de Titus, comme mentionné par Flavius Josèphe[5].
Toujours d’après les écrits de Flavius Josèphe et les découvertes archéologiques, la ville et sa région sont majoritairement juives jusqu’à la révolte de Bar Kokhba en 132–135[20],[13].
Une borne milliaire datée de 162 a été découverte à 3 ou 4 kilomètres au sud-est de Bayt Nattif ; elle indiquait la distance depuis Jérusalem et portait l’inscription latine et grecque suivante[30],[31] :
Des découvertes archéologiques indiquent qu’après la révolte de Bar Kokhba, la ville est colonisée par des citoyen romain et des vétérans, dans le cadre de la romanisation de la région autour d’Aelia Capitolina (Jérusalem) jusqu’à Éleuthéropolis[13]. La ville est toujours importante à cette époque[13].
Une construction rectangulaire avec un sol de mosaïque découverte en 1934 est interprétée comme les restes d’une église byzantine du cinquième ou du sixième siècle[13].
Un sol de mosaïque, appartenant probablement à une église byzantine, a été mis au jour à Bayt Nattif. Ce type de mosaïque est habituellement datés des Ve ou VIe siècles[32].
L’emplacement des citernes fouillées par Baramki en 1934 n’a pas été transmis aux générations suivantes, mais elles ont été redécouvertes en 2020, cachées sous restes d’un bâtiment décoré des débuts de l’ère arabo-musulmane qui s’est écroulé lors d’une série de tremblements de terre, au XIe siècle, peut-être celui de 1033 (en)[33].
La Palestine est conquise par les armées de l'Ottoman Sélim Ier en 1517, grâce à leur victoire sur les armées mameloukes à la bataille de Marj Dabiq, et annexée à l'Empire ottoman.
En 1596, Bayt Nattif est mentionné dans un defter (registre fiscal ottoman) comme relevant de la nahié d’Al-Quds (Jérusalem) et du district ou liwā` de Quds, relevant de la wilāyat aš-Šām (Syrie). Ce document recense 94 foyers et 10 célibataires, tous musulmans (soit environ 570 habitants[9]). L’Empire ottoman levait un impôt à taux fixe de 33,3% sur les productions agricoles des villageois, principalement sur le blé, l’orge, les olives, le sésame, les fruits, plus une taxe de mariage et une taxe supplémentaire sur les chèvres et les ruches. Le total des impôts payés par Bayt Nattif pour cette année se montait à 12 000 akçe[34],[35].
En 1838, le bibliste Edward Robinson visite le village, et note qu’il est très bien reçu par les villageois, qui appartiennent à la tribu des "Keis (en)[36],[37]. Le village est alors musulman, et relève du district d’el-Arkub, au sud-ouest de Jérusalem[38].
Au milieu du XIXe siècle, la rivalité entre Qays (ou Keis) et Yaman resurgit, et se traduit par des combats entre les deux factions[39]. Meron Benvenisti, à propos de cette période, écrit que cheikh « Utham al-Lahham engagea une guerre sanglante contre cheikh Mustafa Abou Ghosh, dont la capitale était le village de Suba (en)[40],[41] ». En 1855, Mohammad Atallah, de Bayt Nattif, cousin de 'Utham al-Lahham, contesta sa domination. Afin d’obtenir le soutien d’Abou Ghosh, Mohammad Atallah donna allégeance aux Yaman. 'Utham al-Lahham devint fou de rage. Il attaqua Bayt Nattif le 3 janvier 1855, où 21 habitants furent tués et leurs corps mutilés[42],[43].
À la même époque, Beit Naṭṭīf comme plusieurs autres villages du secteur — Zakariyya (en), Beit Jibrīn, Ṣurīf et al-Dawāymeh — agrandit son territoire pour inclure celui de plusieurs hameaux ou villages en ruines. Après les réformes foncières ottomanes de 1858–1859, ces villages ont reçu des titres de propriété sur des terres appartenant auparavant à l’État ottoman (mīrī), marquant une réforme agraire et un renouveau agricole dans les collines de Judée[44].
En 1863, Victor Guérin visite Bayt Natiff deux fois. La première fois, il estime la population à environ un millier d’habitants. Le village est entouré de vignes, de figuiers et d’oliveraies. Il note la construction grossière des maisons ; une maison, appellée al-Medhafeh, réservée à l’accueil des étrangers, est une tour carrée. Le linteau au-dessus de l’entrée de l’al-Medhafeh est une grande pierre taillée, ornée d’élégantes moulures, Guérin estimant qu’il s’agit d’un remploi provenant d’un monument détruit. De nombreuses autres pierres taillées sont ainsi remployées dans ce bâtiment et dans d’autes maisons. Il estime aussi que deux puits, plusieurs citernes et de nombreux silos creusés dans la pierre sont d’époque antique[45],[46].
Socin, citant une liste de villages ottomane datée des environs de 1870, indique que Bayt Nattif avait 66 foyers et une population masculine de 231 habitants, ce document ne recensant pas les femmes[47]. Hartmann trouve lui que Bayt Nattif avait 120 maisons habitées[48].
En 1883, l’enquête du Palestine Exploration Fund décrit Bayt Nattif comme un village de taille respectable, installé sur un plateau en hauteur, dominant deux larges vallées. À 130 mètres sous le village, au sud, se trouve une source (`Ain el Kezbeh) ; un tombeau taillé dans le roc est aussi signalé. Elle signale aussi les oliveraies qui entourent le village et les vallées qui portent de belles récoltes de maïs[49].
Vers 1896, la population de Bayt Nattif est estimée à environ 672 habitants[50].


De 1915 à 1918, les combats de la campagne du Sinaï et de la Palestine permettent au Royaume-Uni de faire la conquête de la Palestine. La région de Bayt Natiff est conquise en novembre 1917 et la région est administrée comme territoire conquis jusqu'en 1923 puis sous l'autorité d'un mandat de la Société des Nations.
Pour des raisons pratiques, l’Empire britannique conserva les lois foncières ottomanes du Code foncier ottoman de 1858 (en). Il ajouta ensuite ses propres réglementations[51]. L’impôt était prélevé à un taux de 12,5% de la production brute. Les récoltes étaient évaluées sur pied ou sur l’aire de battage et l’impôt perçu auprès des cultivateurs[52]. En 1925, de nouvelles lois prévoient que les impôts sur les récoltes et autres productions ne peuvent dépasser 10%. En 1928, une réforme est mise en place par le gouvernement de la Palestine mandataire pour la « commutation des dîmes », le montant étant désormais fixé comme un agrégat de la moyenne des impôts payés les quatres années précédentes ; l’impôt est désormais payé annuellement[53].
Au recensement de la Palestine mandataire de 1922 conduit par les autorités britanniques, Bayt Natiff a une population de 1112 habitants, tous musulmans[54], augmentant au recensement de 1931 à 1649, tous musulmans, dans 329 maisons (dont les maisons construites dans les ruines proches, Khirbet Umm al-Ra’us (en))[55]. En 1931, Bayt Natiff est recensé avec Khirbat Umm al Rus[9].
En 1926, 259 dounams (26 hectares) sont attribuées à la réserve forestière Jabal es-Sira numéro 73, appartenant à l’État[56]. À cette époque, le village est construit en forme d’étoile et constitué de plusieurs quartiers distincts, tous possédant des boutiques. Il possédait une mosquée et une école primaire pour garçons. Trois puits fournissaient l’eau potable[9],[12].
En 1927, Yitzhak Ben-Zvi signale des traditions locales selon lesquelles des familles d’origine juive habitent à Bayt Nattif. Selon les habitants du village, elles se seraient converties à l’islam cinq siècles plus tôt[57].
Selon les statistiques de Village de 1945, la population augmente à 2150 habitants cette année-là, tous musulmans[58],[59].
Dans le plan de partage de la Palestine voté par l’assemblée générale des Nations unies le 29 novembre 1947, Bayt Natiff est attribué à l’État arabe[60].
Au commencement des hostilités, qui se produit dès la publication du plan, Yohanan Reiner et Fritz Eisenstadt, les conseilleurs militaires de David Ben Gourion, proposent, le 18 décembre 1947, que toute attaque arabe fasse l’objet de répresailles d’ampleur, « consistant en la destruction du village ou l’expulsion de ses habitants ». Cette proposition est discutée — un participant la comparant au massacre de Lidice commis par l’Allemagne nazie — mais en janvier 1948, un document du quartier-général du secteur de Jérusalem reprend cette mesure : « destruction des villages dominant nos colonies ou menaçant nos lignes de communication » ; parmi les objectifs du plan se trouve le bloc sud de Beit Nattif[61],[62].
Selon l’histoire officielle israélienne (L’Histoire de la Haganah), Bayt Nattif a participé aux combats qui aboutissent à la mort (considérée comme symbolique en Israël) de 35 soldats juifs à Kfar Etzion, le 14 janvier 1948. Ces 35 soldats (Lamed-Heh en hébreu moderne) donnent leur nom à toute opération de représailles de la Haganah, même si elle avait été prévue de longue date[63]. Le convoi des 35 s’est probablement trompé de route, et a fini à Surif, qu’il attaque selon les Arabes. La Haganah décide de représailles contre Bayt Nattif, Dayr Aban et Az-Zakariyya[3]. Fin janvier 1948, le quartier-général de la Haganah à Jérusalem ordonne la destruction du quartier sud de Bayt Nattif afin de sécuriser la route de Tel-Aviv à Jérusalem[64]. Aucun bilan humain de cette attaque qui a duré 24 heures n’a été donné[9]. Au cours de l’année 1948, le village a été défendu par des Frères musulmans égyptiens et des volontaires de l’Armée de libération arabe et de la milice villageoise[12].
L’aviation israélienne bombarde Bayt Nattif le 19 octobre 1948, ce qui provoque une panique et la fuite des habitants de Bayt Nattif et Bayt Jibrin[65]. Bayt Nattif est dépeuplé le 21 ou le 22 octobre 1948 lors de l’opération HaHar par le quatrième bataillon de la brigade Harel[4],[66],[67],[9]. Les rapports divergent sur les évènements : un rapport du Palmach indique que les villageois ont fui pour sauver leurs vies[68] ; un rapport de la Haganah indique que le village est occupé après un bref combat[4] et que les habitants avaient préparé des paquets pour évacuer le village, mais n’avaient pas eu le temps de les emporter[9]. Un certain nombre des habitants se réfugie dans les monts d'Hébron, d’autres restent dans les grottes environnantes un certain temps[12]. La chute du village permet à Israël de contrôler la route Bethléem-Bayt Jibrin, importante pour la logistique de l’armée égyptienne[9].
Fin 1948, l’armée israélienne continue de détruire les villages arabes conquis, afin d’empêcher la réinstallation des villageois[69]. Parmi ceux-ci, Bayt Nattif, impliqué, selon les sources israéliennes, dans la détection et la mort des soldats du convoi des 35[70]. D’autres villages ont été détruits sous le même prétexte[69],[71], dans le cadre d’une politique générale de destruction des villages arabes, partie intégrante du nettoyage ethnique de la Palestine.
Le 5 novembre, la brigade Harel opère un raid au sud de Bayt Nattif, expulsant tout réfugié palestinien qu’elle peut trouver[72]. Dans l’hiver et la première moitié de 1949, l’armée israélienne continue de mener ces raids dans le secteur de Bayt Natiff, afin d’expulser les réfugiés d’autres villages qui campaient au sud du village[9].
Après la guerre israélo-arabe de 1948, les ruines de Bayt Nattif restent sous le contrôle d’Israël, d’après les termes des accords d'armistice israélo-jordaniens de 1949, et Israël annexe les terres du village[73]. Ces accords sont rendus caduques par la guerre de 1967[74],[75]. Netiv HaLamed-Heh (dont le nom fait référence au convoi des 35) est construit sur les terres du village en 1949, suivi d’Aviezer et de Neve Michael en 1958[3].
Après la guerre des Six-Jours en 1967, les exilés de Bayt Natiff vivant à Bethléem, en Cisjordanie désormais occupée, peuvent se rendre en pèlerinage sur les ruines du village, dont quelques murs sont encore debout. Après cela, les bulldozers israéliens rasent les derniers restes des maisons[76].
Le Fonds national juif a planté et entretient la forêt des 35 (יַעֲר הַל"ה, composée de 1100 pins) à Nativ haLamed He. Cette forêt cache les restes de Bayt Natiff[77]. En 1967, l’institut Yad Vashem installe une pierre commémorative dans le même village, en mémoire de Bastiaan Jan Ader (nl), responsable du sauvetage de 200 à 300 juifs durant la Seconde Guerre mondiale. L’un des 35 morts dans les combats était l’époux de l’une des femmes sauvées par Bastiaan Jan Ader[76]. Erik Ader, ancien ambassadeur néerlandais en Norvège, est conservée au mémorial Yad Vashem des Juste parmi les nations pour avoir sauvé 200 juifs de la Shoah, a demandé à ce que le nom de son père soit retiré en signe de protestation contre le nettoyage ethnique des Palestiniens. Le Fonds national juif a exprimé son respect pour les actions des parents d’Ader et a déclaré que le monument a été construit légalement sur des terres appartenant à l’État[78],[79]. Afin de racheter l’association du nom de son père au nettoyage ethnique de 1948, Erik Ader a offert 1100 oliviers au village de Farata près de Naplouse, afin de racheter l’association du nom de son père au crime originel d’Israël. Il choisit ce village en raison des attaques régulières dont il est l’objet de la part des colons israéliens. Après cela, la plaque posée en mémoire de son père a été vandalisée[77].
Voici comment Walid Khalidi décrit ce qui restait de Bayt Natiff en 1991 : « Les tas de ruines ont été dispersés par des bulldozers sur une large zone. Six poutres en acier subsistent au centre des ruines du village, ainsi que les restes de portes d’entrée en arc. Des os dépassent de deux grandes tombes ouvertes au nord-est. À l’est du village, on retrouve des figuiers de Barbarie, des caroubiers et des oliviers[9]. » Les descendants des habitants de Bayt Natiff expulsés en 1948 vivent actuellement principalement aux camps de Dheisheh, Aida et d'Azza, près de Bethléem. Ils sont estimés à 15 316 en 1998[12]. Il subsistait également des oliviers centenaires, des caroubiers, des grenadiers, des amandiers et des terrasses au début des années 2000[76].
« Bethleptepha: Beit Nettif ; village à 20 kilomètres au sud-ouest de Jérusalem, en Judée ; détruit par Vespasien au printemps 68 »