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| Pays | |
|---|---|
| Superficie |
17,83 km2 |
| Altitude |
225 m |
| Coordonnées |
| Population |
14 774 hab. () |
|---|---|
| Densité |
828,6 hab./km2 () |
Majd al-Kroum (مَجْدُ الْكُرُوم; מג'ד אל-כרום) est une ville arabe d'Israël, situé en Galilée, région du Nord d'Israël, à 16 kilomètres à l'est d'Acre. Ses habitants sont majoritairement musulmans. En 2023, elle avait une population de 15 144 habitants.
Le village était appelé Majd al-Allah, « gloire d'Allah »[1]. Son nom change pour Majd al-Kroum, « Glorieuses vignes », quand il commence à être réputé pour son vin[1],[2]. Une autre traduction est proposée[3]. Depuis des générations, des cuves creusées dans le roc servent à presser le raisin et à la fabrication du vin.
Majd al-Krum a été identifié avec Beit HaKerem, une ville juive antique mentionnée dans la Mishnah, de même sens[4],[5].

Majd al-Kroum est un site anciennement occupé au cœur de la Galilée, situé au nord-ouest de la vallée de Beit HaKerem, dite al-Shaghur en arabe, devant le Djebel Mahüz[6],[7]. C'est la plus grande ville arabe de la vallée. Elle tire son importance de sa position dans la vallée, qui est la route la plus courte et la plus aisée entre Acre et la côte à l'ouest et le centre de la Galilée, Safed et Damas à l'est, et de ses sources abondantes[8].
En 1948, sa superficie était de 17 828 dounams (17,8 km2), dont 2 214 dounams de terres publiques[9] et 1710 dounams d'oliveraies[10]. Hors ces terres publiques, toute la propriété appartenait à des Arabes[10]. En 2007, sa superficie était réduite à 9 000 dounams (9 km2)[11].
Quelques vestiges antiques ont été exhumés à Majd al-Kroum, dont des citernes creusées dans le roc[6]. Dans le centre de la ville, un puits antique, une source, une tombe d'époque romaine et des ruines datant des Croisés ont été retrouvées[12].
À l'époque des Croisades, Majd al-Kroum était appelée Mergelcolon. Elle faisait partie de l'héritage d'Étiennette de Milly[13], qui était la grand-mère maternelle de Jean l'Aleman, qui fit don de Beit Jann (en), Sajur (en), Nahf (en) et Majd al-Krum aux chevaliers Teutoniques en 1249[14].
Avec la conquête de la Palestine par Selim Ier lors de la guerre ottomano-mamelouke en 1517, Majd al-Kroum est annexé à l'empire ottoman. Un document de 1573 évoqué l'alliance entre les hommes de Majd al-Kroum et des villages voisins avec la famille Shihab et Mansur ibn Furaykh (en) de la vallée de la Beqaa pour mener des raids qui firent de 50 à 60 morts[15].
Majd al-Kroum figure dans un registre fiscal ottoman de 1596, où elle relève de lanahié d'Acre et du sandjak de Safed. Il recense 85 foyers et cinq célibataires, tous musulmans. Les villageois payaient un impôt à taux fixe de 25 % sur leurs productions agricoles, dont le blé, l'orge, les chèvres, les olives, les fruits, le coton et les produits des ruches, pour un total de 16 560 akçe[16],[17].
Pendant le règne de Dahir al-Umar (vers 1730–1775), de la famille al-Zaydani (en), sur la Galilée, Majd al-Kroum était un village fortifié, avec plusieurs tours renforçant sa muraille. La ville était défendue par ses habitants[18], alliés de la famille Zaydani [19]. Selon la tradition orale, la vieille mosquée et les maisons qui l'entourent datent de cette époque[19]. En 1775, Dahir est décapité par une armée ottomane, le sultan le trouvant trop indépendant. Son remplaçant, Djezzar Pacha, poursuit les fils de Dahir, réfugiés dans leurs forteresses de Galilée. Les habitants de Majd al-Kroum soutenaient Ali, un des fils de Dahir[19]. Celui-ci utilisa Majd al-Kroum et Abou Sinan (en) comme ses forteresses principales et pour lancer des raids contre Acre, poussant Djazzar à rassembler ses troupes à Amqa, au nord d'Acre. Ali rassembla les combattants de Majd al-Kroum, Abou Sinan et Deir Hanna, et assiégea le camp de Djezzar. Des renforts sortis d'Acre dispersèrent Ali et ses hommes et les battirent à Abou Sinan. Djezzar mena lui-même l'assaut sur Majd al-Kroum[18]. Selon Adel Manna, la bataille eut lieu sur la plaine devant la ville, et Djezzar fut victorieux[19]. Après s'être emparé de Majd al-Kroum, Djezzar exécuta ses défenseurs et envoya leurs têtes à la capitale impériale, Istanbul comme preuve de sa victoire. Il fit de même avec Ali, qui avait déplacé sa base près de Rameh[18].
Lors de la campagne de Bonaparte en Égypte et en Syrie, Pierre Jacotin réalisa une carte de la région montrant Majd al-Kroum, nommé El Megd El Kouroum[20]. En 1838, Majd al-Kroum est décrit comme un village musulman du sous-district de Shaghur, entre Safed, Acre et Tibériade[21]. En 1875, Victor Guérin décrit Majd al-Kroum, divisé en trois quartiers, chacun disposant d'un cheikh. Il estime la population à 800 musulmans[22]. En 1881, l'enquête du Palestine Exploration Fund décrit les maisons de pierre, les oliveraies qui l'entourent et estime sa population à 600–800 habitants[23]. Un recensement de 1887 comptabilise 1075 habitants, tous musulmans[24].



De 1915 à 1918, les combats de la campagne du Sinaï et de la Palestine permettent au Royaume-Uni de faire la conquête de la Palestine. La région de Marj el-Kroum est conquise à l'automne 1918 et la Palestine est administrée comme territoire conquis jusqu'en 1923 puis sous l'autorité d'un mandat de la Société des Nations.
Au recensement de la Palestine mandataire de 1922 conduit par les autorités britanniques, Majd al-Kroum a une population de 889 habitants, dont 885 sunnites, trois chiites et un chrétien[25]. Au recensement de 1931, Majd al-Kroum a 226 maisons habitées, et une population de 1006 musulmans[26].
Majd al-Kroum est un des premiers villages de Galilée à participer à la grande révolte arabe, de 1936 à 1939, dirigée contre la colonisation britannique et la colonisation juive croissante. Un de ses habitants, Abou Faris, revendique avoir été le premier à avoir pris les armes en Galilée et le premier à avoir eu sa maison démolie en représailles par les Britanniques. Abou Faris est commandant en second de la révolte en Galilée jusqu'en 1938, lorsqu'il refuse d'assassiner un Arabe partisan du plan de la commission Peel, prévoyant le partage de la Palestine entre un État arabe et un État juif. Abou Faris s'est ensuite exilé au Liban après que Amin al-Husseini, un des principaux leaders politiques de la révolte, ait ordonné son assassinat[27].
Dans les statistiques de Village de 1945, Majd al-Kroum est habité par 1 400 personnes, toutes musulmanes[28].

Selon Ilan Pappé, les forces de défense israéliennes (FDI) s'emparent du village début juillet, profitant de la première trêve lors de la première guerre israélo-arabe pour expulser le maximum de villages arabes, dans le cadre du plan Daleth qui organisait le nettoyage ethnique de la Palestine. Les soldats israéliens commencent immédiatement à expulser la population, quand une dispute éclate entre les officiers du renseignement attachés aux unités chargées des expulsions. Finalement, la moitié des habitants est autorisée a rester[1]. Selon un autre récit, les FDI s'emparent de Majd al-Kroum en octobre, au cours de l'opération Hiram. Une unité de l'Armée de libération arabe (ALA), présente au village, se retire à l'approche des Israéliens. Alors qu'il partait, le commandant iraquien de l'ALA rassembla les habitants autour du puits du village et leur suggéra de ne pas prendre la fuite, mais plutôt d'attendre et de faire leur reddition aux officiers israéliens qu'ils connaissaient. En conséquence, un groupe d'habitants de Majd al-Kroum contacta Haim Auerbach, un officier de renseignement israélien basé près de Nahariya (qu'un groupe de villageois venait de défendre d'une attaque près d'Acre). Auerbach pris des dispositions pour la reddition de Majd al-Kroum et promis que personne ne serait blessé[29].
Cependant, le 6 novembre, une unité des FDI, ignorant la reddition du village, entra à Majd al-Kroum et se heurta a l'autre unité israélienne déjà au village. Les deux côtés réalisèrent leur méprise après un bref échange de coups de feu, et la première unité fut remplacée par l'arrivante. Cette nouvelle unité ordonna aux habitants de livrer leurs armes dans la demi-heure, bien que les villageois aient déjà livré leurs armes la semaine précédente. Avant que le temps imparti ne soit écoulé, l'officier israélien ordonna la démolition d'une maison puis rassembla cinq habitants, leur banda les yeux et les abattit. Il fit rassembler cinq nouvelles personnes pour qu'elles soient exécutées mais fut interrompu par un informateur arabe de Damun, Shafiq Buqa'i. Buqa'i demanda la libération des villageois en expliquant l'accord passé entre Majd al-Kroum et Auerbach[29]. Selon d'autres sources, ce sont 9 ou 12 personnes qui furent exécutés au hasard[30].
Le village de Sha'ab (en) a été expulsé. La plus grande partie de ses habitants se réfugia à Majd al-Kroum, certains de manière permanente[31]. Parmi les réfugiés qui fuirent Majd al-Kroum, de nombreux, s'installèrent au camp de réfugiés de Shatila au Liban[32]. Ce camp avait été créé par un ancien combattant du village, Abed Bishr, sur un terrain loué à l'extérieur de Beyrouth. Selon l'historienne Julie Peteet, le rôle de Majd al-Kroum et de ses réfugiés « a été fondateur dans la création du camp »[33]. Selon Yiftachel, Majd al-Kroum connut d'importants bouleversements pendant la guerre de 1948, avec la moitié de ses habitants réfugiés au Liban et l'accueil de 300 personnes des villages voisins[7], dont Sha'ab, Damun et Birwa[34].
Les autorités israéliennes mènent une politique d'« étranglement » du village, suscitant une résistance structurée, nationaliste et communiste, au sein de la population. En représailles, l'État israélien a détruit de nombreuses maisons ; les décombres sont conservés en mémoire des luttes par les habitants[1]. Avant la guerre de 1948, le territoire de Majd al-Kroum s'étendait sur 20 065 dounams (2006 hectares) ; 69 % de cette surface a été expropriée par Israël entre 1948 et le milieu des années 1970[35]. La majorité de ces expropriations s'est faite sur la base de la loi sur la propriété des absents permettant de confisquer les biens des Arabes ayant fui pendant la guerre. Le reste a été exproprié pour « usage public » ou par défaut d'un titre de propriété formel (surtout sur les terres publiques de l'empire ottoman)[35].
C'est à l'autorité foncière d'Israël (AFI) que revint l'administration de ces terres. Ne pouvant vendre ces terres d'après une loi de 1960 qui interdit la cession des terres de l'État, l'AFI commença un processus d'échange de parcelles avec les habitants de Majd al-Kroum encore sur place[36]. De nombreux habitants de Majd al-Kroum échangèrent donc les terrains agricoles leur appartenant contre des parcelles constructibles au sein du village, parcelles qui avaient été expropriées, au lieu de les acheter[36]. Le taux habituel d'échange était de cinq dounams de terrain agricole pour un dounam de terrain constructible. En outre, l'AFI conservait de 10 à 25% de part de propriété sur la parcelle résidentielle[36]. Bien que cette part minoritaire de l'AFI ne soit pas mentionnée explicitement dans les enquêtes, elle garantit le contrôle de l'AFI sur le droit des habitants à construire sur leurs nouvelles parcelles[36]. Ce processus d'échange de terres a été particulièrement actif de 1965 à 1980 : 15 860 dounams ont été transférés à l'AFI contre 3010 dounams transférés aux habitants de Majd al-Kroum[37].
En 1964, environ 5 100 dounams (510 hectares) sont expropriés pour la construction de la ville juive de Karmiel, a 6 kilomètres de Majd al-Kroum. Karmiel est créée dans le but déclaré de judaïser la Galilée par le premier ministre Levi Eshkol[38]. En 1969, sa population est de 3690 habitants[11]. La conception d'un plan directeur commence en 1966 pour s'achever en 1978. Cependant, il n'est pas approuvé par les autorités israéliennes. Alors que la population est passée de 4000 à 6700 habitants de 1966 à 1990, aucun terrain n'a été prévu pour permettre à Majd al-Kroum de faire face à la croissance de sa population[39]. À partir des années 1970, l'Agence juive lança la construction de six villages juifs, appelés mitzpim (postes d'observation), entre les villages arabes de Galilée pour surveiller les activités de construction des Arabes[38]. Quatre de ces six villages entourent Majd al-Kroum : Lavon (en), Tuval (en), Gilon (en) et Tzurit (en)[38].
En 1976, plusieurs centaines d'habitants de Majd al-Kroum prennent part à la journée de la Terre, protestant contre de nouvelles expropriations de terres arabes par Israël, un projet prévoyant le transfert de 2100 dounams de Majd al-Kroum pour l'agrandissement de Karmiel[40]. Six manifestants arabes des villes voisines ont été tués. Depuis, les processus d'expropriation massives ont virtuellement cessé[40].
En 1977, de grandes manifestations ont lieu à Majd al-Kroum et dans les villages voisins contre la demolition d'une maison de Majd al-Kroum, construite près de la route Safed-Acre. La police a tué une personne et en a blessé plusieurs autres. Cela a poussé le maire, Muhammad Manna, à quitter le parti travailliste israélien pour Hadash. Manna a été réélu en 1986[41]. Taoufik Ziyad, membre de la Knesset, déclara « Aussi longtemps qu'il y aura des pierres en Galilée, nous les jetterons sur ceux qui essaient de détruire nos maisons »[42]. Ce cycle de mobilisation-répression a conduit à renforcer l'opposition des Arabes israéliens aux politiques israéliennes[41].
En 2002, la population est passée à 11 400 habitants[11]. Pendant la guerre du Liban de 2006, plus de 40 missiles Katiouchas ont touché les environs de Shaghur, Karmiel étant apparemment la cible. Deux hommes de Majd al-Kroum ont été tués par un de ces missiles[43].
En 2019, une manifestation rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes pour protester contre la criminalité qui touche fortement la communauté des Arabes d'Israël[44].
En 2024, une manifestation rassemblé plusieurs milliers de personnes contre la guerre de Gaza[45]. Au cours de la guerre entre Israël et le Hezbollah (2024), Majd al-Kroum est touchée par un tir de fusée du Hezbollah, le 25 octobre 2024, tuant deux habitants[46]. Le Hezbollah a déclaré qu'il visait Karmiel[47].
Majd al-Krum est érigé en conseil local en 1963[7]. Ses membres sont élus. Le conseil est responsable des services de base, la planification locale relevant du comité local de planification de Galilée centrale nommé par le gouvernement central[48]. En 2003 Majd al-Kroum fusionne avec les conseils locaux de Deir al-Asad et Bi'ina (en) pour créer la ville de Shaghur[49]. Shaghur est dissoute en 2009[50].
L'économie de Majd al-Kroum repose sur l'agriculture dont notamment les oliveraies, les carrières de pierre et de marbre, et quelques petites usines, notamment agroalimentaires[11]. Moona, une ONG tournée vers l'intégration des Arabes dans les industries de haute-technologie, a son siège a Majd al-Kroum[51].
Les chemins de fer israéliens ont envisagé la construction d'une gare supplémentaire sur la ligne Acre-Karmiel[52].