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Empire de Trébizonde

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Empire de Trébizonde
(el) Αυτοκρατορία τής Τραπεζούντας

1204–1461

Drapeau
Drapeau selon des portulans occidentaux[N 1].
Description de cette image, également commentée ci-après
Territoires de l'empire en 1204.
Informations générales
Statut Monarchie, successeur local de l'Empire byzantin
Capitale Trébizonde
Langue(s) grec, grec pontique
Religion Église grecque orthodoxe et Église orthodoxe
Histoire et événements
1204 Quatrième croisade et création
15 août 1461 Conquête ottomane

Entités précédentes :

Entités suivantes :

L’empire de Trébizonde (en grec Αυτοκρατορία τής Τραπεζούντας) est un État grec successeur de l’Empire byzantin, centré autour de l'actuelle Trébizonde, dans la région du Pont, sur le littoral de la mer Noire. Établi en 1204 par la maison Comnène, dans le contexte de la chute de Constantinople au cours de la quatrième croisade et de la formation de l’empire latin de Constantinople, il disparaît lorsque le sultan ottoman Mehmed II s'empare de Trébizonde en 1461.

Après une brève phase expansionniste, l'empire de Trébizonde se restreint à une étroite bande côtière sur la côte nord de l'Anatolie. Cette géographie fonde bien des caractéristiques de cette entité byzantine. Carrefour de plusieurs voies économiques d'importance, Trébizonde connaît une prospérité croissante, notamment avec l'arrivée des Mongols dont l'Empire devient un des nombreux vassaux. Globalement épargné par les conquêtes mongoles, l'Empire bénéficie pour un temps de la fracturation du monde turc et use habilement de la diplomatie pour assurer son existence.

Après une période de troubles internes, l'empire de Trébizonde fait face à la montée en puissance des Ottomans et finit par céder sous leur expansionnisme mené par Mehmed II. Dans l'intervalle, cet Empire byzantin en exil maintient vivace la culture grecque et chrétienne dans la région, non sans s'adapter à un fort multiculturalisme, marqué par la coexistence de communautés turques, arméniennes voire latines avec l'installation de comptoirs des républiques de Venise et de Gênes. Surtout, à l'instar de l'Empire byzantin des Paléologues, Trébizonde connaît une certaine prospérité intellectuelle et plusieurs érudits viennent de ses terres ou bien s'y rendent, à l'instar de Bessarion, contribuant au mouvement plus vaste de transmission des connaissances vers l'Europe occidentale.

Sources

Les sources primaires

Bessarion, représentant le moins méconnu de l'humanisme byzantin, originaire du Pont, a livré quelques textes permettant d'appréhender l'empire de Trébizonde.

La principale source indigène sur l’histoire de l’empire de Trébizonde est la Chronique de Michel Panaretos, rédigée à la fin du XIVe siècle par un haut fonctionnaire, protonotaire et ambassadeur d’Alexis III de Trébizonde (1349-1390). Le texte, concis et administratif, couvre la période 1204-1390. Il mêle notices généalogiques, faits diplomatiques et repères religieux. Découverte et publiée par Jakob Fallmerayer en 1827, puis éditée de manière critique par Odysseas Lampsidis[1], la Chronique est longtemps considérée comme la colonne vertébrale de l’histoire trapézontine. Les études récentes montrent qu’il s’agit d’un texte de chancellerie, rédigé dans un grec teinté de dialecte pontique, dont la sobriété reflète la culture bureaucratique de la cour. Panaretos y défend la légitimité dynastique des Grands Comnènes et une vision providentielle du pouvoir. La critique moderne souligne que la Chronique doit être lue non comme une chronique neutre mais comme un document politique et idéologique, à confronter à d’autres sources et s'appuyant elle-même sur divers matériaux écrits probablement perdus[2]. Parmi les quelques autres textes d'auteurs trapézontins qui sont mobilisables figure l’Encomium de Bessarion[3]. Néanmoins, en-dehors de quelques chrysobulles et manuscrits épars, les connaissances sur les dernières décennies de l'empire de Trébizonde ne s'appuient que difficilement sur des sources indigènes[4].

Outre Panaretos, plusieurs textes externes éclairent la formation et la chute de l’empire, notamment les chroniques issues de l'Empire byzantin qui peuvent évoquer à des titres divers celui de Trébizonde, comme celles de Nicéphore Grégoras, Doukas, Laonicos Chalcondyle et Critobule d'Imbros, qui évoquent Trébizonde surtout à travers ses rapports avec Constantinople et les Ottomans. Les documents occidentaux, génois et vénitiens (actes notariés, privilèges commerciaux, correspondances papales), conservés aux archives de Gênes et de Venise, qui témoignent de la place de Trébizonde dans les réseaux économiques méditerranéens sont une autre source[5]. Les chroniques géorgiennes, notamment la Chronique de Kartlis Tskhovreba, peuvent aussi être mobilisées mais elles souffrent singulièrement d'un manque de précision, en particulier sur ses origines[6], tandis que les chroniques arméniennes éclairent sur certains pans de l'histoire trapézontine, de même que certains textes turcs[7].

Le passage de voyageurs ou diplomates occidentaux à Trébizonde, à l'instar de Marco Polo, Pedro Tafur ou de l'ambassade britannique d'Édouard Ier[8] est souvent l'occasion de récits qui permettent d'appréhender certains aspects de l'empire de Trébizonde[9].

Enfin, les actes monastiques (notamment les Actes du monastère de Vazelon) livrent des informations sur la propriété foncière, la fiscalité, l’administration locale et, plus largement, sur la vie quotidienne[10],[11].

L’historiographie moderne

Portrait en noir et blanc d'un homme de lettre.
Portrait de l'historien Jakob Fallmerayer, conservé dans les archives de Nuremberg.

Jusqu'au XIXe siècle, les mentions de l'empire de Trébizonde sont plutôt rares. Alexandre Vassiliev mentionne quelques textes grecs datés du XVIIe siècle, basés sur des écrits monastiques, de même que des rapports de voyageurs ou diplomates dans l'Empire ottoman. Un écrivain du XVIIe siècle, Thomas Gainsford, publie bien en 1616 une Histoire de Trébizonde en quatre livres mais il s'agit d'un récit largement romancé[12]. Parmi les premiers byzantinistes, Du Cange ne consacre que peu de mots à l'empire de Trébizonde[13]. Dans ses Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, Montesquieu n'évoque pas du tout l'Empire, Voltaire y consacre quelques lignes, soulignant le décalage entre l'usage du terme Empire et la réalité de l'emprise territoriale, tandis qu'Edward Gibbon, dont l'œuvre Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain a une profonde influence, n'est guère plus disert. Tous pâtissent du manque de sources[14].

Le redécouvreur moderne de Trébizonde est l'historien allemand Jakob Fallmerayer. Avec son récit historique publié en 1827[N 2], il inscrit l’Empire dans une vision romantique : un bastion grec isolé dans un Orient musulman. Sa lecture repose presque exclusivement sur Panaretos, qu'il est le premier à utiliser en Occident, et colore durablement la perception du sujet : Trébizonde y apparaît comme un dernier avatar de Byzance, marqué par l’exotisme et la décadence, influencée par l'orientalisme. Cette approche est relayée par les premiers byzantinistes européens, notamment William Miller qui livre une autre étude sur cet Empire en 1926, reprise par les érudits pontiques du début du XXe siècle, souvent dans une perspective nationaliste. Pourtant, dès la deuxième moitié du XIXe siècle, l'historien George Finlay s'écarte quelque peu de cette vision décadente. Qualifié par Rustam Shukurov de premier historien rationnel de Trébizonde[15], Finlay critique déjà la vision romantique, écrivant que « Trébizonde fut non pas un vestige, mais une adaptation : un État grec qui sut vivre par son commerce et ses alliances »[16].

À partir des années 1950, l’historiographie s’oriente vers une lecture structurelle et territoriale. Les travaux de Bryer, Winfield, Kuršanskis et Balard déplacent l’attention du récit dynastique vers l’économie, la diplomatie et la topographie. L’Empire est désormais perçu comme un espace d’intermédiation entre Byzance, le monde caucasien et les routes de la soie. Cette génération, tout en continuant à s’appuyer sur Panaretos, souligne les limites documentaires et cherche à les compenser par l’exploitation d’archives italiennes, géorgiennes et monastiques. Anthony Bryer se distingue également par son apport majeur aux études pontiques, mettant en lumière les dynamiques propres au monde trapézontin. Les fouilles et les relevés topographiques entrepris dans les années 1970-1980 par Anthony Bryer et David Winfield ont profondément renouvelé la connaissance de la géographie historique du Pont[17]. L’étude des églises, monastères, ponts et forteresses (Sumela, Sainte-Sophie, Kordyle, Kulevi, Vazelon) a permis d’identifier des foyers de peuplement, des réseaux économiques et une typologie architecturale propre[18]. La numismatique offre un autre éclairage : les aspres d'argent témoignent de l’évolution de l’idéologie impériale, en particulier par les effigies de saint Eugène, patron de la ville[19].

Les études récentes, portées notamment par Sergei Karpov, Scott Kennedy, Rustam Shukurov ou Antony Eastmond abordent Trébizonde sous l’angle de la culture politique et religieuse. Ces approches convergent pour décrire l’Empire non plus comme un vestige byzantin, mais comme une formation politique originale, ancrée dans les réseaux caucasiens et eurasiatiques. Rustam Shukurov souligne les interactions très grandes avec le monde islamique, faisant de Trébizonde l'un des ponts entre l'Orient et l'Occident. Sergei Karpov a pu mettre en évidence tant le classicisme du modèle trapézontain, reprenant bien des éléments du monde byzantin, tout en affirmant une certaine originalité[20]. Antony Eastmond insiste de son côté sur l'idée d'une autre Byzance, refusant l'historiographie traditionnelle faisant de l'empire de Trébizonde un vestige ou une anomalie. Il préfère y voir une adaptation du modèle byzantin aux spécificités d'un monde à part, développant sa propre identité politique[21].

Géographie

Carte des provinces de l'Empire byzantin.
Carte des thèmes (provinces) de l'Empire byzantin. Celui de Chaldée (ou Chaldie) recouvre l'essentiel du territoire de l'empire de Trébizonde, qui peine à tenir l'intérieur des terres.
Photographie d'un lac de montagne.
Lac d'Uzüngol, dans l'arrière-pays de Trébizonde, exemple des vallées montagneuses qui parsèment la région.

L’empire de Trébizonde s’étend sur la côte sud-est de la mer Noire, dans la région du Pont constituant, « un Empire de poche » selon l'expression d'Anthony Bryer[22]. Ses limites sont variables entre le XIIIe et XIVe siècles, mais son identité géographique reste marquée par deux caractéristiques majeures : l’enracinement dans une bande littorale fertile mais étroite tournée vers la mer, et l’adossement à un arrière-pays montagneux difficile d’accès, symbolisé par le col de Zigana, qui culmine à plus de 2 000 mètres d'altitude et constitue la principale voie d'accès entre le littoral et l'intérieur du plateau anatolien, contribuant à faire du territoire de l'Empire une forteresse naturelle[23].

Le noyau historique de l’Empire se situe autour de Trébizonde (actuelle Trabzon), capitale et centre politique, entourée d’un terroir fertile, la Matzouka, riche en vergers, pâturages et villages montagnards [24]. Cette zone, qui reste constamment sous contrôle des Grands Comnènes, bénéficie d’un accès à la mer et d’une protection naturelle assurée par les montagnes pontiques. Les principaux ports — Trébizonde, Cérasonte, Cotyora — constituent des relais maritimes essentiels, alimentant le commerce de transit vers la Perse et l’Asie centrale[25]. Néanmoins, le littoral est globalement pauvre en havres sûrs et praticables, expliquant le rôle prépondérant de Trébizonde, tandis que le climat y est particulièrement favorable, marqué par sa douceur et sa pluviométrie importante[23].

Photographie d'une ville côtière, surplombée par les montagnes.
Panorama actuel de la ville turque de Trabzon, port sur la mer Noire directement enserré par les montagnes.
Photographie d'un col de montagne.
Photographie du col de Zigana, qui culmine à 2 032 mètres.

À l’est, l’empire contrôle périodiquement la côte jusqu’à Batoumi et la vallée de l’Acampsis (aujourd’hui Çoruh), voire jusqu'au Phase, zones de contact avec la Géorgie et les principautés caucasiennes[26]. Ces territoires, montagneux et souvent contestés, ne sont jamais totalement intégrés mais jouent le rôle stratégique de marches orientales[27], à l'image de la Grande Lazie, correspondant au royaume de Lazique, mentionnée comme étant dans l'orbite de l'Empire, tout en cultivant une grande autonomie[28]. À l’ouest, l’expansion initiale de David Comnène a permis d’occuper la côte jusqu’à Héraclée du Pont, mais cette domination est brève, cédée rapidement à l’empire de Nicée puis aux Latins. Après le milieu du XIIIe siècle, la limite occidentale se fixe durablement autour du cap Kérambis (Kerempe Burnu), non loin de Sinope, contrôlée par les Turcs seldjoukides puis par les Turcomans[29]. Amisos tombe dans les années 1250 et la ville durablement tenue la plus à l'ouest est Cérasonte voire Akçaabat qui semble contrôlée jusqu'aux dernières années de l'Empire[27],[30].

Au sud, l’autorité de Trébizonde s’exerce sur certains hauts plateaux d’Anatolie orientale, notamment autour de Bayburt et d’İspir, zones charnières entre le monde pontique et l’Arménie Mineure. Ces territoires montagneux, essentiels pour la défense de l'empire, se révèlent difficiles à contrôler en raison de la pression des émirs turcomans[31]. Le massif de Zigana semble une limite de contrôle fort assez certaine[32],[33].

Enfin, l'influence ou la revendication de Trébizonde s’étend aussi jusqu’à la Crimée byzantine. Historiquement, l'Empire byzantin tient la ville de Cherson et ses alentours, au sud de la Crimée. Avec l'éclatement de l'Empire, cette région reste sous influence grecque et l'empire de Trébizonde prétend y maintenir un certain contrôle. Cette région apparaît sous le nom de Perateia, qui peut se traduire par « outre-mer ». Des signes attestent de la présence de fonctionnaires trapézontains jusqu'aux années 1230, notamment des traces de relations fiscales mais les liens avec la Crimée semblent s'évanouir au fur et à mesure du temps, avec l'influence grandissante de la présence turque puis l'arrivée des Italiens, tandis qu'une principauté grecque, la principauté de Théodoros, garde une certaine indépendance et survit même à l'Empire quelques années[34],[35].

À sa fondation en 1204, l’empire de Trébizonde connaît une expansion rapide vers l’ouest et l’est, mais cette phase d’expansion cède bientôt la place à une contraction territoriale. Dès la fin du XIIIe siècle, l’État se replie sur son noyau pontique, où il se maintient jusqu’à la conquête ottomane de 1461. Sa physionomie géographique évolue donc d’un ensemble relativement étendu à un « État-couloir », centré sur une frange côtière de 300 kilomètres entre le cap Kérambis et Batoumi, adossée aux montagnes pontiques et structurée par ses vallées débouchant sur la mer[36].

Contexte d'apparition

Le Pont dans l'empire byzantin

Photographie des deux faces d'une monnaie de cuivre.
Pièce de cuivre frappée par Théodore Gabras, premier signe d'une revendication de souveraineté de la région de Trébizonde à la fin du XIe siècle.

La côte sud-est de la mer Noire, désignée dans l’Antiquité sous le nom de Pont, forme une région singulière de l’Empire byzantin[37]. La présence hellénistique y est ancienne et a déjà donné naissance à une entité politique, le royaume du Pont. Cette région, naturellement protégée par les montagnes pontiques, est reliée à l’Anatolie intérieure par des cols difficiles. Elle est surtout tournée vers la mer par ses ports, en particulier Trébizonde, Cérasonte et Sinope qui en font déjà une plaque tournante du commerce régional[38]. Cette configuration favorise l’existence d’un régionalisme fort, perceptible dès l’époque byzantine moyenne. En dépit des pertes territoriales byzantines face à l'expansion de l'islam à partir du VIIe siècle, le Pont reste une région sous obédience byzantine, devenant le siège du thème de Chaldée, en première ligne face aux forces musulmanes[39].

Dès le XIe siècle, plusieurs indices montrent que le Pont tend à se comporter comme un espace périphérique, partiellement autonome. La figure de Théodore Gabras en est l’illustration la plus marquante. Ce stratège byzantin, gouverneur de la Chaldée au début du règne d’Alexis Ier Comnène (1081-1118), sait profiter de l’éloignement du pouvoir central pour instaurer une quasi-indépendance à Trébizonde, alors libérée d'une brève occupation par les Seldjoukides mais séparée du reste de l'Empire jusqu'à ce que la première Croisade permette de rétablir un lien terrestre avec Constantinople[40]. Ses contemporains le considéraient comme un prince local, et ses monnaies portent des signes distinctifs qui témoignent de sa volonté d’autonomie politique[41]. S'il est rappelé à l'ordre et ramené dans le giron impérial, les velléités séparatistes de Trébizonde lui survivent. Dès 1103-1104, Grégoire Taronitès, le nouveau gouverneur, se rebelle contre Alexis Ier ; cette rébellion est difficilement matée[42]. Plus tard, Constantin Gabras, fils de Théodore, reste loyal à l'Empire mais parvient à maintenir une forme d'autonomie. Nicétas Choniatès le qualifie notamment de « tyran de Trébizonde »[43],[44],[45].

L’évolution administrative confirme cette tendance. La région, structurée autour du thème de Chaldée, connaît une gestion particulière, souvent confiée à des familles locales plutôt qu’à des fonctionnaires envoyés depuis Constantinople. Les monastères, comme Vazelon ou Sumela, jouent également un rôle d’ancrage identitaire et de pouvoir foncier, contribuant à maintenir une culture byzantine distincte et résiliente[24]. Ainsi, à la veille de la quatrième croisade, le Pont n’est pas une simple province : il constitue un espace déjà préparé à l’autonomie, où la mémoire des Gabras et la puissance des clans locaux annonçaient la possibilité d’un État régional byzantin[46],[47].

De 1185 à 1204 : vers l'empire de Trébizonde

Photographie de la mort violente d'un homme, tué par la foule.
L'humiliation d'Andronic Ier Comnène, grand-père des fondateurs de l'empire de Trébizonde et brièvement empereur byzantin. Miniature de Loyset Liédet, Histoire d'outremer, Bruges, XVe siècle, BnF, Fr.68.

L’occasion de transformer cette autonomie latente en indépendance advient avec la quatrième croisade, tout en la précédant légèrement. Après la mort de Manuel Ier Comnène, des querelles éclatent entre les différentes branches de la famille régnante des Comnènes. Une des branches cadettes, menée par Andronic Ier Comnène, s'impose en 1183 ; Andronic est renversé et tué en 1185 mais sa lignée lui survit en la personne de deux de ses petits-fils, Alexis et David, exilés en Géorgie[48]. Dans le même temps, l'Empire byzantin est désormais gouverné par les Ange, une famille qui peine à consolider sa légitimité et fait face à une multitude de défis à son pouvoir, tant en interne qu'en externe. Ainsi, Isaac II Ange est renversé par son propre frère, Alexis III Ange, tandis qu'une forme de régionalisme tend à s'affirmer dans les périphéries de l'Empire, conséquence d'un affaiblissement du pouvoir central[49],[50].

En outre, le futur Alexis IV Ange, fils d'Isaac II, scelle une alliance avec les croisés pour reprendre son trône. Bientôt, ceux-ci détournent leur chemin pour attaquer l'Empire, d'abord en 1203 pour installer Alexis IV Ange sur le trône puis pour en renverser celui qui l'en a chassé, Alexis V Doukas Murzuphle, en 1204. À cette occasion, les croisés prennent et pillent Constantinople, provoquant l’effondrement de l’Empire byzantin. De ses ruines émergent plusieurs États successeurs : l’empire de Nicée, l’empire de Trébizonde, et le despotat d'Épire[51].

Dans ce contexte de chaos, les deux petits-fils d'Andronic Ier Comnène en profitent pour quitter leur exil géorgien auprès de leur tante, Tamar Ire[52],[53]. Soutenus par cette dernière qui cherche également à riposter au dédain exprimé à son encontre par Alexis III, Alexis et David débarquent à Trébizonde en et s’emparent rapidement de la ville[54]. David pousse même vers l’ouest jusqu’à Héraclée du Pont, mais doit bientôt reculer sous la pression des Latins et des Nicéens, menés par Théodore Ier Lascaris, qui repousse les Comnènes hors de Paphlagonie[55]. La même année, les Seldjoukides s'emparent de Sinope, isolant l'empire de Trébizonde du reste du monde grec. Malgré ce rapide reflux, il semble que c'est dès les premières années de son existence que les troupes de l'empire de Trébizonde prennent le contrôle de Chersonèse et de la Gothie, cette partie de la péninsule de Crimée longtemps tête de pont byzantine au nord de la mer Noire[56].

L’installation des Comnènes dans le Pont ne doit pas être comprise comme une simple réaction conjoncturelle. Elle répond à une double logique : d’une part, la légitimité dynastique des Comnènes, héritiers d’une branche déchue mais prestigieuse de la maison impériale ; d’autre part, la tradition d’autonomie pontique, qui offre un terreau favorable à l’enracinement d’un pouvoir local indépendant. Par ailleurs, les Comnènes semblent issus eux-mêmes de la Paphlagonie, proche du Pont, et il est donc possible qu'ils aient bénéficié d'une clientèle favorable dans la population locale[57].

Dès sa fondation, l’empire de Trébizonde se distingue donc à la fois comme un État refuge issu de la catastrophe de 1204 et comme l’aboutissement d’une longue maturation régionale. Dans la chronique de Panaretos, secrétaire impérial du XIVe siècle, l’événement est présenté comme une restauration de l’Empire byzantin dans sa continuité, mais l’historiographie moderne insiste sur le fait que Trébizonde incarne surtout un Byzance provincial, adapté à la géographie et aux réalités caucasiennes et pontiques[58],[36].

Histoire

Frise chronologique

Le temps de la prospérité

Carte de la région égéenne vers 1205.
L'ouest de l'Anatolie vers 1205, avec l'empire de Nicée et l'avancée la plus occidentale de l'empire de Trébizonde en violet.

La consolidation de l'empire

Une fois installé dans ses frontières, le jeune empire se lance d'emblée dans des conquêtes occidentales, le long de la côte nord de la mer Noire, d'abord aux dépens du sultanat de Roum. La ville de Sinope est prise et les troupes s'avancent jusqu'à Héraclée du Pont, voire jusqu'au fleuve Sangarios. Seulement, une telle pénétration étire des lignes de ravitaillement exposées aux raids des Turcs tandis que tant l'empire de Nicée que l'empire latin de Constantinople constituent des obstacles insurmontables, malgré une entente entre l'empereur latin Henri Ier de Constantinople et David[59]. En outre, les Turcs tentent sans succès d'assiéger Trébizonde en 1205-1206[60],[61]. À partir du milieu des années 1210, l'empire de Trébizonde doit céder ses positions les plus occidentales de Paphlagonie à Théodore Ier Lascaris. David Comnène lui-même est envoyé en exil, tandis que Sinope tombe en 1214 et qu'Alexis est brièvement fait prisonnier par les Seldjoukides[59].

Après le règne initial des deux frères, qui se termine par la mort d'Alexis en 1222, c'est Andronic Ier Gidos qui prend la tête de Trébizonde. Son règne, qui s’étend de 1222 à 1235, est marqué par une volonté d’affirmer la puissance militaire et la légitimité impériale de Trébizonde[62]. Très vite, Andronic est confronté à la menace des Seldjoukides de Roum, puissance dominante en Anatolie centrale. En 1223, une flotte seldjoukide attaque la côte pontique, mais Andronic remporte une victoire navale au large de Sinope, consolidant la réputation maritime de l’empire. Cette victoire, célébrée par les chroniqueurs, illustre la capacité de Trébizonde à se défendre face à des adversaires beaucoup plus puissants, d'autant qu'Andronic repousse également un assaut terrestre sur Trébizonde mené par le sultan Kay Khusraw Ier[63],[64].

Parallèlement, Andronic renforce les liens diplomatiques avec la Géorgie, puissance protectrice depuis la fondation de l’empire. Les sources indiquent qu’il maintient une alliance matrimoniale avec la dynastie bagratide, consolidant ainsi la position de Trébizonde dans le Caucase. Ces mariages renforcent le caractère « caucasien » de l’empire, déjà marqué par les alliances nouées par Alexis Ier avec la reine Tamar[65].

Durant le règne d'Andronic, Trébizonde bénéficie également de sa situation commerciale. Les caravanes venues de Perse alimentent le port, qui s’impose comme un carrefour pour les soieries et les épices à destination de la Méditerranée. Cette prospérité est renforcée par l’arrivée croissante des marchands latins, en particulier les Vénitiens, qui cherchent à concurrencer les Byzantins de Nicée et les Génois dans le contrôle du commerce pontique[66].

Ainsi, Andronic Ier Gidos apparaît comme le premier souverain à donner à Trébizonde une stature militaire et diplomatique affirmée : il combine la défense victorieuse face aux Seldjoukides, l’alliance caucasienne et l’ouverture commerciale. Son règne pose les bases de l’« âge d’or » trapézontin du XIIIe siècle. Cette période se poursuit avec l’arrivée au pouvoir de Manuel Ier de Trébizonde. Fils d’Alexis Ier, il monte sur le trône en 1238 et gouverne pendant vingt-cinq ans, une période souvent considérée comme l’apogée de la puissance de l'empire[67].

Manuel Ier : la prospérité sous suzeraineté mongole

Miniature d'une bataille médiévale.
La victoire des Mongols sur les Seldjoukides à Köse Dağ fait rentrer Trébizonde dans la sphère d'influence mongole.
Photographie de la face d'une pièce représentant un homme couronné.
Une monnaie (aspre) d'argent émise sous le règne de Manuel Ier, avec la couronne à pendeloques des empereurs byzantins surmontant sa silhouette.

Sur le plan diplomatique, Manuel établit des relations étroites avec les Mongols, dont la victoire à Köse Dağ en 1243 modifie profondément les équilibres en Anatolie[68]. En reconnaissant la suzeraineté mongole, il sécurise les frontières de l'empire et assure un cadre stable pour le commerce caravanier. Cette politique pragmatique permet à Trébizonde de s’affirmer comme un relais incontournable entre le monde méditerranéen et la Perse, d'autant que Sinope est reprise en 1254[69],[70]. Manuel cultive également des liens dynastiques avec les principautés voisines et marie ses propres filles à des princes géorgiens et turcomans, consolidant par ces alliances l’équilibre fragile de la région[71]. Il aurait d'ailleurs même envoyé une ambassade au roi de France Louis IX, peut-être pour tenter de marier l'une de ses filles à un prince capétien[72].

Le règne de Manuel est aussi marqué par une intense activité économique et commerciale. Trébizonde devient le principal débouché maritime de la route de Tabriz, qui devient prépondérante après le sac de Bagdad, en 1258[73],[74]. Les marchands génois et vénitiens y établissent des comptoirs, et les sources occidentales décrivent un port cosmopolite où se croisent produits de luxe, épices, soieries et métaux. C'est également sous son règne qu'est bâtie l'église Sainte-Sophie de Trébizonde, en écho à la basilique de Constantinople[75]. Sous Manuel Ier, l’empire de Trébizonde atteint donc un équilibre : protégé militairement par ses alliances dans le cadre de la Pax Mongolica, prospère économiquement grâce au commerce international, et rayonnant culturellement par son mécénat[76]. Ce moment de stabilité contraste avec les tensions et l'affaiblissement qui marquent les décennies suivantes.

L’Empire byzantin (rouge) en 1265, avec l’empire de Trébizonde à l'est (rouge pâle).

À la mort de Manuel Ier en 1263, son fils Andronic II lui succède. Son règne bref est troublé par des luttes de factions à la cour et par les tensions nées des rapports avec les puissances voisines. C’est sous son règne que s’accentue la rivalité avec l’Empire byzantin restauré de Michel VIII Paléologue, qui considère Trébizonde comme un État usurpateur. Michel VIII conteste le droit des Grands Comnènes à porter le titre impérial, ce qui alimente une querelle symbolique et diplomatique avec Constantinople[77],[78].

Cette querelle est amplifiée par l'arrivée au pouvoir de Georges Ier de Trébizonde entre 1266 et 1280. Longtemps obscur, son règne voit l'affirmation d'une politique opposée à l'Empire byzantin, à la papauté autant qu'aux Mongols. Cette orientation lui vaut de nombreuses oppositions, dont celle de son suzerain, le khan Abaqa. Il est finalement trahi par une partie de l'élite trapézontine, opposée à sa politique et possiblement assassiné[79],[80].

Le pouvoir revient alors à Jean II Grand Comnène, plus favorable à Constantinople autant qu'à Rome et plus respectueux de la tutelle mongole, non sans être contesté au début de son règne[81]. Pour légitimer son autorité, il épouse une fille de Michel VIII Paléologue, ce qui symbolise un rapprochement avec Constantinople et l’Empire byzantin restauré. Le traité byzantino-trapézontain de 1282 entérine l'abandon de la prétention à la continuité impériale par les souveraines de Trébizonde. Quand il se rend à Constantinople, Jean II revêt la tenue des despotes, le titre venant immédiatement après celui d'empereur. Cette union permet ainsi de mettre un terme temporaire aux querelles de préséance impériale, même si le souverain trapézontin continue à revendiquer le titre impérial. Dès son retour, Jean II reprend la titulature d'Empereur et autocrate de tout l’Orient, des Ibériens, et des provinces de Transmarine. Parallèlement, il mène une politique active en direction de la Géorgie et des principautés caucasiennes, consolidant les alliances matrimoniales qui sont l’un des ressorts essentiels de la diplomatie trépontine[82].

À la mort de Jean II, son fils Alexis II monte sur le trône en 1297. Son long règne, qui s’étend jusqu’en 1330, correspond à une nouvelle phase de stabilité relative et de prospérité économique. Alexis II s’appuie sur les revenus du commerce caravanier et maritime : Trébizonde continue à être le débouché principal de la route de Tabriz, contrôlée par les Mongols de Perse[83]. Il maintient la vassalité envers les Mongols, ce qui garantit la sécurité des échanges. Dans le même temps, il entretient des relations étroites avec les républiques italiennes, en particulier Gênes et Venise, qui installent des colonies marchandes dans le port. Cette présence favorise un cosmopolitisme croissant de la capitale, mais accentue aussi la dépendance économique vis-à-vis des Latins[84]. Trébizonde, ne disposant pas de flotte importante et capable de rivaliser avec les Génois, ne pouvait dans un premier temps que profiter de ce dynamisme. Mais l'Empire doit toutefois vite composer avec un rival de plus en plus encombrant, et solidement implanté dans ses nombreux comptoirs tels que Caffa. C'est ainsi que sous le règne d'Alexis II (1297-1330), les Génois disposaient de leur propre forteresse à Trébizonde[85]. L'histoire de l'empire est ainsi émaillée de querelles, d'escarmouches et de traités entre Grecs et Italiens, tournant tantôt à l'avantage des uns, tantôt à l'avantage des autres. Il serait cependant erroné de croire que Trébizonde, en accordant des concessions à Gênes, s'en trouvait spoliée de bénéfices potentiels : les Comnène ne peuvent pas rivaliser avec l'efficacité du commerce des Italiens, et ils tirent de substantiels revenus de leur présence. En outre, ils utilisent avec des résultats inégaux les rivalités entre la république de Gênes et Venise pour maintenir un équilibre avantageux en mer Noire[86].

L'empire de Trébizonde traverse ainsi une période contrastée marquée par de nombreuses tentatives d'ingérence étrangères, que cela soit de la part des tribus turcomanes au sud[87], des Géorgiens à l'est[88] ou encore de Byzance ; Andronic II Paléologue multiplie les intrigues pour faire revenir ce petit empire excentré dans le giron constantinopolitain[89].

Troubles

Carte de la Méditerranée orientale vers 1350.
Carte figurant l'empire de Trébizonde vers 1350.

Une succession troublée (1330-1349)

À la mort d’Alexis II en 1330, son fils Andronic III de Trébizonde lui succède. Son règne est bref et agité : il doit composer avec une aristocratie locale puissante et divisée, dont les factions dominent la vie politique. La mort prématurée d’Andronic en 1332 ouvre une ère d’instabilité dynastique[90].

Ses successeurs immédiats, Manuel II de Trébizonde (1332) puis Basile Ier de Trébizonde (1332-1340), ne parviennent pas à imposer leur autorité. Basile, marié à Irène, une princesse byzantine de la maison Cantacuzène, est contesté à la fois par la noblesse pontique et par le clergé local, qui voient dans ces alliances une dépendance accrue vis-à-vis de Constantinople[91]. Après sa mort, la régence d'Irène provoque de nouvelles luttes entre factions aristocratiques[92].

Ces querelles aboutissent en 1340-1349 à une véritable guerre civile : plusieurs prétendants s’affrontent pour le trône, instrumentalisant les rivalités entre familles aristocratiques comme les Kabazites, représentants de la noblesse locale ou les Scholarios, proches des Comnènes venus à Trébizonde, même si cette dichotomie est aujourd'hui contestée au profit d'alliances plus fluides[93],[94]. Le pouvoir impérial apparaît affaibli et parfois captif des clans locaux. Eastmond souligne que cette période révèle un fonctionnement quasi oligarchique, où les grands lignages contrôlent non seulement les alliances politiques mais aussi le mécénat religieux, ce qui fragilise le pouvoir impérial[95]. Les Turcs, profitant de la faiblesse de l'empire, font la conquête d'Oinoé et mettent le siège devant Trébizonde, puis les Génois s'emparent de Cérasonte[96], et enfin la peste noire, partie de Caffa, ravage Trébizonde et les autres cités pontiques[97].

La restauration d’Alexis III (1349-1390)

Alexis III à la fondation symbolique du monastère de Dionysiou sur le mont Athos.

La crise est résolue en 1349 avec l’accession au trône d’Alexis III Grand Comnène après l'abdication de l'incapable Michel de Trébizonde[98]. Le règne du nouvel empereur, qui dure plus de quarante ans, marque un retour à une certaine stabilité. Alexis III parvient à rétablir l’autorité impériale, en s’appuyant sur des mariages diplomatiques et en multipliant les fondations religieuses qui renforcent sa légitimité[99].

Sur le plan économique, il profite du dynamisme commercial lié aux Génois et aux Vénitiens, qui contrôlent désormais une part importante des échanges en mer Noire. Le port de Trébizonde prospère comme étape de la route de Tabriz, mais cette richesse profite en grande partie aux colonies marchandes latines installées dans la ville[100].

Sur le plan diplomatique, Alexis III renforce les alliances caucasiennes et tente de contenir la pression des émirats turcomans, en particulier celui des Turkmènes de Sinope et des Ak Koyunlu. La politique matrimoniale joue un rôle central : ses filles sont mariées à des princes musulmans ou caucasiens, consolidant un équilibre régional fragile[101]. Eastmond insiste sur l’usage du mariage comme outil diplomatique, mais aussi comme mise en scène idéologique : les alliances matrimoniales, tradition de la diplomatie trapézontine, servent également à renforcer l’image impériale dans un empire où le pouvoir reste fragile[102].

Le XVe siècle : menaces extérieures et isolement croissant

Carte de la Méditerranée orientale vers 1450.
Carte figurant l'Empire byzantin avant sa chute vers 1450 et l'empire de Trébizonde, les deux États byzantins de plus en plus menacés par l'Empire ottoman.

Malgré ce rétablissement, le XIVe siècle demeure une période de fragilisation. La puissance mongole, dont dépendait la sécurité de l’Empire, se délite progressivement. L’Anatolie orientale est morcelée entre émirs turcomans qui lancent des incursions fréquentes contre le territoire trapézontin[103].

Au début du XVe siècle, l’empire de Trébizonde n’est plus qu’un État côtier centré sur la capitale et la bande littorale du Pont, bordée par les vallées de la Matzouka et de la Chaldie. Alexis IV, monté sur le trône en 1417 après une période de troubles dynastiques, restaure une stabilité interne et un prestige diplomatique. Sous son règne, il tente de maintenir la prospérité commerciale grâce à la route de Tabriz, point d’arrivée des caravanes persanes, et à la présence active des Génois et Vénitiens dans le port. L’empereur entretient des relations suivies avec Constantinople, l’Arménie cilicienne déclinante et la Géorgie, et recourt à la diplomatie matrimoniale : sa fille Marie est mariée à Jean VIII Paléologue, empereur byzantin[104],[105]. En mer, la rivalité entre Gênes et Venise perturbe le commerce. Trébizonde devient un enjeu secondaire dans leur lutte pour le contrôle de la mer Noire, mais subit les effets des blocus et des guerres commerciales. Si la ville reste prospère, l’Empire en retire peu de bénéfices, ses revenus douaniers étant largement captés par les Latins[106].

Carte du Moyen-Orient vers 1450.
Carte de la Confédération du Mouton Blanc avec qui l'empire de Trébizonde tente de nouer une alliance.

Jean IV, fils d’Alexis IV, monte sur le trône après avoir participé à l’assassinat de son père – épisode qui illustre la fragilité des successions trapézontines. Son règne est marqué par un repli stratégique : le territoire se limite désormais à la zone côtière du Pont et aux vallées immédiates. La diplomatie vise avant tout à gagner du temps face à la poussée turcomane et à l’expansion ottomane. La menace turque, en effet, allait croissant à partir de la seconde moitié du XIVe siècle. Ce n'est plus tant celle des petits émirs turcs ou turcomans dont le pouvoir de nuisance est relativement limité pour une cité telle que Trébizonde, qui pouvait alarmer ses empereurs, mais celle d'une nouvelle puissance turque, les Osmanli. Si ce nouvel adversaire, après des victoires fulgurantes contre les Byzantins de Constantinople et les autres princes chrétiens des Balkans, a subi un véritable désastre à la bataille d'Ankara face aux Turcomans de Tamerlan en 1402, il ne s'en relève pas moins avec une vitesse stupéfiante, enlevant Thessalonique en 1430 et, surtout, conquérant Constantinople le , ce qui amène de nombreux réfugiés à Trébizonde[107]. Dès lors, l'Empire doit à tout prix trouver des alliés. Le concile de Florence de 1439, auquel ont participé des envoyés de l'empereur de Trébizonde dont l'humaniste Georges Amiroutzès[108] (mais aussi Jean Bessarion, comme envoyé de Constantinople, mais originaire de Trébizonde), qui a abouti à la proclamation de l'Union des Églises catholique et orthodoxe, n'a apporté qu'un espoir mitigé à Trébizonde : à Constantinople, Constantin XI Paléologue a proclamé le catholicisme le [109] et n'a reçu en retour qu'un maigre soutien de la part des Latins. Quant à Trébizonde, si l'union est formellement signée, elle n'est jamais appliquée[110].

Confronté à son éloignement des grandes puissances chrétiennes, Jean IV tente de se tourner vers l'Orient et les Turcomans du Mouton Blanc (en turc Ak Koyunlu), installés autour de Diyarbakir, et dont la puissance, en pleine ascension, est sans doute propre à rivaliser avec les Ottomans. Leur puissance parvient précisément à son faîte sous le règne d'Ouzoun Hassan (1453-1478)[111].

La politique matrimoniale de Trébizonde s'est déjà tournée vers Ak Koyunlu par le passé : Alexis III a offert en mariage une de ses filles à Kara Yülük, prince de cette même horde[112]. Jean IV fait de même avec l'une de ses filles, Despina Hatun (de son vrai nom, Théodora), qui devient particulièrement connue comme incarnation de la princesse byzantine. Au-delà, Jean IV espère probablement nouer une alliance avec les princes chrétiens du Caucase voire avec les émirs turcs encore autonomes comme les Karamanides[113]. Une véritable ligue s'est ainsi constituée lorsque meurt Jean IV, en 1458[114]. Son frère et successeur, David II, après avoir écarté son jeune neveu Alexis V, poursuit sa politique, s'efforçant de consolider l'alliance avec le souverain d'Ak Koyunlu, son neveu par alliance, mais recherchant également de l'aide en Occident auprès des deux plus ardents partisans de la croisade de ce temps : le pape Pie II et le duc de Bourgogne, Philippe le Bon[115]. Si l'enthousiasme des Latins est grand, les ambassades de David ont des résultats pratiquement nuls[116].

Conquête ottomane

Carte de la Crimée vers 1450.
Crimée vers 1450.

Face à ces tentatives de Trébizonde de susciter des alliances, tant en Orient qu'en Occident, l'attention de Mehmed II finit immanquablement par se diriger sur le petit empire isolé. Après avoir pris Constantinople, le souverain turc a liquidé le despotat de Morée en 1460, dernier réduit de l'Empire byzantin dans le Péloponnèse. La prise de Trébizonde s'inscrit donc dans la suite logique de l'affirmation impériale ottomane. Dès 1456, le souverain turc envoie une puissante armée contre Trébizonde, qui ne parvient pas à percer les murailles mais ravage les alentours et obtient le paiement d'un tribut[117]. Décidé à anéantir Trébizonde, Mehmed II établit un plan qui lui permet de se débarrasser successivement de tous les alliés potentiels des Comnène, prenant Amastris à Gênes, et poussant l'émir de Sinope à la capitulation. Face à Ouzoun Hassan, il oscille entre menace et apaisement et parvient à le séparer de David II de Trébizonde[118]. La cité des Comnène se retrouve à peu près seule face aux Ottomans[119]. Ces derniers montent une grande expédition, terrestre et maritime, en 1461. Parvenus aux pieds des murailles de Trébizonde, les Turcs y mettent le siège et envoient à David une proposition de capitulation avec la promesse que ses sujets seraient épargnés et que sa famille et lui conserveraient leur fortune[120]. Encouragé par ses conseillers, David accepte. À une date inconnue mais généralement située vers le milieu du mois d'août 1461[121], Mehmed II entre en grande pompe dans Trébizonde conquise, marquant la fin définitive de la domination grecque dans le Pont[119].

David II de Trébizonde et les siens sont pourvus d'une rente et envoyés à Andrinople. Mais l'empereur déchu constite indubitablement une menace latente pour Mehmed II. En 1463, prenant prétexte d'une lettre compromettante de Théodora, sa nièce, l'épouse d'Ouzoun Hassan, reçue par David, Mehmed accuse ce dernier de trahison[122]. Il promet la vie sauve à David s'il se convertit à l'islam, mais comme celui-ci refuse, il est exécuté[122], ainsi que ses trois fils et son neveu, le [123], anéantissant la lignée directe des Comnène de Trébizonde[124]. La petite principauté de Théodoros en Crimée devient alors le dernier réduit d'une présence byzantine autonome[125].

Une partie de la noblesse de Trébizonde parvient à s'intégrer à la société de Constantinople, parmi les Phanariotes ; une autre partie se réfugie dans les principautés roumaines de Moldavie et de Valachie. Pour autant, la conquête ottomane ne marque pas de bouleversements fondamentaux sur les structures sociales de la région pontique et l'Empire ottoman intègre une partie de la notabilité locale, à l'image de Georges Amiroutzès, principal conseiller de David Comnène qui rentre au service du sultan. Trébizonde devient la capitale d'un sandjak, rattachée au beylerbey d'Anatolie et conserve une vocation commerciale affirmée[126].

Représentation du siège et de la prise d'une cité médiévale.
Représentation de la chute de Trébizonde par Apollonio di Giovanni sur un cassone.

Économie et commerce

Peinture représentant la construction d'un entrepôt dans une ville de la fin du Moyen Âge.
Construction d'un entrepôt par les Génois de Trébizonde, fresque de Luca Cambiaso, peinte en 1571.

Trébizonde, plaque tournante des échanges eurasiatiques

Située à la jonction entre l’Anatolie, le Caucase et la Perse, Trébizonde s’impose dès le XIIIe siècle comme une plaque tournante du commerce international, qualifiée par Wilhelm Heyd de « vestibule de l'Asie centrale »[127]. La ville constitue le débouché maritime de la route caravanière de Tabriz, en Perse, devenue capitale des Ilkhanides, qui concentre les échanges de soieries, d’épices, de pierres précieuses et de produits orientaux à destination de l’Europe méditerranéenne[128].

Les caravanes traversent l’Azerbaïdjan et le plateau anatolien avant de parvenir au port de Trébizonde, d’où les marchandises sont redistribuées par les marchands génois, vénitiens et byzantins. En sens inverse, des produits européens — draps de laine, argent, armes, objets de luxe — rejoignent l’Orient par la même voie. Ce commerce est surtout florissant au XIIIe siècle mais décline au siècle suivant, en lien avec la dépression économique liée à la peste noire, ainsi que la désagrégation du khanat des Ilkhanides. Un commerce plus local s'affirme alors, avec les marchands italiens, autour de l'alun, du vin et des noisettes. À la différence d'autres ports de la mer Noire, comme Caffa, Trébizonde est peu concernée par le trafic d'esclaves[129].

L’intégration dans les réseaux marchands et le déclin

Portrait de Marco Polo.
Mosaïque de Marco Polo dans le palais municipal de Gênes. Le voyageur italien fait étape à Trébizonde sur son trajet.

L’intégration de Trébizonde aux circuits méditerranéens s’intensifie après 1261, lorsque le traité de Nymphée accorde à Gênes des privilèges commerciaux en Orient. Les Génois, qui ont la prééminence en mer Noire, s’installent dans le port avec un quartier réservé, bientôt imités par les Vénitiens. La ville devient un espace de concurrence entre Latins, qui se disputent le contrôle des routes pontiques[106]. Les relations avec Caffa (Théodosie), en Crimée, sont particulièrement étroites : Trébizonde exporte vers ce grand comptoir génois les produits du commerce persan, qui sont ensuite acheminés vers l’Europe centrale et occidentale[130]. La république de Venise, plus implantée en mer Méditerranée, affirme malgré tout sa présence à Trébizonde, en particulier au XIVe siècle où elle reçoit de l'Empire des concessions fiscales et économiques. La mer Noire forme ainsi un vaste réseau articulant Trébizonde, Caffa, Constantinople et l'ensemble des comptoirs italiens[131].

La prospérité de l’Empire repose largement sur cette fonction d’intermédiaire, permise par ailleurs par la prééminence mongole dans le cadre de la Pax Mongolica qui facilite les échanges. Les voyageurs occidentaux, tels que Marco Polo ou Ruy González de Clavijo, en font une étape sur leur périple et décrivent une ville animée, cosmopolite et riche, où se rencontrent Grecs, Latins, Arméniens, Persans et Turcs. Les revenus de l’État proviennent des droits de douane perçus sur les marchandises transitant par le port, qui représentent une part essentielle des finances impériales[132].

À partir du XIVe siècle, cependant, cette prospérité connaît une érosion progressive. D’une part, la rivalité entre Gênes et Venise détourne une partie des flux, et les guerres commerciales en mer Noire perturbent les circuits traditionnels. D’autre part, les bouleversements politiques en Perse et en Anatolie — fragmentation mongole, incursions turcomanes, montée des Ottomans — fragilisent les routes caravanières[133]. Lorsque Tabriz décline comme centre marchand au profit d’autres villes iraniennes, Trébizonde perd une partie de son rôle d’intermédiaire, ce qui accélère son affaiblissement au XVe siècle[134],[135].

La monnaie

L’économie de Trébizonde repose aussi sur une production monétaire spécifique. Les empereurs frappent principalement des aspres en argent, imités du modèle byzantin mais aussi proches par leur métrologie des pièces seldjoukides, mais ne s'engagent pas dans des émissions en or, rompant avec une tradition forte de la numismatique byzantine. Cette particularité s'explique par la présence de mines d'argent dans l'empire de Trébizonde, même si celui-ci doit également en importer[136]. Par ailleurs, les échanges du quotidien se font beaucoup avec des pièces en cuivre mais celles-ci sont rares dans les collections des numismates. Ces monnaies circulent dans le Pont, mais aussi dans les réseaux commerciaux de la mer Noire, de l'Anatolie et de Crimée, jusque dans le Caucase où les souverains géorgiens s'en inspirent pour leurs propres monnaies[137]. Leur iconographie, souvent marquée par des références religieuses, participe à la fois à l’économie et à l’idéologie impériale, laquelle souffre néanmoins du statut parfois précaire d'un Empire souvent tributaire de ses voisins et qui se dispense de titres impériaux trop solennels sur les pièces de monnaie[138]. Les pièces font souvent figurer saint Eugène, considéré comme le saint patron de Trébizonde et, à partir de la fin du XIIIe siècle, les empereurs sont représentés à cheval, peut-être en lien avec l'influence mongole. Au fil du XIVe siècle, l’affaiblissement économique se traduit par un appauvrissement de la frappe, souvent de médiocre qualité et par une diffusion accrue de monnaies latines et turques dans la région[139].

Les activités économiques locales

Photographie d'une noisette.
Photographie de noisettes de Byzance.

Au-delà du commerce international, l’économie de l’Empire repose sur des ressources locales diversifiées. L’arrière-pays produit du bois, du miel, du vin et des fruits, qui alimentent les marchés régionaux. Les montagnes du Pont fournissent des métaux, notamment du fer et du cuivre. Les activités pastorales, en particulier l’élevage ovin, fournissent laine et peaux[140]. En revanche, la production de blé peine à être suffisante sur les terrains escarpés de la région et l'Empire en importe beaucoup du nord de la mer Noire, de même que le caviar et le sel[141],[142]. Le vin de la région trapézontine est particulièrement renommé[143], tandis que les noisettes font l'objet d'une production autant que d'une consommation et d'une exportation importantes[144]. Comme dans l'essentiel des régions méditerranéennes, l'huile d'olive est aussi produite en abondance. D'autres cultures réservées à la consommation locale sont évidemment présentes, comme celle de fruits (pommes, abricots, prunes...), de même que le bétail pour la viande[145]. Le commerce maritime régional relie Trébizonde aux ports du Caucase et de la Crimée, exportant des produits agricoles et artisanaux vers la mer Noire septentrionale. Ces échanges complètent les grands flux caravaniers et assurent la subsistance quotidienne de la capitale. L'artisanat est largement spécialisé dans le soutien à cette activité commerciale, qu'elle soit terrestre ou maritime[141]. Une production locale de textiles semble également présente, s'appuyant probablement sur les flux commerciaux liés au commerce de la soie et d'autres produits. Le lin paraît être utilisé assez abondamment et la teinturerie relativement réputée[146]. Enfin, la pêche permet la consommation d'anchois, de chinchards et de pélamides[74].

Société

La société de l’empire de Trébizonde reste structurée selon le modèle byzantin : au sommet se trouve l’empereur, entouré de la cour et des dignitaires, tandis qu’une aristocratie puissante — familles locales et lignages caucasiens alliés — joue un rôle décisif dans la vie politique. Les factions aristocratiques, comme les Kabazites ou les Scholarios, exercent souvent un pouvoir parallèle, notamment au XIVe siècle lors des guerres civiles[95]. Les Scholarios sont alors l'exemple d'une noblesse urbaine, en partie issue d'autres régions du monde byzantin et les Kabazites ou Kabazitai, l'un des clans autochtones les plus implantés, en particulier dans les zones montagneuses de l'arrière-pays. Souvent considérées comme opposées par nature, Anthony Bryer a renouvelé la vision de ces factions, qui peuvent s'allier ou se combattre selon les moments, pour maintenir leur influence au sein de la cour impériale[94].

À côté de cette élite, la société se compose de clercs, de soldats et d’une paysannerie nombreuse, souvent dépendante de grands domaines aristocratiques ou monastiques. Il est difficile d'établir précisément la taille de la population de l'Empire mais Anthony Bryer donne une estimation entre 200 000 et 250 000 habitants[147].

Les communautés étrangères

La position géographique de Trébizonde, entre le monde grec, caucasien, musulman et latin, attire de nombreux étrangers. Ainsi, les Actes de Vazelon, qui recouvrent l'essentiel de la période historique de l'empire de Trébizonde, citent des individus qui, dans 60 % des cas, ont des patronymes non grecs[148]. Au sein de l'Empire, les « Orientaux » (Turcs, Perses, Kurdes, Mongols, Coumans) forment la part la plus nombreuse[149],[150]. Installés dès le XIIIe siècle, ils apparaissent comme paysans ou artisans dans l’arrière-pays, notamment autour de la Matzouka. Certains accèdent à des charges administratives, mais la majorité demeure dans les couches modestes, l'aristocratie étant largement fermée[151]. Les nomades turcomans (Çepni, Aqquyunlu) s’installent aux confins du territoire et représentent une menace récurrente par leurs incursions[152].

Les Latins, beaucoup moins nombreux, bénéficient d’un prestige supérieur. Les marchands génois et vénitiens dominent le commerce maritime, tandis que quelques individus obtiennent de hautes charges dans l’administration ou l’armée impériale. Le protostrator Domenico D’Allegro ou le megas mesazon Girolamo di Negro illustrent cette intégration élitaire[150]. Cependant, des conflits récurrents éclatent entre la population locale et celle des comptoirs italiens, dont les facilités fiscales provoquent exaspération et jalousie, de même que la maîtrise plus grande des outils du commerce par les Italiens. Plusieurs fois, ces comptoirs sont attaqués et pillés par les habitants, soutenus parfois par des Lazes ou des Turkmènes, ce qui conduit régulièrement à des représailles de Gênes et de Venise[153].

Les Arméniens sont également particulièrement présents dans l'Empire et leur population semble augmenter. Un évêque arménien représente d'ailleurs l'Église apostolique arménienne dans l'Empire et plusieurs églises de ce rite sont construites le long du rivage pontique, à l'instar du monastère de Kaymaklı bâti à partir de 1424[154].

Cette diversité aboutit à une société cosmopolite mais hiérarchisée. À la différence des autres régions de l'Anatolie, l'empire de Trébizonde joue un rôle protecteur pour la communauté grecque et les éléments turcs qui y pénètrent y sont souvent assimilés au moins partiellement[155],[156],[157].

Urbanisme et vie urbaine

Plan de Trébizonde.
Plan de Trébizonde.

La région de Trébizonde est historiquement l'une des plus peuplées de l'Empire byzantin[158], avec plusieurs cités portuaires. La capitale, Trébizonde, est le cœur politique et économique de l’Empire. La ville s’organise autour de trois enceintes successives : la forteresse haute (acropole), siège du palais impérial aujourd'hui disparu et de la cour ; la ville médiane, où se trouvent les principales églises, le quartier aristocratique et administratif ; et la ville basse, qui accueille le port, les marchés et les quartiers étrangers[159].

L’urbanisme traduit la vocation commerciale de la cité : le port constitue le centre vital, animé par la présence des Génois et des Vénitiens qui disposent de comptoirs et de quartiers réservés. Les marchés proposent une grande variété de produits, depuis les soieries persanes jusqu’aux productions locales (vin, bois, miel). La population urbaine est hétérogène : aristocrates, clercs, marchands grecs et latins, artisans, mais aussi de nombreux étrangers installés de façon plus modeste[151].

La vie religieuse rythme l’espace urbain : de nombreuses églises parsèment la ville, financées par l’empereur, l’aristocratie ou les corporations. La capitale conserve ainsi un caractère résolument byzantin, bien que marquée par le cosmopolitisme. Il est difficile d'évaluer la taille de la population de la ville. Selon un rapport de Pedro Tafur, qui livre un récit de son voyage dans la région vers 1440, Trébizonde ne serait peuplée que de 4 000 âmes mais l'Empire est alors déjà profondément déclinant[160].

La vie rurale

L’arrière-pays de Trébizonde, notamment la région de Matzouka, constitue le socle économique et humain de l’Empire. Les villages, installés dans les vallées du Pont, vivent essentiellement de l’agriculture et de l’élevage : céréales, vignes, arbres fruitiers et surtout élevage ovin fournissent les produits de base. Les forêts du Pont offrent bois et miel, tandis que les montagnes procurent des minerais (fer, cuivre) exploités à petite échelle[161].

La vie villageoise s’organise autour de communautés rurales solidaires, souvent liées à des monastères qui jouent un rôle central dans la structuration sociale et économique. Les monastères disposent de vastes domaines agricoles exploités par des paroikoi (paysans dépendants), qui doivent fournir des corvées ou un tribut en nature. En retour, ces établissements assurent une protection et un encadrement religieux, tout en étant généralement fortifiés pour fournir des points d'appui défensifs[162].

Le modèle villageois reflète une organisation en petites unités familiales regroupées autour de l’église paroissiale, reflétant le modèle byzantin traditionnel qui tend à s'affaiblir dans l'Empire byzantin proprement dit[163]. La communauté décide collectivement de la gestion des pâturages, des forêts et des terres communes, sous le contrôle de notables locaux parfois liés à l’aristocratie ou à l’administration impériale. Dans l'ensemble, les grandes propriétés terriennes semblent avoir été relativement peu nombreuses, même si elles se renforcent au fur et à mesure du temps. Aux côtés de ces grands domaines, surtout présents sur les contreforts du Caucase mal contrôlés ou sur la frontière où dominent des archontes, il demeure un important contingent de petits paysans propriétaires de leurs terres. En cela, le paysage foncier reflète la topographie d'un territoire cloisonné[147],[74].

Enfin, il ne faut pas négliger le rôle de l'État comme propriétaire terrien d'importance, acquérant des domaines par la confiscation, parfois pour les confier à certaines familles alliées du pouvoir, faisant de ces domaines une source de revenus complémentaires, tout en étant plus secondaires[164].

Administration

L'empire de Trébizonde doit sa nature impériale à sa prétention initiale à la succession de l'Empire byzantin, qui s'effondre en 1204. Il est alors en concurrence avec le despotat d'Épire et l'empire de Nicée, lequel est généralement considéré comme le continuateur de l'Empire byzantin, car il reprend Constantinople en 1261. Pour autant, cette prétention impériale survit à Trébizonde jusqu'à sa chute, même si elle s'atténue après 1261[165].

Administration centrale

Représentation d'une fresque représentant trois personnages en tenues de fastes.
Reproduction par Charles Texier d'une fresque du monastère de la Panagia Theoskepastos, représentant Alexis III de Trébizonde flanqué, à sa droite de sa mère, Irène de Trébizonde et, à sa gauche, de sa femme, Théodora Cantacuzène.

L'administration centrale de l'Empire se rapproche de la tradition politique byzantine, avec le rôle cardinal joué par l'empereur. Le souverain concentre les fonctions législatives, militaires et religieuses, étant protecteur de l’orthodoxie et chef de l’administration et affirme une autorité universelle, qui contraste avec la réalité de l'emprise territoriale de l'Empire[166]. Sa titulature, évolutive, symbolise les contradictions d'un universalisme soumis à la réalité des faits. Après le traité byzantino-trapézontain, si le souverain conserve sa prétention au titre d'empereur, c'est non plus à celui des Romains mais de tout l'Orient, de l'Ibérie et des provinces ultra-marines, ces titres étant eux-mêmes largement formels, tant la souveraineté trapézontine sur la Crimée et l'Ibérie est théorique[167]. En outre, les empereurs se font appeler Grand Comnène. L'ajout de l'épithète « Grand » (Mégas) a donné lieu à certains débats entre historiens, certains comme Vasiliev y voyant une preuve de la revendication du titre impérial byzantin, d'autres comme Fallmerayer une manière orientale d'imposer la crainte à leurs sujets. Odysseus Lampsidis préfère y voir l'affirmation de la glorieuse ascendance de cette famille, qui peut à elle seule justifier ses prétentions impériales[168]. Plus largement, le fait que les Comnènes restent sur le trône sur l'ensemble de la période est une particularité notable de l'empire de Trébizonde[N 3], dans un univers politique byzantin souvent relativement propice aux changements dynastiques. Ce facteur témoigne de la grande légitimité de cette famille à occuper la fonction suprême, y compris auprès d'une aristocratie parfois contestataire mais jamais au point de renverser cet ordre des choses malgré plusieurs guerres civiles. En revanche, le principe de primogéniture n'a qu'une valeur relative et favorise des conflits au sein même de la famille des Comnènes[169],[170].

Dans une forme de parallélisme avec l'ordre politique byzantin, l'empereur est conseillé par plusieurs fonctionnaires de haut rang, en particulier le mésazon, sorte de premier ministre dans l'Empire byzantin tardif, le protostrator, sorte de général en chef[150] ou bien encore le mégaduc, le grand amiral. Le grand logothète fait figure de chef de l'administration, à l'instar de Georges Amiroutzès, le dernier à occuper cette charge. D'autres fonctions communes à l'Empire byzantin existent, à l'instar du protokynegos, du nomophylax ou bien encore du stratopédarque, toutes accaparées à des degrés divers par l'aristocratie impériale[171]. Des sources qui subsistent, il apparaît que l'Empire reprend également le système de la pronoia, sans l'ampleur qu'elle a eu dans l'Empire byzantin[172].

En dépit de cette proximité avec l'organisation impériale byzantine, l'empire de Trébizonde affirme une certaine originalité dans sa construction politique et culturelle. Si un mimétisme existe, jusque dans la construction de l'église Sainte-Sophie de Trébizonde qui semble reprendre le programme iconographique de l'église des Saints-Apôtres de Constantinople, Antony Eastmond a montré les spécificités d'une idéologie impériale pontique[173]. Celle-ci explique les originalités de l'architecture et de la décoration des églises fondées à Trébizonde, comme symboles d'un Empire en exil, adapté à un monde frontalier et d'interfaces[174]. À défaut de disposer d'une réelle puissance politique et militaire, les souverains de Trébizonde insistent sur la dimension régionale, spirituelle et historique de leur légitimité[175]. Pour autant, tenant compte du fait que l'Empire byzantin a de fait une forme de préséance, l'empire de Trébizonde adapte certains pans de son administration, notamment la promulgation d'édits impériaux, à cette réalité[171].

Administration locale

Alexis III et sa femme Théodora Cantacuzène, d'après le chrysobulle donné par l'empereur au monastère de Dionysiou.

En-dehors de l'administration centrale, il existe une administration locale, adaptée à la taille réduite de l'Empire. Il est subdivisé en une dizaine de districts, appelés bandai en grec, une unité traditionnelle de l'armée byzantine[176]. Ces circonscriptions recouvrent les rivières, fleuves et leurs vallées, composant autant d'unités fiscales. La frontière est ténue entre ces entités administratives et les clans familiaux et locaux, dirigés par des archontes, qui souvent tiennent les bandai, principalement rurales. Les villes sont dirigées directement par des représentants du pouvoir impérial, tandis que les percepteurs jouent un rôle important dans l'administration de l'Empire. Dans les bandai, ils sont représentés par les praktôres, chargés de collecter l'impôt pour alimenter le vestiarion, le trésor impérial[177].

Au-delà des praktôres, qui collectent les impôts locaux, l'essentiel des revenus fiscaux de l'Empire vient des droits de douane, en lien avec l'importance du commerce dans la vie de l'Empire. Ces droits sont notamment collectés à Trébizonde[177].

Les sources sur la justice trapézontine sont rares. On sait néanmoins que l’empereur conserve un rôle judiciaire suprême, tandis que des juges locaux, sans doute inspirés du modèle des kritai byzantins, arbitrent les litiges civils et fonciers. Les monastères, par le biais de leurs domaines, disposent également d’une justice seigneuriale interne, arbitrant les différends entre paysans dépendants[178]. En parallèle de ces structures administratives formelles, la vie rurale semble donner un rôle important à ses membres les plus âgés, les gérontes, qui ont une forme d'autorité locale, notamment pour des arbitrages en cas de disputes[179].

Armée

Photographie de remparts médiévaux.
Les remparts de Trébizonde surplombant l'aqueduc Eugénius, exemples de dispositif défensif de l'empire de Trébizonde.

À l'exception de la brève expansion du début du XIIIe siècle, qui s'arrête à quelques dizaines de kilomètres de Constantinople, les frontières de l'empire de Trébizonde sont globalement stables ou en régression progressive. De ce fait, l'appareil militaire est principalement défensif et adapté aux particularités géographiques d'un État globalement moins fort que ses voisins, ce qui explique également la prépondérance de la diplomatie. Ainsi, la vassalité mongole après 1243 fournit une protection stratégique et une respiration économique, mais elle entérine un profil militaire défensif : Trébizonde évite l’affrontement frontal et investit dans ses places et sur sa géographie protectrice[180],[181].

Au XIVe siècle, la pression se déplace vers les émirats turcomans ; l’Empire privilégie les alliances matrimoniales et le paiement de tributs à défaut d’une armée de campagne nombreuse. L'Empire est alors souvent l'objet de raids meurtriers, lors desquels les Turcs tentent à la fois de se constituer un butin et des prisonniers[182],[103].

La stratégie trapézontine exploite au maximum la géographie pontique : chaînes pontiques cloisonnées, vallées étroites, ravins bordant la capitale. Les campagnes offensives sont rares ; les tactiques de l'armée trapézontaine consistent à harceler, canaliser l'envahisseur et gagner du temps jusqu’aux murailles de la capitale. La défense trapézontine face à la campagne seldjoukide commandée par Kay Kâwus Ier constitue le modèle de ces opérations. Celui-ci agit en représailles d'un conflit qui oppose Andronic Gidos au gouverneur de Sinope. Le sultan turc s'enfonce vers Trébizonde et l'empereur préfère user la colonne turque dans les défilés en refusant une bataille rangée d'envergure. Ainsi, il met en échec une avant-garde supérieure en nombre, puis se replie derrière les murs de sa capitale abondamment approvisionnée, rendant tout siège long et coûteux. La conjonction de conditions météorologiques défavorables et d'un assaut infructueux sur les murailles de Trébizonde entraîne la défaite des Turcs[183]. Cette stratégie défensive — défense des passes, attrition en montagne, refuge urbain — reste constante jusqu’au XVe siècle : face aux Ottomans, ce schéma ne fonctionne plus, l'armée et la flotte trapézontaines ne pouvant affronter une armée et une flotte moderne[119].

Autour de Trébizonde, Bryer et Winfield inventorient un réseau de sites fortifiés et d’églises-postes jouant de vigies et de refuges pour verrouiller les vallées débouchant sur le rivage ; ces jalons complètent la ligne monastique (Vazelôn, Soumèla, Peristera), qui structure aussi la société rurale et les circulations, tout en constituant des refuges en cas de raids turkmènes[162]. Sur la frontière, la défense semble être en partie déléguée à quelques grandes familles, comme les Kabazitès, qui assurent l'entretien de fortins adaptés à la géographie tourmentée de l'arrière-pays[184].

État côtier, Trébizonde entretient une flotte adaptée à la guerre de course, l’escorte et la police du cabotage. Seul un nombre limité de galères de taille substantielle semble à la disposition de l'empereur. Cette flotte est commandée par des officiers qui conservent des titres byzantins : mégaduc (amiral en chef), protostrator (souvent à la tête des moyens navals dans les textes trépontins tardifs). Les sources prosopographiques attestent l’emploi d’Italiens aux fonctions de commandement : en 1429, le Génois Domenico D’Allegro devient protostrator (chef de flotte) ; en 1437, Girolamo di Negro conduit une opération navale contre des pirates génois, capture un navire et emprisonne son capitaine à Trébizonde[150],[185].

Dans l'ensemble, les effectifs demeurent modestes et reposent sur la mobilisation de troupes locales, qui se fait sur la base des bandas, tandis qu'une milice de nuit est attestée à Trébizonde, vraisemblablement aussi utilisée pour des missions de police[186],[187]. En complément, l'Empire mobilise des contingents de mercenaires. Quoi qu'il en soit, la modestie des moyens militaires limite les possibilités de l'empire, le privant d'armée de campagne[188]. Ainsi, en 1365, l'Empire ne semble en mesure de mobiliser qu'une force de 2 000 fantassins et cavaliers[189].

Diplomatie

Portrait de profil d'une princesse.
Théodora Comnène (Despina Hatun) par Pisanello, est l'exemple de la princesse de Trébizonde, mariée à un puissant voisin de l'Empire où elle exerce une influence réelle.

La diplomatie occupe une fonction clé dans la survie d'un empire exigu, entouré de voisins souvent plus puissants. Par ailleurs, elle s'adapte à un environnement marqué par son hétérogénéité culturelle, entre peuples turco-mongols musulmans, la Géorgie chrétienne orientale, la présence de plus en plus forte des républiques maritimes italiennes et des relations plus lointaines avec l'Empire byzantin voire l'Occident chrétien. Pour assurer son existence, la diplomatie trapézontine utilise différents leviers[190]. À l'instar de nombreux autres États, les mariages sont régulièrement utilisés pour nouer des alliances. Certaines princesses de Trébizonde en viennent à obtenir une réelle notoriété en plus d'être un outil de négociation pour l'Empire, d'autant que leur beauté serait devenue proverbiale[191]. Théodora Comnène dite « Despina Hatun » en est l'un des meilleurs exemples quand elle épouse le khan Ouzoun Hassan, rival de Mehmed II[N 4],[192]. Surtout, si l'Empire conserve la prétention devenue formelle de l'autorité universelle, il sait se placer sous la protection des Mongols quand ceux-ci deviennent la puissance dominante de l'Eurasie. Grâce à cette sujétion largement théorique car lointaine, l'Empire peut jouir d'une certaine paix et prospérité. Par ailleurs, l'existence de plusieurs États turcs en Anatolie, jusqu'à l'affirmation de la puissance ottomane, lui permet de profiter de ces divisions pour maintenir sa souveraineté. Des alliances matrimoniales sont d'ailleurs régulièrement conclues avec ces différents émirats turcs[193].

Avec l'Occident chrétien, l'empire de Trébizonde tente de nouer des contacts malgré la distance géographique. L'ambassade de l'empereur Manuel au roi Louis IX en constitue un exemple marquant. Au XVe siècle, l'enjeu est alors de faire venir des renforts chrétiens, voire une croisade, face à la puissance ottomane. Les liens sont également notables avec la papauté, malgré la distance religieuse et des émissaires trapézontins sont notamment présents au concile de Ferrare-Florence, là aussi pour favoriser une certaine unité chrétienne. L'Empire est aussi une étape courante sur le voyage de diplomates européens, à l'instar de Ruy González de Clavijo en 1403 ou d'une ambassade anglaise auprès des Mongols en 1292[9]. Les relations sont plus ambiguës mais également plus proches avec les républiques maritimes italiennes de Gènes et Venise, dont la prépondérance économique et navale crée régulièrement des frictions voire des conflits. Pour autant, les liens sont maintenus jusqu'au bout, y compris financièrement. Trébizonde accumule ainsi une dette importante auprès de la banque de Saint-Georges, symbole de la dépendance de l'Empire à l'égard des républiques italiennes, lesquelles profitent de leur situation dominante[194],[195].

La diplomatie trapézontine se tourne aussi vers les autres États orthodoxes. C'est le cas de la Russie, grâce à l'interface que forme la Crimée, qui permet des relations non seulement commerciales mais aussi religieuses. Des clercs de Trébizonde sont ainsi attestés en Russie, à Moscou et Novgorod. Au-delà, pour la Russie dont la puissance est naissante, Trébizonde autant que Constantinople deviennent des symboles de la chrétienté menacée par les Ottomans. Avec le royaume de Géorgie, les liens historiques sont forts mais sont moindres que certains historiens l'ont parfois supposé, du fait notamment de l'éclatement de la Géorgie en diverses entités et de sa soumission par les Mongols. Ainsi, l'empire de Trébizonde ne semble pas avoir réellement étendu son emprise sur des régions géorgiennes, à l'exception du thème frontalier de la Grande Lazie, de même qu'il n'a jamais été tributaire de la Géorgie[196].

Culture et religion

Vie culturelle

Photographie d'une fresque abîmée.
Vestige d'une fresque représentant le Jugement Dernier dans le monastère de Vazelon.

La langue officielle de l’Empire reste le grec byzantin, employé dans les documents, les chrysobulles et la chancellerie. Mais le grec pontique parlé localement intègre des emprunts turcs et persans, reflet de la proximité avec les populations orientales[197], tout en étant très proche du grec ancien[198]. En revanche, dans son mode d'expression officielle, la vie culturelle trapézontine est marquée par un certain archaïsme, tant dans le cérémonial aulique que dans les écrits populaires, folkloriques ou même formels comme les Actes de Vazélon, qui recèlent de traits d'expression archaïques[3].

Photographie d'une fresque dans un monastère.
Exemple de fresque de l'église Sainte-Sophie de Trébizonde, représentant les Noces de Cana.

La culture trapézontine reste largement byzantine et hérite grandement de ce modèle, tant dans l'enseignement que dans la vie intellectuelle. Celle-ci est particulièrement riche, eu égard à la taille de l'Empire, et des érudits s'intéressaient à une multitude de domaines comme la théologie, l'histoire, l'astronomie ou la rhétorique[199]. Plusieurs figures incarnent ce dynamisme et, plus largement, peuvent s'intégrer dans la renaissance Paléologue, un mouvement de richesse culturelle qui caractérise l'Empire byzantin finissant à Constantinople et dans les provinces subsistantes mais se déploie aussi jusqu'à Trébizonde. Malgré la distance et l'absence de frontière commune, les liens restent forts entre Trébizonde et le reste du monde byzantin[20]. Ainsi, Grégoire Choniadès quitte Constantinople pour Trébizonde à la fin du XIIIe siècle et se rend notamment en ambassade auprès des Ilkhanides pour y enrichir sa connaissance de l'astronomie et en rapporter de nombreux ouvrages et les traduire en grec. Il constitue ainsi une sorte de bibliothèque qui entretient un mouvement d'éducation et de connaissances qui dure jusqu'aux derniers temps de l'Empire, poursuivi par exemple par l'astronome et médecin Georges Chrysococcès[200]. Georges Amiroutzès est une autre figure de la vie intellectuelle de Trébizonde, cette fois au XVe siècle. Militant de l'union des Églises, il se fait aussi philosophe et homme d'État, tout en ayant apparemment de grandes connaissances en mathématiques. Il s'intègre d'ailleurs à la cour de Mehmed II après la chute de Trébizonde[201],[200]. D'autres noms peuvent être cités comme Georges de Trébizonde, Michel Panaretos, l'un des principaux historiens de l'Empire ou le poète Constantin Loukitès, tous liés à l'Empire[3],[202]. Enfin, l'homme le plus connu de cette communauté intellectuelle reste le cardinal Bessarion, lui aussi avocat de l'unionisme, membre de l'ambassade envoyée au concile de Bâle-Ferrare, il reste en Italie où il meurt en 1472, non sans avoir contribué significativement à la transmission des connaissances du monde byzantin vers le monde chrétien occidental[203].

Sur le plan architectural, l'Empire possède un certain dynamisme, en particulier sur le plan religieux, avec les nombreuses fondations d'églises et de monastères, tant par les empereurs que par l'aristocratie. Les églises se distinguent par leur plan classique, basilical et en forme de croix latine avec plusieurs absides arrondies. Si les fresques témoignent là aussi d'un certain classicisme, leur richesse demeure exceptionnelle et laisse parfois apparaître des innovations, notamment dans le raffinement, à l'instar de celles qui décorent l'église Sainte-Sophie de Trébizonde. Sur le plan laïc, de nombreuses forteresses parsèment également le territoire, en particulier à Trébizonde, ceinte de remparts massifs[20].

Dans l'ouvrage qu'il consacre à l'église Sainte-Sophie de Trébizonde, Antony Eastmond a mis en évidence la spécificité culturelle et politique de l'empire de Trébizonde, au travers de ses choix artistiques. Ceux-ci reflètent une forme de syncrétisme par la diversité des influences culturelles qui sont à l'œuvre. Également, Trébizonde affirme une autonomie spirituelle autant qu'une indépendance politique adaptée au contexte pontique[204].

Vie religieuse

Miniature représentant le martyr de plusieurs personnages.
Martyr d'Eugène de Trébizonde, Candide et Valérien. Le premier devient le saint patron de l'Empire.

L’Église de Trébizonde relève canoniquement du patriarcat de Constantinople : Trébizonde est un évêché attesté dès l’Antiquité tardive et une métropole à partir du IXe siècle. Après 1204, la métropole conserve son rang, reçoit en 1260 des droits spéciaux de gestion, et voit, aux XIVe et XVe siècles, des métropolites issus de villes conquises par les Turcs (Amasée, Néocésarée, Alanie, etc.) résider dans les villes du Pont, ce qui renforce le poids religieux local. La carte des sièges dépendants se reconfigure donc, sans rupture de communion avec Constantinople[110], tandis que trois évêchés coexistent sur le territoire de l'empire proprement dit : Trébizonde, Cérasonte et Rizaion. Le métropolite de Trébizonde est la première autorité religieuse du pays et réside dans la cathédrale de la Panagia Chrysokephalos, l'une des nombreuses églises de la ville. L’administration des biens ecclésiastiques s’appuie sur un réseau d’archives (chartes impériales, actes monastiques), qui documente la gestion foncière et l’encadrement des communautés. L’empereur (Grand Comnène) conserve une haute main symbolique et matérielle (dotations, chrysobulles aux monastères, arbitrages) mais sans prétention à une autocéphalie : l’ordre canonique reste celui du monde byzantin[110],[205].

Photographie d'une mosquée, dans une ancienne église.
L'église de la Panaghia Chrysokephalos, devenue la mosquée Fatih, est l'un des hauts lieux de la religiosité dans la cité de Trébizonde[206].

Le souverain se présente comme protecteur de l’orthodoxie et promoteur du monachisme (dotations, exemptions, fondations). Alexis III (1349-1390) patronne notamment le monastère de Dionysiou sur le mont Athos, ce qui inscrit Trébizonde dans la géographie sacrée commune des Byzantins[154],[207]. Le culte de saint Eugène, développé par les Grands Comnènes qui en font le patron de leur empire, s’exprime jusque sur la monnaie d’argent où il est présent aux côtés de l'empereur, révélant l’imbrication du politique et du sacré[208].

Le cœur religieux du pays s’articule autour de grands monastères, souvent plus autonomes des nobles trapézontins qui marquent surtout de leur empreinte et de leur patronage les monastères urbains. Le monastère de Sumela est le plus célèbre mais d'autres existent comme le monastère de Vazelon dédié à saint Jean-Baptiste ou celui de Saint-Georges Peristereota, dont les bibliothèques et archives structurent la vie religieuse, économique et sociale des vallées, souvent plus que l'administration impériale. Les Actes de Vazelôn (XIIIᵉ–XVᵉ s.) documentent tenures, exemptions, toponymie et réseaux paroissiaux alors que les monastères ont une puissance foncière d'importance[209],[207].

L'Église de Trébizonde, quoi qu'autonome, reste rattachée au patriarcat de Constantinople et, en cela, participe à la vie religieuse byzantine[207]. Ainsi, elle participe aux grands débats ecclésiologiques byzantins par ses prélats et ses lettrés ; la circulation des moines athonites et des clercs éduqués à Constantinople est constante. Plus encore, elle est intégrée aux débats autour de l'union des Églises et au rétablissement de la concorde religieuse entre Rome et Constantinople, comme en témoigne l'envoi d'une délégation trapezontine au concile de Bâle-Florence, incarnée par le cardinal Bessarion, partisan de l'unionisme. De plus, du fait de la présence de comptoirs italiens, les missions catholiques sont présentes au sein même de l'empire, en particulier à Trébizonde, avec l'existence attestée d'un monastère franciscain ainsi que d'un évêché latin[110].

Postérité et héritage

Affiche de théâtre.
Lithographie du XIXe siècle présentant l'opéra La Princesse de Trébizonde de Jacques Offenbach.

Une postérité lointaine en Europe occidentale

En Europe occidentale, la chute de Trébizonde a un écho lointain mais résonne avec la chute de Constantinople. Régulièrement, des appels à la reconquête de ces anciennes cités chrétiennes resurgissent, sans portée véritable, à l'instar du récit du Génois Lorenzo Miniati qui déplore la chute des Grands Comnènes[210].

Trébizonde prend surtout l'image d'une ville lointaine et en partie mystérieuse, à l'image de la mention qu'en fait Rabelais dans son Quart Livre : ainsi, Picrochole se rêve en empereur de Trébizonde, de même que Don Quichotte de Cervantès, illustrations d'une forme de démesure[211].

Au-delà, la renommée des princesses de Trébizonde à l'inégalable beauté perdure, incarnée par la figure de Théodora Comnène, reprise et magnifiée par Pisanello. Cette imagerie alimente le roman du Génois Gian-Ambrogio Marini Caloandro sconosciuto au XVIe siècle, racontant les aventures d'un chevalier sauvant la princesse. C'est toujours ce stéréotype qui nourrit l'opéra de Jacques Offenbach La Princesse de Trébizonde au XIXe siècle[203],[212].

Un héritage longtemps vivace en Anatolie et Europe orientale

Carte linguistique de l'Anatolie.
Carte des populations hellénophones en Anatolie vers 1910. En orange, les Pontiques, héritiers de la culture de l'empire de Trébizonde.

Si l'empire de Trébizonde chute en 1461, l'influence qu'il a exercée perdure durant plusieurs siècles dans la région pontique. Matrice d'un monde byzantin isolé, il permet la subsistance d'une communauté grecque pontique, qui demeure pendant plusieurs décennies majoritaire dans la région. Anthony Bryer a souligné la résilience des structures de base de la société trapézontine, symbolisée par la persistance de réseaux monastiques solides et la continuité de certaines institutions sociales malgré la conquête ottomane[213]. Ce n'est qu'à partir du XVIIe siècle qu'un mouvement partiel de conversion à l'islam s'empare de cette communauté, complété par une migration accrue de populations musulmanes. Les Grecs pontiques restent malgré tout particulièrement nombreux jusqu'au début du XXe siècle. Avec l'éveil des nationalismes, les Grecs pontiques connaissent une forme de renouveau culturel mais ils sont alors devenus minoritaires dans la région de Trébizonde. Ainsi, dans la ville, ils ne représentent qu'un tiers des habitants[214]. Avec la Première Guerre mondiale, les bouleversements qui frappent l'Empire ottoman conduisent à d'importants massacres et déplacements de populations. Ces événements, parfois connus comme le génocide grec pontique, aboutissent à un fort déclin de la présence grecque et chrétienne à Trébizonde, à la suite notamment des transferts de populations issus du traité de Lausanne en 1923 et de l'installation de l'essentiel des Grecs pontiques en Grèce, où ils conservent une part de leur identité d'origine[215],[216].

La destruction de la cathédrale Saint-Grégoire-de-Nysse de Trébizonde en 1930 symbolise le départ des Grecs pontiques et l'évanouissement de la présence chrétienne dans la ville[217]. Malgré tout, la ville de Trabzon conserve de nombreux vestiges de l'époque de l'empire de Trébizonde et la langue pontique a même subsisté au-delà du départ des populations grecques stricto sensu. La publication en 1996 à Istanbul de l'ouvrage La culture du Pont (titre en turc Pontos Kültürü) de l'historien turc Ömer Asan met en lumière l'existence de nombreux locuteurs grecs du pontique, peut-être 300 000, notamment dans une soixantaine de villages aux alentours de Trébizonde. Ce sont généralement des musulmans mais qui ont conservé l'usage de cette langue. Toutefois, l'affaire fait polémique et Ömer Asan est attaqué en justice pour séparatisme, bien que finalement acquitté. Aujourd'hui, la langue pontique décline fortement et n'est presque plus pratiquée dans la région de Trébizonde[198].

Au-delà de la persistance de l'héritage trapézontin dans son territoire d'origine, l'empire de Trébizonde connaît une certaine postérité au-delà de ses frontières. Il devient alors une composante plus générale de la mémoire byzantine, en particulier au sein du monde orthodoxe. C'est particulièrement vrai de l'Empire russe, qui cultive une relative curiosité pour l'empire de Trébizonde et la dynastie des Grands Comnènes, dans le cadre plus large de sa prétention à la continuité impériale, illustrée par le concept de Troisième Rome. Ainsi, les autorités russes cherchent à se procurer divers artefacts liés à l'univers trapézontin, notamment des manuscrits[218]. De même, les Principautés roumaines attachent une certaine importance à l'héritage de Trébizonde, comme en atteste la proximité entre les princes roumains et le monastère de Dionysiou fondé par Alexis III de Trébizonde, tandis que les voïvodes roumains s'accaparent l'héritage byzantin à l'occasion du mariage d'Étienne III avec Marie de Mangoup, apparentée aux Grands Comnènes, d'autant que la Roumanie est un des lieux d'exil des Grecs pontiques[219].

Notes et références

Notes

  1. L'usage de l'aigle bicéphale comme symbole de l'empire de Trébizonde est attesté mais sans qu'une pratique fermement établie soit certaine. Des occurrences d'aigles monocéphales sont également rapportées, en lien potentiel avec l'accord trouvé avec l'Empire byzantin, lequel bénéficierait du monopole de l'usage de l'aigle bicéphale. Quoi qu'il en soit, le monde byzantin n'adopte pas l'héraldique occidentale (Pascal Androudis, « Présence de l’aigle bicéphale en Trebizonde et dans la principauté grecque de Théodoro en Crimée (XIVe – XVe siècles) », Byzantiaka, vol. 34,‎ , p. 179–218 (ISSN 1012-0513, lire en ligne))
  2. Quelques années avant, l'historien scandinave Arvid August Afzelius écrit également une brève histoire de Trébizonde, dont la notoriété est bien moindre.
  3. Une exception peut-être trouvée dans le règne d'Andronic Gidos, qui épouse malgré tout une fille d'Alexis Ier de Trébizonde, pour légitimer son pouvoir.
  4. S'il est courant que des princesses de Trébizonde épousent des chefs musulmans, les empereurs ont systématiquement pris des épouses chrétiennes.

Références

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Voir aussi

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Articles connexes

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