Guy Rocher

Dans le monde d'aujourd'hui, Guy Rocher est un sujet qui devient de plus en plus pertinent et qui a retenu l'attention de personnes de tous âges et de tous intérêts. Que ce soit en raison de son impact sur la société, de son importance dans le domaine professionnel ou de sa pertinence dans la vie de tous les jours, Guy Rocher est devenu un sujet de conversation récurrent dans différents cercles. À mesure que le temps passe, l'intérêt et la curiosité pour Guy Rocher augmentent de façon exponentielle, générant un débat constant sur ses implications et son influence sur différents aspects de la vie moderne. Dans cet article, nous allons plonger dans le monde de Guy Rocher pour explorer ses différentes facettes et comprendre sa signification dans la société actuelle.

Guy Rocher, né le à Berthierville, est un sociologue, professeur et conférencier québécois. Il a été professeur en sciences sociales au Département de sociologie de l'Université de Montréal et chercheur au Centre de recherche en droit public.

Intellectuel engagé, il est à l'origine de plusieurs changements majeurs qui ont marqué la Révolution tranquille et le premier mandat du gouvernement René Lévesque, dans le domaine de l'éducation et du statut de la langue française. Dans un cahier spécial que lui consacre le quotidien montréalais Le Devoir à l'occasion de son 100e anniversaire de naissance, Marie-Hélène Dufays résume ainsi la contribution de Rocher à la société québécoise : « Les nombreuses contributions de Guy Rocher à la vie politique en font l’un des architectes ayant participé à la modernisation du Québec. Bien que son passage au gouvernement ait été bref, son empreinte sur la société est notable et ses idées perdurent jusqu’à nos jours. »

Biographie

Guy Rocher nait en 1924 à Berthierville, du mariage de Jeanne Magnan et de Barthélemy Rocher, ingénieur civil de formation. En 1931, la famille déménage à Saint-Lambert, et l'année suivante, le père décède. L'événement affectera le jeune garçon de 8 ans. Débute alors une vie de pensionnat qui se poursuivra en 1935 avec un cours classique au Collège de l'Assomption. En 1944, il s'inscrit en droit à l'Université de Montréal, études qu'il abandonne l'année suivante, pour se consacrer au mouvement de la Jeunesse étudiante catholique (JEC), dont il sera le président national de 1943 à 1945. Ce mouvement faisait une place conséquente aux laïcs au sein de l'Église, tout en permettant une certaine contestation du pouvoir hiérarchique de celle-ci.

Parcours académique

En 1947, il part étudier les sciences sociales à l'Université Laval avec le dominicain Georges-Henri Lévesque. Il est initié à cette nouvelle science qu'est la sociologie par le franciscain Gonzalve Poulin,, et c'est l'époque où « il se familiarise avec les grandes théories interprétatives sociologiques et qui ont pour auteurs : Comte, Marx, Weber, Durkheim et Parsons ». À la fin des années 1940, il épouse la dirigeante et jéciste Suzanne Cloutier, qui se formera par la suite en travail social à l'Université de Montréal, et réalisera une maîtrise sur les villages étudiants développés par le mouvement JEC. Suzanne Cloutier avait été recruté dans le mouvement par Simone Monet, « future syndicaliste et l'une des fondatrices de la Fédération des femmes du Québec ».

Après ses études en sociologie et l'obtention d'une maîtrise, il débute un doctorat à Harvard (1950-52), sous la direction de Talcott Parsons. Ce séjour fait tomber ses préjugés sur les États-Unis, et il y développera une grande admiration pour la vie universitaire de cette institution. Les imposants frais d’inscription à Havard seront couverts par une bourse d’étude de la Confédération des travailleurs catholiques canadiens (l’ancêtre de la CSN). À son retour de Boston en 1952, il enseignera, à l'invitation du père Lévesque, à l'Université Laval jusqu'en 1960, période pendant laquelle il terminera son doctorat (1958). Sa thèse porte sur les « rapports de pouvoirs entre l'Église et l'État en Nouvelles-France au XVIIe siècle ».

En 1960, il rejoint l'Université de Montréal comme directeur du Département de sociologie de l'Université de Montréal, puis de 1962 à 1967, il agit comme vice-doyen de la Faculté des sciences sociales. En 1979, il rejoint le Centre de recherche en droit public de la Faculté de droit de l'Université de Montréal.

Service public

En 1961, le ministre de la Jeunesse Paul Gérin-Lajoie le nomme à titre de membre de la Commission royale d’enquête sur l’enseignement dans la province de Québec, mieux connue sous le nom de commission Parent, du nom de son président, Mgr Alphonse-Marie Parent, recteur de l'Université Laval. Les travaux de la commission mènent à une réorganisation complète du système d'éducation québécois et à la création de nouvelles institutions d'enseignement postsecondaire, les collèges d'enseignement général et professionnels (cégeps) et le réseau de l'Université du Québec. Actif au sein de plusieurs comités de la Commission, il est le collaborateur de Jeanne Lapointe, rédacteur principal, des différents tomes publiés tout au long des travaux.

Le sociologue et son maître ouvrage

En 1968, Guy Rocher publie Introduction à la sociologie générale, qui sera par la suite réédité en France, puis traduit dans plusieurs langues. Selon la professeure de sociologie Céline Saint-Pierre, cet ouvrage occupe une place dominante dans la trajectoire professionnelle du Guy Rocher et dans l'histoire générale des idées et des sciences. De 1952 à 1967, quand il enseignait à l'Université de Montréal le cours d'introduction à la sociologie, la plupart des manuels de référence en sociologie étaient en anglais, car ce type de cours d'introduction existait aux États-Unis, mais pas en France. « Je me suis rendu compte que dans l'université francophone, non seulement au Québec mais dans le monde, j'étais probablement le seul à m'être en quelques sorte spécialisé dans l'enseignement des éléments de sociologie", écrira-t-il. Il complétera la rédaction de son ouvrage lors d'une année sabbatique en Californie, à l'Université Berkeley. La première édition, en trois volumes, parait aux Éditions Hurtubise en 1968-69. Les trois volumes seront regroupés lors de la 2e édition en 1991. Puis en 1992, une 3e édition paraîtra.

Le sociologue de l'éducation

La problématique des changement sociaux traverse l’œuvre du sociologue. Pour Guy Rocher « la dynamique du changement social ne réside pas dans de supposées « lois de l’histoire » mais bien plutôt dans cette force mobilisatrice qui accompagne des acteurs sociaux suffisamment motivés pour s’engager dans la voie du changement social désiré ». Dans les années 1950 et 1960, pour contrer le conservatisme ambiant et favoriser le changement, Guy Rocher croit qu'il faut agir sur les valeurs et qu'à cet égard la transformation des institutions d'enseignement est de première importance.

Entre 1961 et 1966, Guy Rocher sera membre de la Commission royale d’enquête sur l’enseignement ou Commission Parent. Cette commission recommandait d’établir un ministère de l’Éducation, ce qui mettrait fin à la suprématie de l’Église catholique dans le domaine de l’éducation. Guy Rocher dira : « L’État québécois, au 19e siècle, avait délégué aux évêques le pouvoir politique sur l’enseignement public. En créant un ministère de l’Éducation , nous enlevions aux évêques tout le pouvoir qu’ils avaient ». Son rôle dépassera son mandat de commissaire, puisqu’il agira aussi comme médiateur entre les parties adverses : Jeanne Lapointe tenante d'une vision laïcque et Ghislaine Roquet, alias Soeur Marie Laurent de Rome, tenante d'une vision humaniste. Aussi, il sera amené à contribuer à la « conception d'un nouveau système d'éducation mis en place dans le sillage des recommandation de la commission », qui furent mises en oeuvre avant même le dépôt du Rapport par Arthur Tremblay et Yves Martin, deux anciens des sciences sociales de Laval.

En 1970, il entreprend avec Pierre W. Bélanger, son ancien étudiant devenu professeur à la Faculté d'éducation de l'Université Laval, une recherche longitudinale sur les aspirations scolaires et professionnelles des étudiants (ASOPE). Cette recherche s'intéresse à l’accessibilité à l’éducation. Quelques 20,000 étudiants sont recrutés, soit trois « cohortes d’étudiants francophones et anglophones des écoles secondaires et des collèges et des universités du Québec, qui ont été suivies sur une période de quatre à six ans, certains jusqu’à l’université ». Ce projet de recherche majeur a permis, entre autres, « de faire le point sur l’atteinte des objectifs de démocratisation de l’éducation après la réforme scolaire des années 1960 ».

Le sociologue et le service public

« J'ai eu besoin d'une sociologie mobilisée, mobilisable et mobilisante. Ce qui a fait que j'ai le sentiment de n'avoir jamais été un sociologue, mais d'avoir toujours été en train de le devenir ! »

  • 1961-1966 : membre de la de la Commission royale d’enquête sur l’enseignement ou Commission Parent
  • 1965 : président du comité chargé d'étudier les modalités de création d'une université de langue française à Montréal
  • 1969-1974 : vice-président du Conseils des arts du Canada. Mandat : superviser le financement de la recherche en sciences sociales.
  • 1977-1979 : secrétaire général associé au Conseil exécutif et sous-ministre au Développement culturel du gouvernement du Québec
  • Il participe à la rédaction de la Charte de la langue française, communément appelée loi 101.
  • 1981-1983 : secrétaire général associé au Conseil exécutif et sous-ministre au Développement social

Publications

Guy Rocher compte plus d'une centaine de publications.

  • Introduction à la sociologie générale, vol. 3, Montréal (Québec), Canada, Éditions H.M.H., 1968-1969 (ISBN 9782896476497)
  • Talcott Parsons et la sociologie américaine, Paris, France, Presses universitaires de France, , 238 p. (ISBN 978-2130320623)
  • Le Québec en mutation, Montréal (Québec), Canada, Éditions H.M.H., , 345 p.
  • Entre les rêves et l'histoire. Entretiens avec Georges Khal, Montréal (Québec), Canada, VLB, , 230 p. (ISBN 978-2890053557)
  • Guy Rocher : Entretiens, Montréal, (Québec), Canada, avec François Rocher, Éditions du Boréal, , 252 p. (ISBN 978-2-7646-2010-6)

Prix et distinctions

Archives

Le fonds d'archives de Guy Rocher est conservé au centre d'archives de Montréal de Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

Bibliographie

  • 2023 : Yan Sénéchal, « Guy Rocher une sociologie publique pour le Québec », dans l'ouvrage collectif Faire connaissance : 100 ans de sciences en français, publié sous la direction de Claude Corbo et de Sophie Montreuil. Montréal, Éditions Cardinal, 2023, pp 120–123. ISBN : 9782925078852.
  • 2021 : Pierre Duchesne, Guy Rocher, tome 2 (1963-2021) : Le sociologue du Québec, Montréal, Éditions Québec Amérique, 2021, 624 pages.
  • 2019 : Pierre Duchesne, Guy Rocher, tome 1 (1924-1963) : Voir, juger, agir, Montréal, Éditions Québec Amérique, 2019, 458 pages.
  • 2014 : Guy Rocher. Le savant et le politique, sous la direction de Violaine Lemay et Karim Benyekhlef. Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2014, 246 p.
  • 2006 : Céline Saint-Pierre, « Guy Rocher : Introduction à la sociologie générale », dans l'ouvrage collectif Monuments intellectuels québécois du XXe siècle, publié sous la direction de Claude Corbo, Québec, Édition du Septentrion, 2006, pp. 239–247.
  • 2006 : Céline Saint-Pierre et Jean-Philippe Warren (sous la direction de), Sociologie et société québécoise : Présences de Guy Rocher, Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, 2006, 319 p.
  • 2003 : Gilles Gagné et Jean-Phlippe Warren, Sociologie et Valeurs : quatorze penseurs québécois du XXe siècle. Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, 2003, 395 p. (ISBN 2-7606-1831-5), 391 p. 
  • 1989 : Guy Rocher, Entre les rêves et l’histoire. Entretiens avec Georges Khal, Montréal, VLB Éditeur, 1989, 230 p.
  • 1989 : Nicole Gagnon, compte rendu de Guy Rocher, « Entre les rêves et l'histoire. Entretiens avec Georges Khal », Revue d'histoire de l'Amérique française. XLIII, 3, 1989, p. 275-277.
  • 1996 : Hommage à Guy Rocher, pour l'obtention du prix Léon-Gérin, 1995, publié dans Cahiers de recherche sociologique (savante, fonds Érudit), Numéro 26, 1996.
  • 1975 : Guy Rocher, Itinéraire sociologique, La sociologie au Québec, Québec, Presses de l'Université Laval, pp. 243-248.

Notes et références

  1. a et b Marie-Hélène Dufays, « Guy Rocher, un acteur de la modernisation du Québec », Le Devoir,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. Claude Lessard, « Le Rocher de la sociologie / Pierre Duchesne, Guy Rocher, tome 1 (1924-1963). Voir, juger, agir, Montréal, Éditions Québec Amérique, 2019, 458 pages », Les Cahiers de lecture de L'Action nationale, vol. 13, no 3,‎ , p. 31–33 (ISSN 1911-9372 et 1929-5561, lire en ligne, consulté le )
  3. a b c d et e Céline Saint-Pierre, « Guy Rocher, Introduction à la sociologie générale », dans Sous la direction de Claude Corbeau, Monuments intellectuels québécois du XXe siècle, Sillery, Septentrion, , 291 p. (ISBN 2-89448-450-X), p. 239-247
  4. a b et c Jacques Beauchemin, « Guy Rocher, Voir - Juger - Agir / Pierre Duchesne, Guy Rocher, Voir – juger – Agir, Éditions Québec-Amérique, Montréal, 2019, Tome 1, 458 p. », Recherches sociographiques, vol. 60, no 3,‎ , p. 665–671 (ISSN 0034-1282 et 1705-6225, DOI 10.7202/1075154ar, lire en ligne, consulté le )
  5. Sénéchal 2023, p.121
  6. a b c d e et f Gilles Gagné et Jean-Phlippe Warren, Sociologie et Valeurs : quatorze penseurs québécois du XXe siècle. Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, 2003, 395 p. (ISBN 2-7606-1831-5), p. 183-200.
  7. a et b Sénéchal 2023, p. 121
  8. Gonsalve Poulin, « Itinéraire sociologique », dans La sociologie au Québec, Québec, Presses de l'Université Laval, , 347 p., p. 213-218
  9. a et b Yvan Perrier, « Céline Saint-Pierre et Jean-Philippe Warren (dirs), Sociologie et société québécoise : Présences de Guy Rocher, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 2006, 319 p. », Recherches sociographiques, vol. 51, nos 1-2,‎ , p. 220–223 (ISSN 0034-1282 et 1705-6225, DOI 10.7202/044705ar, lire en ligne, consulté le )
  10. Duchesne 2019, p.193
  11. Duchesne 2019, p.194
  12. a et b Yvan Perrier, « Portrait : Guy Rocher, le réformiste », À babord,‎ (ISSN 1710-209X, lire en ligne)
  13. a et b Gagné et Warren 2003, p.186
  14. Catherine Couturier, « Guy Rocher, au cœur des grandes réformes québécoises », Le Devoir,‎ (lire en ligne, consulté le )
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  16. Céline Saint-Pierre 2006, p.240
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  19. a et b Jean Gould, « Des bons pères aux experts. Modernisation du système scolaire du Québec 1940-1964 », Société, vol. 20-21, numéro spécial sur la Révolution tranquille,‎ , p. 111-188
  20. « Pierre W. Bélanger | Éméritat | Université Laval », sur www.ulaval.ca (consulté le )
  21. Duschesne 2021, p.231
  22. a b et c Claude Trottier, « Pierre W. Bélanger (1934-2009) », Recherches sociographiques, vol. 50, no 3,‎ , p. 711–717 (ISSN 0034-1282 et 1705-6225, DOI 10.7202/039103ar, lire en ligne, consulté le )
  23. Guy Rocher, « Être sociologue-citoyen », dans Céline Saint-Pierre et Jean-Philippe Warren (dirs), Sociologie et société québécoise : Présences de Guy Rocher, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 2006, p.13.
  24. Pierre Duschesne, Guy Rocher : le sociologue du Québec, tome II (1963-2021), Montréal, Québec Amérique, , 624 p. (ISBN 978-2-7644-4501-3), p. 229
  25. « Guy Rocher », sur gouv.qc.ca (consulté le ).
  26. « Guy Rocher », sur Prix du Québec, (consulté le ).
  27. Fonds Guy Rocher (MSS167) - Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).

Voir aussi

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Articles connexes

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