Dans cet article, nous allons explorer en détail Robert Misrahi et son impact sur différents aspects de nos vies. Robert Misrahi est un sujet qui a suscité un grand intérêt ces dernières années et son importance s'est reflétée dans de nombreuses enquêtes et études. De son influence dans la sphère sociale à sa pertinence dans le domaine technologique, Robert Misrahi joue un rôle fondamental que l’on ne peut ignorer. Tout au long de cet article, nous discuterons de la façon dont Robert Misrahi a évolué au fil du temps et comment il continue de façonner notre environnement aujourd'hui. De plus, nous explorerons les implications éthiques et morales que Robert Misrahi comporte, ainsi que les perspectives futures possibles qui s'ouvrent à mesure que nous continuons à en découvrir davantage sur ce phénomène.
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Beni Misrahi |
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Robert Misrahi, né le à Paris et mort le à Saint-Cyr-du-Vaudreuil,, est un philosophe français.
Spécialiste de Spinoza, il consacre son travail à la liberté et au bonheur. Professeur émérite de philosophie de l'éthique à l'Université Panthéon-Sorbonne (Université de Paris I Sorbonne), il a publié de nombreux ouvrages sur Spinoza et consacré l'essentiel de son travail à la question du bonheur. Il a publié plusieurs articles dans l'encyclopédie Encyclopædia Universalis, Le Dictionnaire des philosophies « PUF », dans la revue Les Temps modernes et aussi dans la presse Libération, Charlie Hebdo et le Nouvel observateur.
Né à Paris le de parents juifs turcs, Robert Misrahi poursuit ses études en dépit d'une enfance difficile et de circonstances défavorables. Une mère internée définitivement en psychiatrie quand il a huit ans, un père ouvrier-tailleur souvent au chômage pendant la crise des années 1930, les persécutions antisémites pendant l'Occupation, de nombreux membres de sa famille meurent en déportation. Il obtient la nationalité française à l'âge de dix ans.
Dès la publication de l'ouvrage en 1943, il lit L'Être et le Néant et enthousiasmé par la doctrine de la liberté, rencontre son auteur, Jean-Paul Sartre. Ayant révélé à Jean-Paul Sartre qu'étant juif en pleine Seconde Guerre mondiale, il n'avait pu poursuivre d'études supérieures, ce dernier l'aida à financer ses études de philosophie. Ils travailleront ensemble jusqu'à la mort de Sartre.
En 1947, durant le conflit pour la création d'Israël, il participe à des activités anti-britanniques avec le groupe terroriste Lehi (également appelé « groupe Stern »). Le , il dépose une bombe qui détruit le Colonial Club, un cercle militaire à Londres, faisant plusieurs blessés. En mai, il est arrêté en France pour détention d'explosif avec quatre autres jeunes activistes. Incarcéré à la prison de la Santé, il écrit alors un de ses premiers articles (Antisémitisme à la Santé) publié en décembre dans la revue Les Temps Modernes. Sartre vient témoigner en sa faveur lors du procès en février 1948. N'étant pas soupçonné de l'attentat du 7 mars, il est seulement condamné à 1200 francs d'amende, le juge estimant que « l'État juif a été reconnu par l'O.N.U. et que les sujets de l'État juif ont le droit de défendre ses frontières morales et terrestres ».
En 1950, il obtient l'agrégation de philosophie. Dans les années 1950, il suit avec assiduité et enthousiasme les cours de Bachelard. Pour la soutenance de sa « petite thèse », Misrahi a accepté de retirer le chapitre, subversif pour l'époque, relatif au raisonnement le conduisant à conclure sur l'athéisme de Spinoza. Elle sera éditée intégralement en 1972.
Il enseigne d'abord en lycée en province (Cannes, Nevers, Bourges, Vanves) et au lycée Louis-le-Grand à Paris,. Durant les années 1965-67, à la Sorbonne, il est maître assistant puis titulaire de la chaire de philosophie morale et politique (dont le « patron » est Vladimir Jankélévitch) et ce, jusqu'en 1994,. Il lui demande de diriger sa thèse de doctorat ayant pour titre Lumière, Commencement, Liberté.
Parallèlement à son enseignement, il développe sa propre philosophie, l'exprimant au fur et à mesure dans ses publications. Il traite d'abord la question de son identité de juif athée, français et laïque, dans une série d'ouvrages aux analyses très riches qui passeront pourtant inaperçus du grand public (La condition réflexive de l'homme juif, Marx et la question juive, La philosophie politique et l’État d’Israël).
Il consacre sa première thèse de doctorat à la question du désir et de la réflexion dans la philosophie de Spinoza (1969). Durant toute sa vie, il consacrera une part importante de son travail à l'étude de l'œuvre de Spinoza. Pour preuve, à plus de 85 ans, il publie une traduction de l'Éthique.
Influencé, d'une part, par la pensée subversive et eudémoniste du philosophe de l'Éthique, notamment par sa doctrine du désir et du salut, et d'autre part, par la pensée de Sartre, pour sa conception de la liberté ; il en tire une nouvelle philosophie du bonheur, un eudémonisme existentiel moderne. Pour Robert Misrahi, la question du bonheur n'est pas une question parmi d'autres, elle est la question fondamentale de l'existence, celle qui éclaire toutes les autres.
En , il déclenche une polémique en soutenant dans les colonnes de Charlie Hebdo, journal où il tenait alors une chronique, le livre très controversé de la journaliste italienne Oriana Fallaci, la Rage et l'Orgueil. Après que Philippe Val a proposé à Robert Misrahi de revenir sur ses propos, le journal prend ses distances avec le philosophe.
Après avoir traité du commencement et de la liberté (Lumière, commencement, liberté), il écrit un traité du bonheur. Dans le premier volume intitulé Construction d'un château, Robert Misrahi ne livre pas des concepts ou des réflexions sur le bonheur, il nous montre à travers une métaphore architecturale, ce que peut être un parcours heureux. Dans le second volume, intitulé Éthique, politique et bonheur, changeant complètement de mode expressif, il critique les fausses contradictions de notre temps. Les oppositions, entre désir et institution, et entre principe de plaisir et principe de réalité, sont dépassées par une éthique de la joie fondée sur les propres forces de l'individu, conçu comme désir et comme réflexion. Sa philosophie est une éthique, c'est-à-dire qu'elle est entièrement destinée à la conduite de l'existence. Ne se limitant pas à ce déploiement théorique du deuxième volume, il consacre le troisième volume Les actes de la joie (sous-titré poétique de la liberté heureuse) à décrire dans une langue originale, aussi poétique que philosophique, les contenus de la vie heureuse. Pour Misrahi, le bonheur n'est ni une situation sociale, ni un état d'esprit mais un ensemble d'actes qui par leur déploiement confèrent la joie, par l'autonomie, la réciprocité et la jouissance ; il s'agit de « fonder, aimer et agir ». Il poursuit sa recherche sur le bonheur, le « préférable absolu », en déployant les conséquences politiques (Existence et démocratie) et anthropologiques (La Jouissance d'être) de sa doctrine. En 2008, il reprend l'ensemble de son parcours dans une synthèse intitulée Le travail de la liberté.
Une fois surmonté le chagrin de la disparition (en 2009) de sa femme, la psychanalyste lacanienne Colette Misrahi, il reprend la plume pour rédiger son autobiographie, La nacre et le rocher, parue en 2012 et désignée comme meilleure autobiographie de l'année par le magazine Lire.
Un colloque intitulé « Pour une éthique de la joie » lui a été consacré, à Cerisy-la-Salle, en .
Il participe à l'Université populaire de Caen (crée en 2002 par Michel Onfray) avec un séminaire de philosophie pour la saison 2012-2013.
Robert Misrahi, toujours actif en dépit de son âge, continue son parcours, fidèle à lui-même, diffusant inlassablement une philosophie en rupture avec les déterminismes modernes (économie, inconscient notamment), qui contraste avec tous les courants de pensée de son temps (marxisme, structuralisme, psychanalyse...), et le tragique qu'ils induisent.
Robert Misrahi décède le au Vaudreuil à l'âge de 97 ans.
Robert Misrahi propose une philosophie du bonheur par la joie et l'action, sans déterminisme : libre et responsable grâce à la réflexion, l'être humain a la capacité de faire des choix pour construire son bonheur. Robert Misrahi fait la différence entre une liberté spontanée, et un second niveau de liberté qui est intérieure, réfléchie et consciente
Au sujet du bonheur, il délaisse le courant pessimiste des philosophies du renoncement, du bonheur différé et celles du plaisir-péché ou plaisir-vice : Platon, Kant, Heidegger, Schopenhauer, Nietzsche, Sartre, sans les rejeter totalement. Il préfère, sans totalement les encenser, le courant positif : Aristote affiné par l'épicurisme, Spinoza, Thomas More.
Le philosophe a principalement abordé l'anthropologie, l'éthique, la politique ainsi que la relation à autrui. Ces aspects de la philosophie sont dans son œuvre profondément liés. L'essentiel de sa philosophie peut se résumer ainsi : « Liberté, Réciprocité (ou responsabilité), Joie ».
Dans l'ouvrage Les voies de l'accomplissement, Robert Misrahi déclare « est à mes yeux le philosophe le plus abouti qui soit. Il sait qu'une ontologie doit être destinée à la constitution solide d'une éthique. Une éthique doit être précédée d'une anthropologie, , qui rende compte de la poursuite de la joie. C'est ce qu'il accomplit par sa description du désir (le conatus) auquel il donne une place centrale. Comme Spinoza nous montre aussi qu'une éthique de la vraie joie repose entièrement sur une théorie du désir, elle-même appuyée sur une doctrine de l'unité de l'homme et de l'unité du monde ». Rejetant le déterminisme du spinozisme, Misrahi puise l'essentiel de son inspiration dans la philosophie de Spinoza, à laquelle il ajoute toutefois une différence fondamentale : la liberté existentielle. Il a largement contribué à développer et à expliquer la pensée de ce philosophe dans ses cours et dans ses œuvres par le moyen d'une interprétation originale. Mais tout en se réclamant de celui-ci, il a développé une philosophie tout à fait personnelle. Il reprend de Spinoza :
Dans sa thèse « Le désir et la réflexion dans la philosophie de Spinoza », Misrahi essaie de concilier la liberté existentielle, celle de Sartre, avec le système spinoziste grâce à la notion de conscience redoublée indéfiniment. Pourtant Spinoza était ouvertement déterministe. Misrahi déclare à ce propos : « Le déterminisme de Spinoza est une erreur généreuse », car elle permet de comprendre sans juger. Dans l'ouvrage Les voies de l'accomplissement Misrahi déclare « Spinoza ne nous a pas pleinement donné le moyen de construire notre liberté et notre joie. Celles-ci doivent être l'objet d'une instauration, et seul un être déjà libre peut construire et instaurer une existence qui soit plus libre encore et même heureuse ».
Nous naissons dans un univers marqué par un fort déterminisme et notre esprit est piloté dans notre enfance et dans l'âge adulte par un système d'affects qui nous entraîne en tous sens, souvent dans la violence, l’égoïsme et le malheur. Mais l'homme possède également cet embryon de conscience qu'il appelle réflexivité. Celle-ci est une simple conscience de soi. Il nous appartient de transformer cette fragile étincelle en lumière afin de transformer cette réflexivité en réflexion véritable. Le chemin est long et difficile, car les affects sont puissants et obscurs : « La réflexivité comme conscience immédiate de soi est limitée à sa propre actualité active ou à son activité présente. Elle peut en outre envelopper, impliquer toutes les obscurités, les aveuglements et les ambivalences ». C'est pourquoi le monde va souvent ainsi : violent, désordonné, obscur. Mais ce chemin est possible. La preuve : certains ont pu le pratiquer. Grâce à la réflexion véritable, qui est redoublement de la conscience de soi, le désir sera à même de s'extraire des déterminismes néfastes pour lui permettre d'agir selon l'essence même du désir, qui est désir de joie.
Pour être précis, ce passage n'est pas celui du déterminisme absolu à la liberté, mais le passage d'une liberté diminuée à une forme de liberté plus haute : « L’opposition entre réflexivité et réflexion, comme redoublement homogène de la conscience de soi (…) est en mesure de rendre compte du passage de l’ aliénation à la liberté : il s’agit en réalité du passage d’une forme de liberté à une autre, ou, si l’on préfère, d’une liberté originelle à une liberté seconde »
Autant le désir soumis à ces déterminismes est contradictoire, malheureux, violent, égoïste, voué à l'échec, autant le désir libéré peut s'épanouir vers une joie respectueuse d'autrui. Car la joie qui est recherchée est une joie partagée. Une joie n'est véritable que si elle est libre, sans quoi elle serait toujours menacée par les mécanismes des affects et ne nous appartiendrait pas. Elle doit être obtenue dans la réciprocité et la responsabilité, car elle doit être partagée. Elle doit enfin être substantielle, c'est-à-dire concerner l'ensemble de l'être. Une telle joie est le but de l'existence humaine et permet l'accès au bonheur sur terre.
Robert Misrahi fait du désir, comme chez Spinoza, l'essence de l'être humain. Chez ce dernier le désir n'est pas une pulsion aveugle comme il peut être décrit dans la plupart des courants philosophiques classiques, de Platon à Freud en passant par Descartes et Schopenhauer. La désillusion décrite par Platon, Schopenhauer et Freud se produit certes, et souvent, mais lorsque le désir fait fausse route, lorsqu'il se transforme en besoin servile. Les passions tristes. Lorsque l'individu reste prisonnier du mécanisme des affects et ne s'est pas libéré par une réflexion véritable et créatrice.
Chez Misrahi, au contraire, le Désir est à la fois intelligence et conscience. Il n'y a pas plusieurs facultés distinctes qui s'opposeraient : la raison, le désir, la volonté, la conscience. Le désir est à la fois réflexion, conscience, volonté et raison. Le Désir est raison en tant qu'il raisonne, liberté en tant qu'il choisit, conscience en tant qu'il est réflexivité, volonté en tant qu'il agit. Mais il s'agit d'une seule et même faculté, que seul le langage divise pour mieux la préciser, la qualifier, l'objectiver.
Le désir réflexif n'est pas manque chez Misrahi, il est au contraire plénitude. La joie ne met pas fin au désir comme chez Platon, Schopenhauer ou Freud. Au contraire, la joie est augmentation de la puissance d'agir et de la puissance d'exister. Or l'existence est désir. Donc la joie renforce le désir, qui est en même temps puissance d'exister. Cette puissance réfléchie et raisonnée, augmentée grâce à la joie, permet justement à l'être de perpétuer cette joie autant qu'il est possible. Il y a une forme de récursivité Désir - Puissance de raisonner et d'agir - Joie - Désir. Cela est d'ailleurs confirmé par l'expérience : un être qui réussit dans ces aspirations profondes est plus épanoui et plus fort pour continuer à développer son activité.
L'existence heureuse est l'effort du désir pour s'organiser de manière libre et consciente, cohérente et rationnelle. Se faisant, le Désir se donne plus de chance pour atteindre son but, le bonheur, et pour agir dans le sens d'une société plus heureuse, puisque comme chez Spinoza, l'homme libre et heureux aspire à ce que les autres le soient et y contribuent.
Dans l'ouvrage Les voies de l'accomplissement Misrahi déclare « soucieux de donner à la cause de soi une signification concrète et humaine, je fus amené à relier éthique et philosophie et à construire une doctrine du sujet qui puisse proposer des fins accordées à la nature du désir et à la nature de la liberté ».
Robert Misrahi a également abordé la question d'autrui et de la réciprocité véritable, inspiré notamment par Martin Buber,.
Puisque le désir est responsable, réfléchi et souhaite une joie partagée, des institutions sociales et politiques peuvent être organisées afin de permettre à ce désir de se mettre en œuvre. Et non pour s'y opposer comme on le dit souvent : chez Misrahi, l'institution n'est pas contraire au désir, celle-ci permet au contraire de donner un cadre pour qu'il puisse se réaliser. Car la vie en société requiert organisation et règles communes. Ainsi que pouvoir politique. Car ceux qui restent esclaves des passions peuvent agir de manière violente et égoïste. Seule la démocratie permet d'allier efficacité, puissance et liberté. Pour qu'elle puisse s'établir, il faut au préalable que suffisamment d'individus disposent de suffisamment de puissance réflexive, car la démocratie ne s'impose pas aux individus, elle vient au contraire des individus éclairés. Mais comment les individus peuvent-ils être éclairés au sein d'une dictature, lorsque l'éducation n'est pas développée et lorsque l'expression est bridée ? Partant, comment peuvent-ils se libérer ? C'est que même au sein d'une dictature, certaines libertés existent. En développant progressivement l'enseignement, la culture, un certain confort qui permet d'avoir le temps de s'instruire, et en développant la liberté d'expression, préalable indispensable, les individus pourront alors progressivement faire émerger un pouvoir démocratique.
Les quatre remèdes pour une existence heureuse :
Le philosophe les énonce à la fin du film Les voyages de Robert Misrahi.
Pour Robert Misrahi, la philosophie ne se cantonne pas à la quête de la sagesse. La philosophie c'est conduire sa vie dans le bonheur par la joie.
La synthèse des ouvrages de Robert Misrahi et des livres biographiques ou d'entretiens permet de nommer les différentes composantes du réseau d'accès au bonheur. Deux composantes sont toujours sollicitées, quelle que soit l'étape du cheminant vers le bonheur : La Conscience et la Joie telles que définies par l'auteur.
Tout part du Ressenti, puis conscience perceptive, Affect, Liberté, responsabilité, Révolte, volonté, Conversion, initiative, Mouvement ou changement, évaluation, sens, Joie, Bonheur, Éthique, partage, contemplation, Amour. Ce processus n'est pas linéaire, ni en poupées russes, il est en réseau complexe; réseau que chaque cheminant emprunte au gré de son parcours, de ces expériences et expérimentations, de ses rencontres et lectures.
La boucle récursive entre composantes est une boucle génératrice dans laquelle les produits et les effets sont eux-mêmes producteurs et causateurs de ce qui les produit. Chaque ouvrage de l'auteur est une invitation à approfondir les liens complexes (au sens d'Edgar Morin) entre les différentes composantes.
Robert Misrahi présente les idées principales de sa philosophie dans le dernier chapitre de son ouvrage sur l’œuvre de Spinoza comme pour bien indiquer sa filiation. Il écrit : « il reste à construire une autre philosophie qui soit à la fois totalisatrice, cohérente et concrète ».
Robert Misrahi ne cache pas avoir « toujours souhaité construire une œuvre » ayant le caractère « global, systématique et cohérent l'ensemble de es travaux qui dépasserait le temps et servir un public et le convaincre de la pertinence de a réflexion par sa cohérence et sa « vérifiabilité » ».
Sa philosophie est un eudémonisme, c'est-à-dire une philosophie du bonheur, résolument humaniste. « c'est par l'homme et pour l'homme que doivent être élaborées une éthique de la joie et une politique de la liberté ».
Il refuse tous les déterminismes et « ce combat pour l'homme libre doit aussi devenir un combat contre toutes les neurologies, les sociologies et les philosophies déterministes »
À partir d'une théorie actualisée de la conscience, d'une description phénoménologique de la liberté (2 niveaux) et du dépassement de l'aporie de la liberté (« pourquoi chercher à se libérer si l'on est déjà libre ? / Comment peut-on désirer se libérer si l'on est fondamentalement aliéné » et déterminé), dans les sillages de Sartre et Camus, Misrahi propose une philosophie humaniste de l'existence. Il propose une « authentique philosophie du désir libre et de la liberté réfléchie ».
Il appelle à construire et entretenir « une éthique de l'accomplissement sans métaphysique de la transcendance ».
Chemin (philosophique existentiel) faisant, et aidé par tous ses travaux qui ne portent pas que sur Spinoza, Misrahi a actualisé et développé la théorie du Sujet, la théorie du Désir et la théorie de l'Autre nécessaires à la construction de son « système » Soi, l'Autre, la Relation.
Robert Misrahi dresse le bilan de son œuvre philosophique en 2008 à la demande d'un ami et de ses lecteurs dans Le travail de la liberté.
Son autobiographie est écrite en 2012 sous le titre La nacre et le rocher.
Plusieurs documentaires ont été enregistrés à l'occasion de sorties d'ouvrages. Le film qui représente l’œuvre du philosophe et son auteur est tourné en 2012. Ainsi qu'en 2015
Robert Misrahi explique sa manière de « déployer toute la fécondité du spinozisme par un nouvel eudémonisme ».
À partir de plusieurs sources d'inspiration, et sur la base de sa traduction de l’œuvre de Spinoza, Robert Misrahi intègre dans sa pensée et sa philosophie :
Gaston Bachelard, le philosophe et l'épistémologue des sciences, mais aussi l'analyste des textes poétiques, est considéré par Misrahi comme un phénoménologue des quatre éléments (phénoménologie de l'imagination matérielle) : « Le feu et sa vivacité créatrice et dansante, l'eau et ses vertus de miroir-conscience ou de réceptacle des mystères, l'air et sa légèreté libératrice, la terre et sa puissance sourde ou son repos profond ».
Robert Misrahi proposera dans son ouvrage La jouissance d'être une phénoménologie existentielle intégrale.
L'ouvrage Les voies de l'accomplissement est l'occasion pour l'auteur de dresser les liens entre son œuvre et celles des philosophes et écrivains renommés ayant travaillé sur les questions de l'accès au bonheur. Misrahi « pense qu'il y a dans l'histoire de la pensée un progrès, et que la force et la valeur de chaque doctrine, de chaque tentative, résident dans le fait de rendre possible (sans déchoir) les doctrines suivantes ».
Robert Misrahi propose une philosophie accessible à tout le monde, particuliers et groupes humains. Quelques-unes de ses citations fondatrices, emblématiques de ce souci de praticité : « je récuse la technicité de certaines philosophies contemporaines. Je souhaite pour ma part, utiliser une langue pure, simple et vernaculaire ».
« En régime démocratique de libre expression, l’ambiguïté du langage n'est plus un impératif de survie ».
« Aujourd'hui on peut raisonner et convaincre sans passer par le syllogisme ou la géométrie ».
« nous devons être attentifs à plusieurs sources d'enrichissement et de progrès des connaissances ».
Parmi tous les concepts repris aux Anciens ou à ses contemporains et ceux inventés par Robert Misrahi, les cinq principaux concepts qui sont les plus présents dans tous les ouvrages sont :
C'est le ressenti qui crée le trait d'union entre les œuvres de Spinoza dont L'Éthique et celles de Robert Misrahi.
C'est le concept qui crée le trait d'union entre les œuvres de Spinoza dont L'Éthique et celles de Robert Misrahi.
Robert Misrahi reprend de Spinoza « Le Désir est l'essence de l'homme ». Le Désir de Misrahi est le Conatus de Spinoza. Il dit qu'il apprécie « la validité permanente du lien qu (et lui seul) a su établir entre la centralité du Désir et la question de l'éthique ».
Le Désir est le mouvement d'ensemble de l'individu humain. Il s'agit du grand mouvement vers son avenir immédiat, et vers son avenir lointain. C'est un dynamisme vers un accroissement qui démarre par un manque plus ou moins léger, vers une satisfaction, vers une plénitude. Il entraîne à la fois, à des actions, à des mouvements, à des anticipations. Par son dynamisme, le Désir crée du désir : il se nourrit et se génère lui-même. Le désir est légitime : Le Désir vise une plénitude. C'est sa définition fondamentale. La plénitude est anticipée, et elle est nourrie et renforcée par les satisfactions intermédiaires que l'on trouve sur le chemin de la réalisation de l'objectif du Désir. Il y a aussi des joies... des plaisirs... au fil de l'activité... Le Désir est en même temps une réflexivité et une conscience. Le Désir est dans une conscience à distance de l'acte de désirer. Enfin, le Désir est libre. Comme le Désir est libre et conscient de lui-même, le sujet désirant peut désirer de façon qualifiée.
C'est un acte qui consacre d'autres actes : la fondation-fondement (Edgar Morin parle d'enracinements), l'instauration.
Robert Misrahi déclare que « ce n'est pas la moindre des manifestations de la fécondité spinoziste que de constater aujourd'hui la même portée subversive de l'idée du bonheur vrai que celle de la doctrine de l’Éthique ».
Véronique Verdier a proposé quelques éléments pour présenter l'œuvre de Robert Misrahi, philosophe du bonheur.
Pour Robert Misrahi au commencement est la crise ; tant pour les particuliers que pour les groupes humains, institutions, etc. Et ce, quel qu'en soit son type : crise personnelle, problème économique, accident, situation politique... La crise surgit comme l'éclatement d'un contradiction entre une situation acquise et une exigence existentielle, intellectuelle ou politique considérée comme un « préférable ». Crise qui laisse apparaître des affects associés à l'insatisfaction, au doute, à l'inquiétude, au désespoir, etc. L'analyse consciencieuse qui fait suite à l'atteinte de la limite du tolérable oblige à une prise de position qui est une révolte. Pour être efficient, ce qui est premier et actif pour Misrahi c'est le vif désir de sortir de la crise.
Concept transversal car la crise indique sa présence dans tous les cheminements existentiels : parcours individuel, saga familiale, schéma des organisations et des institutions, histoire des idées, histoire politique.
Robert Misrahi développe les différents aspects de sa philosophie dans des styles différents, à l'écrit dans ses ouvrages et articles et aussi à l'oral dans ses conférences et ses interventions dans les différents films produits.
Il est :
Par de multiples aspects, l’œuvre de Misrahi présente un caractère constructiviste.
Maurice Barbot et Marc Haffen ont recensé toute l’œuvre de Robert Misrahi. La bibliographie complète est donnée en annexe de l'ouvrage Le travail de la liberté.
Dans sa Contre histoire de la philosophie, volume 26, Michel Onfray évoque l’œuvre et l'existentialisme de Robert Misrahi. Il construit son intervention à partir de l'autobiographie de Misrahi La nacre et le rocher et, en ce qui concerne la pensée, à partir de la trilogie Traité du bonheur : tome 1 La construction d'un château, tome 2 Éthique, politique et bonheur, et Les actes de la joie en tome 3. La critique par Michel Onfray de la philosophie de Robert Misrahi est condensée dans le rapport entre la vie et l’œuvre de Misrahi (les écarts entre "ce que je dis" dans les cours et dans les livres et "ce que je fais" personnellement dans la vie), les postulats ("l'être humain est libre" par exemple) et les positionnements de Misrahi dans le conflit israélo-palestinien notamment. Michel Onfray a aussi évoqué ses convergences et ses divergences avec la pensée de Misrahi à la suite d'une question qui lui a été posée. C'est l'occasion pour Onfray d'analyser le style quelquefois ampoulé de Misrahi à partir de la méthode phénoménologique que ce dernier utilise et dont il revendique les vertus.
Ouvrages utilisés pour la création de la structure de l'article :