Dans cet article, nous plongerons dans le monde fascinant de Lubiya. De ses origines à sa pertinence dans la société actuelle, nous explorerons tous les aspects liés à Lubiya et son impact dans différents domaines. A travers une visite détaillée, nous découvrirons les multiples facettes qui font de Lubiya un sujet d'intérêt universel. Nous analyserons son évolution dans le temps, son influence sur la culture populaire, sa pertinence dans le domaine académique et ses implications dans le contexte contemporain. Préparez-vous à vous plonger dans un voyage enrichissant qui vous permettra de comprendre en profondeur l'importance et la signification de Lubiya dans notre société.
| Pays | |
|---|---|
| District |
District de Galilée (d) |
| Sous-district | |
| Superficie |
39,63 km2 |
| Coordonnées |
| Population |
2 350 hab. () |
|---|---|
| Densité |
59,3 hab./km2 () |
| Événements clés |
|---|
Lubya, Lubiya ou Lubia (لوبيا, soit haricot), parfois Lubieh et Loubieh, est un village arabe palestinien qui était situé à dix kilomètres à l’ouest de Tibériade. L’armée israélienne s’en est emparé, a procédé à un nettoyage ethnique de la population, puis l’a détruit pendant la guerre israélo-arabe de 1948. Ses habitants ont été expulsés et sont devenus des réfugiés. Les villages voisins sont Nimrin au nord, Hattin au nord-ouest et al-Shajara au sud, ainsi que la ville de Tibériade à l’est, qui ont tous subi un nettoyage ethnique[3],[4]. La colonie sioniste de Sejera était également contigue de Lubiya.
Lubiya relevait du sous-district de Tibériade, dont elle se trouvait à 10 kilomètres à l’ouest, et à 300 mètres d’altitude (soit à plus de 500 mètres au-dessus du niveau du lac de Tibériade tout proche). Le village était construit au sommet d’une colline rocheuse, sommet aplani et de forme rectangulaire. Il était traversé par une route secondaire qui le reliait à la route principale vers Tibériade et Nazareth[5].
La superficie totale des terres de Lubiya était de 39 629 dounams (39,6 km²)[6]. Sur cette superficie, 32 895 dounams (3289 hectares) appartenaient à des Arabes, 1051 dounams (105 hectares) à des Juifs et 5683 dounams (568 hectares) étaient des terres publiques[5]. De plus, 5664 dounams (566 hectares) étaient classés comme terres incultes. Sur les 33 965 dounams (3396 hectares) de terres cultivables[5], 1655 dounams (165 hectares) étaient classés comme plantations et terres irrigables, 32 310 dounams (3231 hectares) étaient consacrés aux céréales[7]. Les oliveraies occupaient 1500 dounams (150 ha)[6],[7],[8].
Des fouilles archéologiques ont révélé des vestiges datant de l’Empire romain, du IIe siècle au Ve siècle[9],[10].
Lubiya est proche du site de Khan Lubya dont les ruines comprennent un bassin, des citernes et de grands bâtiments de pierre. Ce site était probablement un caravansérail à l’époque médiévale[11],[12].
Les croisés appellent le village Lubia ; l’armée de Saladin y fait une étape avant la bataille de Hattin[13],[14], qui s’est en partie déroulée sur le territoire de Lubia : un champ en conservait le souvenir, nommé Damia (le sang, en arabe)[15].
L’important savant du XVe siècle Abou Bakr al-Lubyani y est né ; il a enseigné la théologie musulmane à Damas[11].
La Palestine est conquise par les armées de Sélim Ier en 1517, grâce à leur victoire sur les armées mameloukes à la bataille de Marj Dabiq, et annexée à l'Empire ottoman.
D’après le defter (registre fiscal) ottoman de 1596, Lubiya relevait de la nahié de Tibériade. Ce document recense 182 foyers et 32 célibataires, soit environ 1177 habitants, tous musulmans. Le village payait des impôts sur les chèvres, les ruches, le pressoir à huile, mais l’essentiel de l’impôt (45 000 Akçe) étaient un montant fixe. Le total des impôts payés était de 46 700 akçe[16],[17],[18].
En 1743, le gouverneur ottoman de Damas, Soulayman Pacha al-Azm (en) meurt à Lubiya alors qu’il allait affronter les rebelles de Dahir al-Umar[11]. La carte de Pierre Jacotin, qui accompagne l’expédition d’Égypte de Bonaparte en 1799, représente le village sous le nom de Loubia[19]. L’armée ottomane envoyée repousser l’attaque française occupe Lubiya, mais est battue à proximité à la bataille du Mont-Thabor[15]. Khalil Ibrahim Azzam, né à Lubiya, commandait l’artillerie de Saint-Jean-d'Acre lors du siège de 1799 où les Français échouèrent à s’emparer de la ville[15].
Vers 1800, la population du village est descendue à environ 400 à 700 habitants.
Au début du XIXe siècle James Silk Buckingham (en) décrit Lubiya comme un très grand village sur le sommet d’une grande colline[20]. Jean Louis Burckhardt, un voyageur suisse, appelle le village "Louby" et note que les artichauts sauvages couvrent la plaine[21],[22]. Le bibliste américain Edward Robinson, qui traverse le village en 1838, note qu’il a grandement souffert du tremblement de terre de Galilée de 1837 (en), qui fait 143 morts à Lubiya[23],[24].
Mark Twain mentionne Lubiya dans son récit de voyage de 1869, Le Voyage des innocents : « Nous trottions tranquillement sur la route des grandes caravanes de Damas à Jérusalem et l’Égypte, passant par Lubia et d’autres hameaux syriens, perchés, tous du même style, sur le sommet de collines abruptes, et clôturés par des barrières de cactus géants[25]. »
En 1875, Victor Guérin visite le village, qu’il appelle Loubieh, et estime sa population à 700 habitants. La colline est creusée de tombeaux, de citernes et de carrières de pierre[26]. Il note une construction à l’est du village, en pierre taillées qu’il juge probablement récupérées d’une église chrétienne[26].
À la fin du siècle, l’enquête du Palestine Exploration Fund décrit les maisons du village, construites en pierre, sur le sommet d’une grande colline calcaire. Sa population est estimée en 400 et 700 habitants. Les oliviers et les figuiers étaient cultivés[27]. En 1886, l’effendi Abdel-Ghani Beidoun, propriétaire de terres à Lubya, vend des parcelles à des Juifs, sans demander leur avis aux habitants du village[28]..
Une liste de population de 1887 recense 2730 habitants à Lubieh, tous musulmans[29].
Une école primaire est créée en 1895 et reste en usage jusqu’en 1947[5].


De 1915 à 1918, les combats de la campagne du Sinaï et de la Palestine permettent au Royaume-Uni de faire la conquête de la Palestine. La région de Lubiya est conquise en 1918 et la Palestine est administrée comme territoire conquis jusqu'en 1923 puis sous l'autorité d'un mandat de la Société des Nations. Au recensement de la Palestine mandataire de 1922 conduit par les autorités britanniques, Lubiya a une population de 1712 habitants, dont 1705 musulmans, 4 chrétiens et 3 druzes[30], augmentant au recensement de 1931 à 1850 habitants, dont 1849 musulmans et un chrétiens, tous arabes, dans 405 maisons[31]. À cette période, Lubiya est le deuxième plus grand village du sous-district de Tibériade[17].
Les terres fertiles de Lubia produisaient un blé d’une qualité renommée[5].
Selon les statistiques de Village de 1945, Lubiya avait une population de 2350 habitants, tous musulmans[32],[6],[33].

Au début de la première guerre israélo-arabe, Lubiya est défendue par une milice de volontaires locaux. Cette petite troupe affronte constamment les milices juives (bientôt réunies dans l’armée israélienne). Le premier raid sioniste a lieu le 20 janvier 1948, simultanément avec un autre raid sur le village proche de Touran ; ce raid fait un mort à Lubya. Le 24 février, la milice locale renforcée de volontaires de l’Armée de libération arabe (ALA) montent une embuscade contre un convoi juif, causant plusieurs morts et blessés de part et d’autre, dont trois miliciens de Lubiya (un mort et deux blessés)[22],[5]. Cette attaque souligne l’incapacité à ce moment de la guerre des organisations sionistes à circuler sur les routes de Galilée[34].
Pour rétablir leurs communications, les milices sionistes attaquent Lubiya début mars. À l’aube, ils parviennent jusqu’aux premières maisons à l’ouest du village : la milice de volontaires du village les repousse, perdant six hommes et en tuant sept chez les assaillants[11],[22]. Le 11 mars, une autre attaque a lieu, précédée d’un bombardement au mortier, qui est également repoussée[5].
Après la chute de Tibériade, les habitants de Lubiya demandent de l’aide à l’ALA de Nazareth[11],[22].
Début juin, le 4e bataillon de la brigade Golani reçoit l’ordre de prendre Lubiya et d’expulser ses habitants. Néanmoins, la résistance des villageois fait échouer cette tentative d’expulsion[35] : l’unité d’infanterie israélienne qui avait pris position au sud du village se retire au soir du 11 juin[5].
L’ALA attaque la ville juive de Sejera le 10 juin, pendant la négociation de la trêve entre la milice de Lubiya et l’armée israélienne. La milice de Lubya participe à cette attaque, avant de se replier pour protéger son village. Après la fin de la première trêve de la guerre, le 16 juillet, l’opération Dekel est lancée par l’armée israélienne, qui s’empare de Nazareth[11],[22],[5].
À la nouvelle de la chute de Nazareth, le 16 juillet, la majorité des non-combattants du village, terrifiés, prend la fuite vers le Liban ou vers d’autres villes arabes de Galilée comme Eilaboun ou Nimrin. L’ALA se retire aussi, laissant les volontaires du village seuls face à l’armée israélienne, avec quelques personnes âgées. Lorsqu’une unité blindée israélienne se présente devant le village, la milice villageoise abandonne Lubiya. D’après les quelques habitants restés sur place, le village est bombardé, quelques maisons détruites et la plupart des autres sont réquisitionnées[11],[22],[5]. Quelques anciens du village se réfugient dans une grotte proche, avant de pouvoir prendre la fuite. Le destin de plusieurs anciens qui ne les ont pas suivi est inconnu[5]. Le village est démoli dans les années 1960[36].
Une ville israélienne est construite sur les terres de Lubiya, au nord-est du site du village[17] dès 1949. Très vite, son nom est hébraïsé ou désarabisé pour devenir Lavi (Israël) (en) (février 1949)[28]. Deux parcs naturels ont aussi été construits sur les terres du village : la forêt de pins de Lavi et le parc Sud-Africain. Ils sont utilisés comme terrain d’excursion par les locaux, y compris d’anciens habitants arabes de Lubiya qui ont le statut orwellien de présents absents et qui vivent dans des villages arabes palestiniens d’Israël[22], principalement à Kafr Cana[37]. Si quelques Palestiniens vendent leurs terres aux organismes officiels israéliens (Autorité foncière israélienne ou ILA d’après son acronyme anglophone, Fonds national juif, Autorité de développement), 240 des 250 propriétaires ont été spoliés de leurs biens par l’application de la loi sur la propriété des absents. Au regard du droit international, le droit de propriété des réfugiés de Lubiya est toujours valable et n’est pas annulé par les actes officiels israéliens[28].
De nombreux réfugiés de Lubiya ont trouvé refuge dans d’anciens baraquements de l’armée française, à Wavel : leur nombre est estimé à 16 741 en 1998[3]. D’autres se sont réfugiés ailleurs au Liban, en Jordanie et en Syrie[38]. Après le départ de l’organisation de libération de la Palestine (OLP) du Liban, en 1983, et le massacre de Sabra et Shatila, de nombreux réfugiés de Lubiya ont émigré en Europe. En 2003, environ 2000 vivaient au Danemark, en Suède et en Allemagne[38]. D’autres vivent au camp d’Ain al-Hilweh au Liban, à celui de Yarmouk en Syrie, au camp de Baqa'a en Jordanie : les clubs et les comités qu’ils créent dans chacun de ces lieux maintiennent leur identité de Lubiyans, puis l’identité nationale palestinienne s’impose à partir des années 1960 avec le soutien à l’OLP ; l’identité patriarcale recule aussi. À partir des années 1980, l’identité religieuse prend le dessus[39]
En 1992, Walid Khalidi décrit ainsi ce qui subsiste du village : « La forêt de pins de Lavi a été plantée par le Fonds national juif, la structure de l’organisation sioniste mondiale chargée de l’acquisition des terres et du développement, du côté ouest du site, et une autre toute proche a été plantée sous le nom de République Sud-Africaine. Les débris des maisons sont ensevelis sous ces forêts. Des puits dispersés, qui servaient à collecter l’eau de pluie, continuent de marquer le site. Des grenadiers, des figuiers et des cactus poussent sur le site. Une forêt et un musée ont été établi sur le site en l’honneur de la brigade Golani. La petite route qui permettait de rejoindre du village la route Nazareth-Tibériade est toujours reconnaissable »[5].
La destruction du village et la plantation d’une forêt sur son emplacement sont une méthode pour oblitérer l’existence passée du village de Lubiya[28]. La plantation de la forêt d'Afrique du Sud a été financée par des donateurs Sud-Africains et Rhodésiens au moment de l’apartheid[28].
Dans les années 1990, deux livres sont publiés sur Lubiya, l’un par Ibrahim Yahya Al-Shahabi et l’université de Birzeit[40] et un autre au Danemark, en 1995, par Mahmoud Issa[41].
La télévision danoise a aussi réalisé un documentaire sur le village, Den Fædrene Land (La Terre de nos ancêtres) en 1995[42].