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Mujeidil

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Mujeidil
Photographie aérienne de Mujeidel en 1947, archives du Palmach.
Géographie
Pays
Sous-district
Superficie
18,84 km2Voir et modifier les données sur Wikidata
Altitude
230 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Coordonnées
Carte de Mujeidil dans les années 1870.
Démographie
Population
1 900 hab. ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Densité
100,8 hab./km2 ()
Histoire
Événements clés
Dissolution
Carte

Mujeidil ou Al-Mujaydil (المْجيدل est un village arabe palestinien situé à 6 km au sud-ouest de Nazareth. Mujeidil est l’une des rares villes à avoir obtenu le statut complet de conseil local avant la fin de la période du mandat britannique. Sa population était arabe, majoritairement musulmane avec une forte minorité chrétienne qui disposaient de leur église. Comme des centaines d’autres villages palestiniens, il a subi un nettoyage ethnique : sa population a été totalement expulsée et le village a été rasé, avant qu’une colonie ne le remplace.

Géographie

Le nom du village fait référence à une petite tour de guet[2].

Mujeidil est situé en Galilée, dans le nord de la Palestine, à 230 mètres d’altitude, dans le sous-district de Nazareth, à 6 kilomètres au sud-ouest du chef-lieu Nazareth[3]. Situé sur le bord nord d’un plateau, il était traversé par la route Nazareth-Haïfa. Il était entouré par les villages arabes de Ma'alul (au nord), et Yafa à l’ouest ; et par les villages juifs de Kfar-Hahoresh (au nord), Mizra (en), Sarid et Gevat[3]. Les maisons étaient regroupées, et construites en pierres et terre, en pierres et ciment ou en béton[3]. Les deux moulins à grain et à olives, le conseil local et la mosquée étaient situées le long de la route principale.

La superficie totale du village était de 18 836 dounams[4]. La propriété des terres était répartie entre 186 dounams (19 hectares) de terres publiques, 485 dounams (48 hectares) de terres appartenant à des Juifs et 18 165 dounams (1816 hectares) de terres appartenant à des Arabes[3]. Sur ces terres, 1643 dounams (164 hectares) étaient considérés comme inculte ; 1719 dounams (172 hectares) étaient classés comme plantations et terres irrigables et 15 474 dounams étaient consacrés aux céréales[5]. Plusieurs sources alimentaient le territoire en eau[3].

L’économie reposait essentiellement sur l’agriculture, et notamment la production des céréales. Le village était aussi le deuxième producteur d’olive du sous-district. Il disposait de deux pressoirs mécaniques pour la production d’huile d’olives[3].

Histoire

Des traces d’une voie romaine ont été trouvées à proximité du village, ce qui peut indiquer que la région était ouverte à une colonisation intensive dès l’époque romaine[6].

Empire ottoman

La Palestine est conquise par les armées de Sélim Ier en 1517, grâce à leur victoire sur les armées mameloukes à la bataille de Marj Dabiq, et annexée à l'Empire ottoman.

Dans le defter (registre fiscal) de 1596, il est indiqué que Mujeidil relevait de la nahié (sous-district) de Tabariyya et du sandjak de Safad ; il recense 4 foyers musulmans. Ces villageois payaient un impôt à taux fixe de 25% sur leurs productions agricoles, dont le blé, l’orge, les arbres fruitiers, les chèvres et les ruches, pour un total de 3295 akçe. La moitié de cet impôt allait à un waqf (fondation pieuse)[7],[8]. En 1799, le village est appelé Magidel dans la carte de Pierre Jacotin[9].

Au XVIIIe siècle, un moulin à farine est construit à Mujeidil. Il est fréquenté par les villages des environs et assure la prospérité du village pour plusieurs siècles. Quand une implantation sioniste s’installe à proximité (kibboutz de Nahalal), elle aussi utilise ce moulin[10].

C.R. Conder, du Palestine Exploration Fund, campe sur place dans les années 1870, et décrit le village comme recevant la visite des missionnaires[11]. Le village est alors prospère, et les maisons sont construites en pierre et en pisé. Des oliveraies poussent au sud et à l’est. Il estime la population à 800 habitants (en 1859)[12].

En 1882, le grand-duc Serge Alexandrovitch de Russie, frère du tsar Alexandre III de Russie, visite le village et donne la somme nécessaire pour la construction d’une église orthodoxe russe, dans l’espoir que les chrétiens du village se convertiront à la foi orthodoxe[13]. Cependant, le patriarche orthodoxe de Jérusalem Nicodème ouvre l’église à toutes les confessions chrétiennes du village et s’assure qu’elle serve principalement d’école du village[14], l’éducation lui tenant à cœur[10].

Une liste de population de 1887 recense environ 1000 habitants à el Mujeidel, principalement musulmans[15].

En 1903, une église catholique romain est construite à Mujeidil. Elle héberge au premier étage une école pour filles et garçons qui dispense des cours en arabe, en français et en italien. Une clinique y est aussi ouverte au bénéfice des habitants du village[14]. Il y avait aussi un monastère au village[3].

Période du mandat britannique

Carte de Mujeidil au 1:20 000 ((années 1940).

De 1915 à 1918, les combats de la campagne du Sinaï et de la Palestine permettent au Royaume-Uni de faire la conquête de la Palestine. La région de Mujeidil est conquise en 1918 et la Palestine est administrée comme territoire conquis jusqu'en 1923 puis sous l'autorité d'un mandat de la Société des Nations. Au recensement de la Palestine mandataire de 1922 conduit par les autorités britanniques, Mujaidel a 1009 habitants, dont 817 musulmans et 192 chrétiens[16], dont 150 chrétiens orthodoxes, 33 catholiques romains, 2 melchites et 7 Anglicans[17].

En 1925, la communauté des habitants décide de moderniser son système politique : le moukhtar, représentant traditionnel du village auprès des autorités, est abandonné, au profit d’un système de conseil municipal. Celui-ci, une fois élu, commence par installer un système d’éclairage des rues[10].

En 1930, la mosquée al-Huda est construite : elle fait 12 mètres de haut et 8 mètres de large. Un mekteb (école primaire musulmane) se trouvait à proximité. La mosquée est célèbre par le système de récupération des eaux de pluie du toit vers un puits. Un grand minaret est ajouté dans les années 1940[13]. Outre les deux écoles chrétiennes et cette école musulmane, une école publique fonctionnait : sa cour de récréation disposait d’arbres de grande taille qui assuraient un ombrage et d’un puits[10].

Au recensement de 1931, la population a augmenté à 1241 habitants, dont 1044 musulmans et 197 chrétiens, dans 293 houses[18].

Dans les statistiques de Village de 1945, la population de Mujeidil augmente à 1900 habitants, dont 1640 musulmans et 260 chrétiens[19],[4].

Guerre de 1948 et nettoyage ethnique

Mujeidil est occupé par la brigade Golani de la Haganah, pendant la deuxième phase de l’opération Dekel, le 15 juillet 1948, après avoir été bombardé par l’aviation israélienne[20]. Selon Ilan Pappé, ce bombardement aérien participe du nettoyage ethnique, en créant les conditions de terreur nécessaires pour provoquer la fuite des populations arabes[21]Le village est entièrement vidé de ses habitants et les maisons rasées jusqu’aux fondations[3]. Environ 1200 habitants de Mujeidil se réfugient à Nazareth[3], où ils ont le statut orwellien de présents absents.

En août 1948, une patrouille du bataillon Jezreel rencontre un « groupe de femmes arabes travaillant aux champs » près de Mujeidil ; le rapport précise que «  à la mitrailleuse de tirer trois rafales au-dessus de leurs têtes, pour les faire fuir. Elles fuirent en direction des oliviers ». Après le départ de la patrouille, les villageoises revinrent. La patrouille repasse et rencontre « un groupe de femmes et d’hommes arabes. J’ai fait ouvrir le feu et un Palestinien a été tué, et un homme et une femme blessés. Dans les deux incidents, j’ai dépensé 31 balles ». Le lendemain, le 6 août, la même patrouille rencontre deux processions funéraires arabes. Le chef de patrouille remarque sèchement « qu’un des blessés d’hier a dû mourir ». Un ou deux jours après, la patrouille rencontre de nouveau un grand groupe de femmes arabes dans les champs de Mujeidil. « Quand nous nous sommes approchés pour les faire fuir, un arabe mâle est trouvé, caché à proximité, et nous l’avons exécuté. Les femmes ont été averties de ne pas revenir ». Le commandant d’unité donne des ordres fermes de liquider toute tentative palestinienne de retour à Mujeidil[22].

En 1950, grâce à une intervention du pape Pie XII, les Palestiniens chrétiens se voient offrir la possibilité de rentrer au village : ils refusèrent de le faire sans leurs voisins musulmans. La moitié des maisons du village et une des deux mosquées sont alors détruites par Israël[13]. L’église orthodoxe a perdu ses murs, mais il subsiste quelques parties. La famille Abou Hani, revenue au village, entretient l’école catholique et le verger attenant[10].

La ville israélienne de Migdal HaEmek est créée par des juifs iraniens en 1952 sur les terres du village palestinien détruit, à moins d’un kilomètre au sud-ouest du site du village. Yifat, fondé en 1926 sur des terres du village, est situé à deux kilomètres à l’ouest du site de Mujeidil[23]. Des forêts de pins ont été plantées sur une partie du territoire de Mujeidil, afin de dissimuler les restes du village et de donner un aspect européen au paysage. Toutefois, l’espèce est mal adaptée au climat : certains arbres sont malades ; des oliviers, espèce locale, cultivés par les Palestiniens avant la Nakba sont repartis et ont parfois fait éclater le pin planté au-dessus d’eux[24].

Voici comment l’historien Walid Khalidi décrit ce qui subsiste du village en 1992 : « La plus grande partie du site est couverte par une forêt de pins qui sert de parc aux Israéliens. Le monastère et des parties de l’église (détruite) sont les seuls bâtiments restants du village. Les moines continuent de vivre dans le monastère. Des restes des maisons détruites et les murs du cimetière sont visibles. Des cactus, des grenadiers, des oliviers et des figuiers poussent autour du site, qui est parsemé de puits[23]. »

Personnalités liées

Diana Buttu (en), négociatrice canado-palestinienne de l’organisation de libération de la Palestine au début des années 2000[25].

Voir aussi

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Bibliographie complémentaire

Articles connexes

Liens externes

Notes

  1. Morris, 2004, p. xvii, village #137. Also gives the cause of depopulation.
  2. Palmer, 1881, p. 114
  3. a b c d e f g h et i « al-Mujaydil — المُجَيْدِل », Interactive Encyclopedia of the Palestine Question, consulté le 4 novembre 2025.
  4. a et b Government of Palestine, Department of Statistics. Village Statistics, April, 1945. Cité par Hadawi, 1970, p. 62.
  5. Government of Palestine, Department of Statistics. Village Statistics, April, 1945. Quoted in Hadawi, 1970, p. 110.
  6. Khalidi, 1992, p. 349.
  7. Hütteroth, Abdulfattah, 1977, p. 187
  8. Rhode, 1979, p. 6 « https://web.archive.org/web/20190420031504/https://www.academia.edu/2026845/The_Administration_and_Population_of_the_Sancak_of_Safed_in_the_Sixteenth_Century »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), estime que le registre en question ne date pas de 1595/6, mais de 1548/9.
  9. Karmon, 1960, p. 167 « https://web.archive.org/web/20171201182028/http://jchp.ucla.edu/Bibliography/Karmon,_Y_1960_Jacotin_Map_(IEJ_10).pdf »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), .
  10. a b c d et e I. Pappé, 2024, p. 200-201.
  11. Conder, 1878, p. 158
  12. Conder, Kitchener, 1881, SWP I, p. 275. Cité par Khalidi, 1992, p. 348.
  13. a b et c Pappé, 2006, p. 153.
  14. a et b Pappé, 2006, p. 152-153.
  15. Schumacher, 1888, p. 182.
  16. Barron, 1923, Table XI, Sub-district of Nazareth, p. 38.
  17. Barron, 1923, Table XVI, p. 50.
  18. Mills, 1932, p. 75.
  19. Department of Statistics, 1945, p. 8.
  20. Pappe, 2006, p. 172.
  21. I. Pappé, 2024, p. 220.
  22. L’usage du terme lehasel, littéralement "liquider" est révélateur, tout comme le passage au mode passif pour rapporter les exécutions. Morris, 2004, p. 445-6 et 460.
  23. a et b Khalidi, 1992, p. 350.
  24. I. Pappé, 2024, p. 280.
  25. Diana Buttu, 'The Myth of Coexistence in Israel,', New York Times, 25 mai 2021.

Bibliographie