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Les Éthiopiques | |
Les Éthiopiques, page d'un manuscrit parmi les plus anciens retrouvés à ce jour, XIIe ou XIIIe siècle. Il appartenait au cardinal Bessarion, qui l'a légué à la Biblioteca Marciana en 1468. (Réf: Gr. 410, fol. 94v). | |
Auteur | Héliodore d'Émèse |
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Pays | Grèce antique |
Genre | Roman |
Version originale | |
Langue | Grec ancien |
Titre | Aithiopiká (Αἰθιοπικά) |
Lieu de parution | Grèce antique |
Date de parution | IIIe siècle ou IVe siècle |
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Les Éthiopiques (en grec ancien Αἰθιοπικά / Aithiopiká) est un roman grec d'Héliodore d'Émèse (IIIe ou IVe siècle), divisé en dix livres. L'œuvre est parfois connue sous le titre Théagène et Chariclée.
L'œuvre relate l'histoire d'une princesse d'Éthiopie (terme désignant alors la Nubie), abandonnée à sa naissance par sa mère la reine Persina et transportée à Delphes où elle est élevée par le Grec Chariclès sous le nom de Chariclée et devient prêtresse d'Artémis. Assistant à des jeux gymniques à Athènes, elle rencontre un jeune Thessalien qui y concourt, nommé Théagène, et ils s'éprennent l'un de l'autre. Pour obéir à un oracle, ils quittent Delphes sous la conduite du sage égyptien Calasiris, et après plusieurs aventures en mer sont jetés par un naufrage en Égypte, sur les bouches du Nil. Ils traversent alors de rudes épreuves, tantôt ensemble, tantôt séparés, notamment du fait de la passion qu'Arsacé, femme du satrape d'Égypte Oroondatès, conçoit pour Théagène. Prisonniers des Perses, ils sont finalement capturés par l'armée du roi Hydaspe et conduits à Méroé, capitale de l'Éthiopie. Inconnus, ils sont sur le point d'être immolés au soleil quand Chariclès arrive de Grèce et la reconnaissance attendue a lieu. L'histoire finit par le mariage des héros, qui se sont gardés fidèles l'un à l'autre.
Chariclée, de peau blanche, se croyait grecque, mais se découvre africaine à la fin du roman. Les dernières pages donnent une explication de la couleur blanche de cette jeune fille dont les deux parents sont noirs.
Le récit se recommande par ses nombreux rebondissements, ses personnages très variés, et le pittoresque de ses descriptions. Il est plein de réminiscences d'Homère et d'Euripide. Les épreuves de ces amants chastes et fidèles ont reçu des interprétations allégoriques, par exemple par l'humaniste byzantin Jean Eugénikos (XVe siècle).
Le roman était bien connu à l'époque byzantine. À la Renaissance, il fut imprimé pour la première fois à Bâle en 1534, et fut traduit en français par Jacques Amyot en 1547, en anglais par Thomas Underdown (en) en 1569. Son influence fut très grande aux XVIe et XVIIe siècles : il était vu comme une œuvre majeure de l'Antiquité, au même titre que l’Iliade et l’Odyssée ou que l’Énéide de Virgile. Jean Racine, confronté au texte grec original durant son éducation à Port-Royal, semble avoir été particulièrement influencé par sa lecture : une anecdote, probablement fondée, montre son fort attachement au roman :
« Il trouva moyen d'avoir le Roman de Théagène et Chariclée en grec : le Sacristain lui prit ce livre, et le jeta au feu. Huit jours après, Racine en eut un autre, qui éprouva le même traitement. Il en acheta un troisième, et l'apprit par cœur, après quoi il l'offrit au Sacristain, pour le brûler comme les deux autres. »
On pourrait retracer l'histoire de l'influence des Éthiopiques dans la culture européenne depuis La Jérusalem délivrée jusqu'à l'Aïda de Giuseppe Verdi.
Preuve de son importance au XVIe siècle, le cycle de Théagène et Chariclée a été choisi pour décorer le salon Louis XIII au château de Fontainebleau. Le peintre Ambroise Dubois, représentant majeur de la seconde école de Fontainebleau, réalisa 15 huiles sur toiles enchâssées dans des cadres en stuc tant sur les murs que sur le plafond du salon. Parmi les scènes représentées figurent :
De nos jours les Éthiopiques demeurent accessibles au public francophone dans une traduction de Pierre Grimal pour le volume de la Bibliothèque de la Pléiade publié en 1958, Romans grecs et latins.
Œuvre radiophonique - France Culture
"La légende de Théagène et Chariclée" - une œuvre radiophonique sous forme d'une série de feuilletons servie par de captivants dialogues agrémentés d'animations d'ambiance sonores raconte l'histoire de ces deux héros.
Programmée par France Culture dans les années 1980 - 86 (dates précises à vérifier sur INA), elle reprend l'histoire de façon accaparante avec des acteurs de talents, comme la radio savait faire alors. Ces feuilletons n'ont depuis jamasi été reprogrammés.