Design industriel

Dans cet article, nous explorerons Design industriel, un sujet qui a retenu l'attention des universitaires, des experts et des amateurs ces dernières années. Design industriel s'est avéré être un sujet complexe et multiforme englobant un large éventail de perspectives et d'approches. De son impact sur la société à sa pertinence dans le domaine scientifique, Design industriel a fait l'objet de débats et de discussions dans divers cercles et disciplines. Tout au long de ces pages, nous approfondirons les différents aspects de Design industriel, explorant ses origines, son évolution et ses implications possibles pour le futur. Nous espérons offrir à nos lecteurs un aperçu complet et enrichissant de ce sujet fascinant.

Braun et le design sobre et épuré de Dieter Rams
Apple, une référence actuelle.
Le design très innovant de la Citroën DS

Le design industriel est l'activité qui consiste à imaginer et créer, visualiser et concevoir un objet ou produit en fonction d'un projet, d'un concept , d'une idée, de son dessin (formes, style), de ses matériaux (couleurs, textures), de ses fonctionnalités (usages), de ses valeurs (appropriation), de son utilisabilité (confort), de son ergonomie (sécurité). Ce qui a pour objectifs d'augmenter son attractivité (apparence), sa pertinence (utilité), son efficience (rendement), sa fiabilité (durabilité), en intégrant et utilisant les arts et les sciences et en considérant ou optimisant des processus d'industrialisation (fabrication, stockage, transport, commercialisation, recyclage, réutilisations de systèmes, procédés ou pièces).

Il en résulte une concordance entre une demande (besoin exprimé ou proposé) et une offre (solution esthétique et technique), un équilibre entre une faisabilité (possibilités / marketing : contraintes / réalisation) et une rentabilité (production et diffusion en nombre : réduction de coûts et augmentation de marges), en relations avec tout ou partie des intervenants au long du projet (marketing, design, études R&D, ingénierie, méthode, industrialisation, production, commercialisation, recyclage), idéalement à leurs bénéfices et jusqu'à la satisfaction des utilisateurs finaux.

Cette démarche méliorative (créative et méthodologique, intuitive et analytique), d'un designer ou d'une équipe (soit à la source de l'élaboration d'un projet, soit orientée par des critères marketing), parfois complétée de brainstormings ou méthodes d'idéation, permet de proposer un objet ou produit associant des qualités esthétiques choisies (perception, sensation), parfois des originalités inattendues ou transposées (évocations stylistiques, l'objet pour lui-même), avec des caractéristiques techniques innovantes (technologiques, précurseurs), parfois des capacités de prospective ou transformation (évolutions d'un marché, modifications périphériques autres) : ces avantages concurrentiels augmentent les valeurs d'estime, d'usage et marchande (face aux offres similaires, alternatives, existantes ou non).

Le concept, le développement et la finalité d'un projet de design industriel prolongent ceux de l'artisanat (relevant de techniques et méthodes de corps de métiers transmises dans le temps, de savoir-faire et exécutions manufacturés de même artisan de pièces uniques ou séries limitées non produites simultanément), et diffèrent de ceux de l'art (relevant d'une sensibilité unique d'auteur, d'œuvres centrées sur son expression ou influencées par leur environnement, avec pour conséquence prévalente la contemplation ou le questionnement).

Selon que l'aspect d'un produit et son attractivité sont en priorité issus du positionnement marketing en amont de la conception (marque, codes, sémiotique, références, mode, tendances) on peut alors parler de l'activité de stylisme industriel (évocations de sens synthétisés, symbolique), tandis qu'en priorité résultants de la rationalisation de la fabrication en aval de la conception (élaborations simultanées de produits ou gammes, contraintes de normes, méthodes ou assemblages, réduction de pièces différentes / similaires, économie de matières et temps) on peut alors parler de l'esthétique industrielle d'un objet (minimalisme de simplifications formelles, pragmatique).

Sans référence à la production en série, le design industriel est nommé design objet ou design produit.

Le design intégré dans le département marketing

Depuis que le taux d'équipement des foyers sature (1981 environ dans les pays occidentaux[réf. nécessaire]), la stratégie de renouvellement est subie dans tous les secteurs pour maintenir l'écoulement de la production. La définition du « besoin » se transforme. Par exemple, nous passons du besoin d'avoir une voiture au besoin de changer de voiture. Ce bouleversement conduit par l'équipe marketing se traduit dans le cahier des charges fournis aux stylistes et ingénieurs.

Le designer devra ainsi faire appel à un registre de formes et couleurs éphémères, un paraitre correspondant à l'identité de l'entreprise, s'inscrivant dans la tendance (supposée par des bureaux de tendances). Les équipes ingénieurs seront contraintes quant à elles de développer des produits à durée de vie limitée[réf. nécessaire], par l'économie de matières ou l'épuisement des systèmes techniques programmés. Cette nécessité peut-être favorisée aussi par la politique (de l'entreprise ou d'État) : réparation des produits d'un coût excessif, pièces de rechange inexistantes, nouvelles normes de sécurité, etc. Renouveler un produit, c'est ce qui consiste donc à rendre obsolète symboliquement ou techniquement les produits précédents et futurs et marginaliser ses usagers.

Pour renouveler un produit, les équipes de projet suivent plusieurs étapes (théoriques et variables selon les entreprises) :

  • Analyse de l'existant : elle permet de mieux comprendre l'enjeu en cours, de voir la qualité des produits existants, d'établir un positionnement. On liste les avantages et les inconvénients de la concurrence.
  • Définition d'une cible : le service marketing définit un client cible (étude de marché). Cette cible est sensible à des codes stylistiques selon son âge, sexe, profession, niveau social, etc.
  • Recherches : les designers commencent leurs recherches de formes, de concepts par des croquis, des roughs, des maquettes de principe dans le but d'aboutir à un ou plusieurs modèles répondant au cahier des charges de départ et respectant les procédés de fabrication.
  • Développement Mise au point d'une série de prototypes par l'équipe d'ingénieurs de développement de produit. À cette étape, la forme est souvent très modifiée par le designer et l'ingénieur pour s'adapter aux contraintes que le styliste ignore.
  • Présentation des propositions sélectionnés devant la direction de l'entreprise pour une validation finale avant le lancement en production.

Le design possédant une éthique autre que celle de l'entreprise, son rôle est aussi d'assurer l'attitude responsable et humaine du produit lors de sa conception, et parfois plus en amont lors de la définition du besoin, de la tendance, qui d'ailleurs se base sur une dimension scientifique, statistique et non empirique. Le designer peut donc intervenir dans d'autres étapes de la production que la recherche et le développement.

En Italie, les entreprises ont très souvent un conseiller artistique intégré. Son avis s'impose avec celui du designer dans l'ensemble des phases de renouvellement d'un produit.

Le design industriel comme « design engineering »

Terme utilisé dans les pays anglo-saxons, signifiant une activité de conception technique. C'est une science du design développée par l'ingénierie dont le but est de déterminer la structure homogène d'un produit pour résoudre l'ensemble des contraintes industrielles qui s'y rattachent. Cette activité consiste à penser un objet technique avec des contraintes de production et économiques très lourdes. Par exemple, un profil d'aile d'avion est « designé » par les contraintes aérodynamiques, c'est-à-dire objectivement.

Le design industriel comme art appliqué à l'industrie

Pouvant intervenir en fin de projet à partir d'un cahier des charges (ou à des étapes clés du processus de concrétisation d'un produit), ce design élabore la forme de tout ou partie d'un objet, par la synthèse du projet en fonction de nombreuses contraintes (économiques, techniques, ergonomiques, fonctionnelles, sémiologiques), dirigé ou suivi par une équipe de design interne à l'entreprise, de dessinateurs industriels, d'une agence externe ou de designers free-lances, en coordination avec des ingénieurs ou autres spécialistes.

Complémentaire du marketing (ou de la R&D), ce design permet une approche qualitative en parallèle, parfois plus stylistique que structurelle (sans toutefois être superficielle ou anecdotique), appliquée aux objets pratiques et appareils usuels de grande consommation (habitat, électronique), de loisirs (sport, outillage) ou spécialisés (équipement professionnel, instrumentation médicale, transports).

Le design industriel comme stratégie innovante

C'est un processus de management, conduit le plus souvent par un designer, qui a pour objectif de faire avancer un projet innovant, son cahier des charges et sa concrétisation (sous une forme tangible ou virtuelle) en s'assurant de maintenir une cohérence entre les diverses compétences et étapes d'avancements. Cette démarche est caractérisée par une recherche d'innovation qualitative et porteuse de sens à l'opposé des innovations strictement techniques, utilitaristes ou mercantiles (gadget).

En France, l'établissement d'enseignement supérieur et de recherche qui fait référence à cet égard est l'École nationale supérieure de création industrielle (ENSCI) "Les Ateliers", Paris.

Ce design est d'autant plus rare :

  • qu'il doit être soutenu par toute l'entreprise (du chef d'entreprise au marketing en passant par les ingénieurs et designers. Apple en est un exemple.
  • qu'il exige un risque (commercial et marketing) puisqu'il recherche de l'innovation et que l'inconnu fait partie de la stratégie.

Dans la voie du low-tech, une innovation n'est pas forcément technique. On peut concevoir des produits très innovants sans une technologie pointue. Le design en ce sens propose une définition plus étendue de l'innovation et du progrès à l'opposé de la conception techniciste. Par exemple, l'iPod shuffle, ou comment proposer un lecteur mp3 sans écran.

L'innovation numérique et la diffusion des technologies de l'information et de la communication (TIC et NTIC) donnent au design une place stratégique au cœur de la nouvelle industrie et des grandes questions sociétales, et valorisent à nouveau la question du « que produire ». Elle ouvre la voie à la création de nouveaux objets, de nouveaux services, de nouveaux usages, de nouvelles représentations.

Le design industriel comme discipline autonome

Cette discipline revendique son autonomie vis-à-vis des beaux-arts et de l'architecture par la théorie et la pratique, et renie le qualificatif d'art appliqué (signifiant un art mineur). Il s'agit d'un design d'auteur ou de recherche ayant fait la synthèse de l'industrialisation, qui utilise les produits industriels comme de la matière première, l'industrie n'étant pas une finalité mais un moyen. C'est la méthode dite « undo-industrial » (« défaire l'industrie »).

« Industriel » signifiant davantage un contexte, on parle aussi de design post-moderne ou post-industriel (voir : Mathieu Lehanneur). Ce design confronte le problème et une solution par des scénarios-fictions avant la production[réf. nécessaire].

Disciplines

Courants et écoles de pensées

Le « Good Design » de Dieter Rams

Ce qui a fait de la marque allemande Braun une référence dans les années 1960, c'est la confiance accordée par les dirigeants à son directeur artistique, Dieter Rams. Le « bon design » ne peut être exécuté que si toute l'entreprise lui donne sa confiance.

Les finalités pour l'entreprise restant la vente, pour le designer, c'est le bénéfice du citoyen. Le designer se doit ainsi de trouver un moyen de satisfaire ces deux objectifs, parfois en grande contradiction. Il doit aussi à la fois être rassurant et audacieux.

Récompense

James Dyson a créé le prix James Dyson Award destiné aux étudiants de niveau universitaire en design industriel, design-produit ou ingénierie de dix-huit pays. Ce concours récompense l'ingéniosité et la créativité. Les lauréats sont nationaux et un lauréat international est désigné chaque année

Droits de dessin industriel

Les droits de dessin industriel sont des droits de propriété intellectuelle qui rendent exclusive la conception visuelle d'objets qui ne sont pas purement utilitaires. Un brevet de conception serait également considéré comment faisant partie de cette catégorie. Un dessin ou modèle industriel consiste en la création d'une forme, d'une configuration ou d'une composition de motifs ou de couleurs, ou d'une combinaison de motifs et de couleurs sous une forme tridimensionnelle contenant une valeur esthétique. Un dessin ou modèle industriel peut être un motif bidimensionnel ou tridimensionnel utilisé pour fabriquer un produit, un bien industriel ou un artisanat.

En vertu de l'Arrangement de La Haye concernant le dépôt international des dessins industriels, un traité administré par l'OMPI, une procédure d'enregistrement international existe. Un déposant peut déposer un dépôt international unique auprès de l'OMPI ou auprès de l'office national d'un pays partie au traité. Le design sera alors protégé dans autant de pays membres du traité que souhaité. En 2023, le système de La Haye concernant l’enregistrement international des dessins et modèles industriels permet de faire enregistrer jusqu’à 100 dessins et modèles dans 96 pays, moyennant le dépôt d’une seule demande internationale.

Notes et références

Voir aussi

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Il existe une catégorie consacrée à ce sujet : Design industriel.

Bibliographie

  • D. Schulmann, Le design industriel (« Que sais-je ? », n° 2623), Paris, PUF.

Articles connexes