Opération Doppelgänger

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Opération Doppelgänger
Type opération de désinformation et propagande pro-Kremlin
Pays France, Allemagne, Ukraine, États-Unis
Organisateur Russie, Sergueï Kirienko
Participant(s) Réseau Döppelganger
Revendications Faire cesser le soutien à l'Ukraine et acter une victoire de la Russie dans l'Invasion de l'Ukraine par la Russie.

L'opération Doppelgänger (double maléfique) est une opération de désinformation russe ayant pour cible certains pays occidentaux. Cette opération s'inscrit dans le cadre de l'invasion de l'Ukraine par la Russie depuis 2022 comme une composante de la guerre menée contre l'Ukraine.

Méthode

La méthode utilisée pour cette opération de désinformation consiste en la création de doubles numériques imitant graphiquement de grands organes de presse ou des organisations du pays ciblé. Ces doubles numériques sont installés sur des noms de domaine qui utilisent la technique du typosquattage et peuvent prendre au piège l'internaute lambda. L'agence française de lutte contre les ingérences numériques étrangères VIGINUM a dénombré 355 noms de domaines usurpant l'identité de médias français.

Pour la France les sites internet doublés sont ceux du Monde, de 20 minutes, du Figaro ou du Parisien ainsi que le site du ministère des Affaires étrangères.

Pour l'Allemagne les sites visés sont ceux du Frankfurter Allgemeine Zeitung, du Spiegel, de Bild et de Die Welt.

L'Italie, le Royaume-Uni (avec The Guardian) et l'Ukraine sont également des pays cibles de cette opération,,.

Pour chaque media copié, une vingtaine d'articles de propagande critiquent l'Occident et la guerre en Ukraine. Ces articles sont ensuite proposés sur les réseaux sociaux de manière à atteindre un certain niveau de viralité. Les ambassades et centres culturels russes relaient officiellement ces articles de propagande. Mais de multiples faux comptes sont créés sur Facebook et Twitter pour les relayer.

La campagne est mise à jour en septembre 2022 par EU DisinfoLab, qui la nomme alors Opération Doppelgänger.

C'est VIGINUM qui détecte la campagne pour la France et met en évidence la responsabilité d'individus russophones et d'entreprises russes.

En plus des sites de médias typosquattés, la propagande russe utilise des sites présentés comme des sites de média francophones avec des noms à consonance française comme Notre pays ou La Virgule relaient de faux articles sur l'actualité politique des pays européens.

En décembre 2023, le Washington Post publie une enquête basée sur des documents officiels et de nombreux entretiens, qui révèle le rôle de Sergueï Kirienko dans l'opération de déstabilisation et de désinformation à destination de plusieurs pays, dont la France, l'Allemagne, l'Ukraine et les États-Unis. Cette opération de propagande vise à faire cesser le soutien à l'Ukraine et à faire accepter une victoire russe, tout en exacerbant les tensions sociales dans les pays en cours afin de diviser l'opinion publique, notamment via les réseaux d'extrême droite, dont le Rassemblement national,.

Objectifs

L'objectif est de servir le narratif du Kremlin dont au premier chef l'affaiblissement du soutien occidental à l'Ukraine. Le narratif de propagande relayé se décompose en plusieurs thématiques :

  • les sanctions contre la Russie sont inefficaces ;
  • les occidentaux sont russophobes ;
  • l'armée ukrainienne est barbare et composée de néo-nazis ;
  • les réfugiés ukrainiens pèsent négativement sur les pays européens;
  • la guerre en Ukraine coûte cher et n'est pas « notre guerre ».

Second objectif pour les articles de propagande : pouvoir être cités et repris par des médias russes et atteindre la population russe par le biais de la réalité alternative que le pouvoir russe essaie de maintenir à propos de la guerre en Ukraine. Accessoirement atteindre les soutiens pro-russes dans les pays occidentaux. C'est par exemple le cas de Thierry Mariani (coprésident du Dialogue franco-russe) et de Yves Pozzo di Borgo, ex-sénateur français, pour le cas des soutiens pro-russes en France.

En Afrique francophone, l'objectif est de servir les intérêts russes et mener une campagne anti-française afin de soutenir le narratif des coups d'État des pays concernés.

Déroulé de l'opération

A l'origine, en 2022, il s'agit d'une opération dont les cibles sont principalement de grands médias allemands. C'est l'ONG européenne EU DisinfoLab, à l'origine de la mise au jour de cette opération d'ingérence, qui baptise l'opération du nom de Doppelgänger en septembre 2022.

L'opération de désinformation Doppelgänger a été confirmée par Meta. En décembre 2022, Meta a identifié deux entreprises russes, ASP et Struktura, et pensait avoir mis fin à l'opération.

Cette opération se poursuit et cible de nouveaux pays : France, Italie, Royaume-Uni. Cette opération est dénoncée à la Russie par le ministère des affaires étrangères français le 13 juin 2023. La France accuse directement la Russie, précisant que ces opérations relèvent de la guerre hybride,. Dans un communiqué officiel, Catherine Colonna indique « les autorités françaises ont mis en évidence l'existence d'une campagne numérique de manipulation de l'information contre la France impliquant des acteurs russes et à laquelle des entités étatiques ou affiliées à l’État russe ont participé en amplifiant de fausses informations ». Elle précise par ailleurs qu'un lien est établi avec les pays alliés pour « mettre en échec la guerre hybride menée par la Russie ».

Malgré sa découverte et sa dénonciation, l'opération Doppelgänger se poursuit, selon le dernier rapport de sécurité de Meta, en visant de nouveaux pays : les États-Unis. Durant l'été 2023 les services russes ont copié les sites des médias Fox News Channel, The Washington Post ainsi que le site de l'OTAN.

En août 2023, c'est le site de Libération qui se retrouve recopié par des acteurs russes avec de faux sites liberation.ltd et liberation.wf. C'est le service VIGINUM qui détecte la fraude et prévient le quotidien français.

En octobre 2023, on voit pulluler dans les publications pro-russes de fausses publicités ou de faux graffitis anti-Zelensky. Ces éléments, présents depuis plusieurs mois dans l'attirail pro-russe sont destinés à ridiculiser la cause ukrainienne en Occident et à favoriser une certaine lassitude des opinions publiques européennes et américaines. Il y aurait selon ces publications, des artistes de rue qui en France et en Allemagne auraient peint des fresques murales où l'on voit Zelensky en cannibale. D'autres faux ont été relevés comme ce faux jeu concours Promovacances utilisant des soldats ukrainiens morts au combat. Ces éléments sont ensuite repris par de faux sites d'informations occidentaux qui sont eux-mêmes relayés par de vrais médias russes.

Depuis le 25 octobre 2023, l'opération prend un nouveau tournant alors que de faux articles utilisent le contexte du conflit israélo-palestinien pour discréditer les pays occidentaux. L'idée sous-jacente est de faire croire que le soutien à Israël va se substituer au soutien à l'Ukraine et ce dernier sera petit à petit abandonné. Les faux articles apparaissent en langues russe, ukrainienne, anglaise, allemande et hébraïque et sont relayés par des bots sur Twitter.

Après la découverte de tags d'étoiles de David bleues graffées au pochoir à Paris et dans sa banlieue fin octobre 2023, l'acte, aussitôt qualifié d'antisémite, est largement dénoncé car il rappelle les étoiles de David peintes par les nazis sur les commerces tenus par des Juifs. Après quelques jours et l'arrestation d'un couple de Moldaves soupçonnés d'avoir tagué les étoiles commanditées par Anatoliï Prizenko, un homme d’affaires moldave pro-Kremlin, une opération d'influence russe est soupçonnée. Le 9 novembre 2023, la France publie un communiqué officiel qui condamne l’implication du réseau Doppelgänger dans la publication et l'amplification artificielle de la diffusion des photos des étoiles de David taguées sur les réseaux sociaux par de nombreux comptes attribués « avec un haut degré de confiance » au réseau Doppelgänger, qu’ils ont été les premiers à publier en ligne les photographies des étoiles de David peintes sur les murs,,. En février 2024, la DGSI conclut à une opération initiée par le service chargé des opérations internationales au sein du FSB.

En novembre 2023, une campagne d'un nouveau mode est apparue sur Facebook. Il s'agit d'une campagne publicitaire qui utilise des photos de personnalités mondialement connues sur lesquelles est adossée une pensée inspirante. Les personnalités en question sont par exemple Ronaldo, Lady Gaga ou encore Jennifer Lopez. Les citations ainsi attribuées aux personnalités sont défavorables aux ukrainiens et pro-russes. Ainsi une citation attribuée à Selena Gomez affirme que « A chaque fois que les ukrainiens reçoivent de l'argent, tout va mal ». Cette campagne a atteint 7,6 millions d'utilisateurs de Facebook selon les statistiques de publications des publicités, et était focalisée sur les utilisateurs français et allemands. Selon les ONG Reset et Antibot4Navalny, cette opération est à classer dans l'opération Doppelgänger et à mettre au crédit des services du Kremlin,. Dans le même ordre d'idées, le centre d'analyse des menaces de Microsoft a découvert une campagne qui utilise des vidéo personnalisées provenant d'acteurs américains sur Cameo. Ceux-ci ont enregistré des messages à l'attention de Vladimir comme l'acteur américain Elijah Wood qui a enregistré : « J’espère que tu recevras l’aide dont tu as besoin. Beaucoup d’amour, Vladimir, prends soin de toi. ». Ces vidéos enregistrées sont ensuite modifiées pour y introduire les logos de médias puis elles sont diffusées sur les réseaux sociaux.

En février 2024, on assiste à une revitalisation de l'opération avec la création de faux sites allemands reprenant le graphisme de Die Welt sur welt.pm ou du Frankfurter Allgemeine Zeitung sur faz.ltd. Si l'objectif de cette réactivation peut se comprendre au vu de la proximité des élections européennes de 2024 ou les prochaines élections législatives de 2025 en Allemagne, le but ultime reste de peser sur les soutiens de l'Ukraine.

En la remise en cause de la paternité de l'attentat de Moscou est l'occasion pour le Kremlin de relancer la machine à désinformer de l'opération Doppelgängerainsi que lançant ce même mois une rumeur sur la supposée mort du Roi Charles III (roi du Royaume-Uni)ou plus récemment concernant pour son cancer l'épouse du Prince William, Catherine Middleton.

Sanctions

Fin juillet 2023, le Conseil de l'Union Européenne sanctionne cinq entités dont les actifs sont gelés : les entreprises de technologie Social Design Agency et Structura National Technologies, l'agence Inforos, l'Institut pour la diaspora russe ainsi que l'ONG Dialog. Sept personnes liées à ces entités sont également interdites d'entrée sur le territoire européen.

Articles connexes

Notes et références

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  28. « « Doppelgänger » : l’UE sanctionne des entités russes derrière l’opération de désinformation » Accès libre, Le Monde, (consulté le )