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La carte de Piri Reis est une carte ancienne, découverte en 1929 lors de la restauration du palais de Topkapı à Istanbul. Elle est attribuée à l'amiral et cartographe ottoman Piri Reis qui l'aurait tracée en 1513. Dessinée sur une peau de gazelle, elle détaille les côtes occidentales de l'Afrique et les côtes orientales de l'Amérique du Sud.
La carte de Piri Reis n'est que le fragment d'une carte trois fois plus grande représentant le monde connu à l'époque à laquelle elle a été réalisée, et dont le reste est aujourd'hui perdu ; ne subsiste ainsi que la partie concernant l'océan atlantique. Selon son colophon, cette carte fut réalisée en 1513. Piri Reis indique dans ses ouvrages l'avoir offerte à Sélim Ier lors de son séjour au Caire, c'est-à-dire en 1517.
L'amiral turc dit s'être inspiré d'une vingtaine de cartes, allant de cartes antiques grecques à une carte établie par Christophe Colomb, ou encore à celles établies par d'autres navigateurs portugais. Il s’agit d’une carte très complète pour l'époque.
L'une des caractéristiques de cette carte est la figuration détaillée d'une côte connectée à la zone australe de l'Amérique du Sud, dont certains disent qu'elle ressemble à la côte de l'Antarctique, continent qui n'a été découvert officiellement qu'en 1818. Cette interprétation est soutenue notamment par Charles Hapgood, professeur américain d'histoire des sciences, dans son livre Cartes des Anciens Rois des Mers. Certains auteurs considèrent la carte comme un « OOPArt », estimant qu'elle a été réalisée 300 ans avant la découverte de l'Antarctique et qu'elle montre la côte telle qu'elle se présente sous la glace (ce qui ferait remonter les informations à 10 000 ans). Des études scientifiques remettent en question cette interprétation (lire infra).
La carte de Piri Reis a excité l’imagination de beaucoup de monde, ce qui a contribué à la discréditer aux yeux des scientifiques : certains l’ont considérée comme un faux grossier établi au plus tôt au XVIIIe. Les théories les plus folles sont nées après la Seconde Guerre mondiale, principalement sous la plume d’auteurs américains :
Aucune de ces thèses n'est cautionnée par la communauté scientifique ; toutefois, le fait qu'Albert Einstein ait préfacé le premier livre de C. Hapgood, dans lequel il échafaudait sa théorie des plaques tectoniques, réussit à rendre crédible son hypothèse aux yeux du grand public. Continuant son œuvre de réhabilitation des écrits bibliques, Hapgood se tourne ensuite vers le paranormal et la foi en Jésus-Christ, publiant des ouvrages avec un médium célèbre.
La carte est abondamment citée et commentée dans l'ouvrage de Gavin Menzies, 1421, the year China discovered the world, qui y voit une réutilisation des données cartographiques recueillies par la flotte chinoise de l'amiral eunuque Zheng He entre 1421 et 1423, sur ordre de l'empereur Zhu Di. Cette flotte, scindée en plusieurs escadres, aurait réalisé une véritable circumnavigation.
Différentes études scientifiques discréditent les interprétations faisant intervenir des phénomènes paranormaux. Leurs auteurs (dont Steven Dutch, Gregory C. McIntosh et Diego Cuoghi) insistent notamment sur le fait que les tenants d'une origine paranormale exagèrent fortement la précision de la carte, ne tiennent pas compte des notes présentes sur celle-ci (qui indiquent en partie les sources utilisées par Piri Reis et donnent le nom de différents lieux), et que la représentation d'un hypothétique continent austral était une convention graphique à cette époque.
Le continent qui figure en bas de la carte de Piri Reis est ainsi interprété comme représentant la côte sud du Brésil, de l'Uruguay et de l'Argentine, voire comme une fiction dont la ressemblance avec l'Antarctique est à la fois très discutable (le passage de Drake, pourtant large de plus de 600 km, y est par exemple omis) et serait une coïncidence.
Les expertises scientifiques de la carte apportent de nouvelles hypothèses d'interprétation. La carte ne montre pas de longitudes, pas plus que l'Antarctique, et encore moins les Andes. Le support de la carte a été daté par le carbone 14 et il remonte bien au XVIe siècle. L'encre a également été testée chimiquement et date aussi du XVIe siècle. Tous ces tests ont été effectués par W. McCrone, spécialiste qui a déjà travaillé sur le suaire de Turin.
La carte de Piri Reis est donc authentique et montre que les Turcs, bien qu'étant loin de l'océan Atlantique et de l'Amérique, se tenaient au courant des dernières découvertes de l'époque.