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Titre original |
羅生門 Rashōmon |
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Réalisation | Akira Kurosawa |
Scénario |
Akira Kurosawa Shinobu Hashimoto Ryūnosuke Akutagawa (nouvelles) |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production | Daiei |
Pays de production | Japon |
Genre | Drame, Thriller Psychologique,Policier |
Durée | 88 minutes |
Sortie | 1950 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
Rashōmon (羅生門 , litt. La Porte Rashō) est un film japonais réalisé par Akira Kurosawa en 1950, d'après deux nouvelles de Ryūnosuke Akutagawa (nouvelles Rashômon et Dans le fourré — cette dernière est inspirée de The Moonlit Road, une nouvelle d’Ambrose Bierce).
Il a donné son nom à l'effet Rashōmon qui désigne le fait que plusieurs personnes décrivent différemment le même événement.
Dans le Japon de la fin Heian (794-1185), quatre personnes présentent des versions très différentes d'un même crime. Un bûcheron ayant découvert un corps, un procès est ouvert. La première version du crime apparaît dans la bouche du bandit qui avoue être l'auteur du meurtre, puis on découvre celle de l'épouse qui dit avoir tué son mari, puis celle du défunt samouraï qui, par la bouche de la medium raconte s’être suicidé. La quatrième version correspond à celle du bûcheron qui, revenant sur sa déclaration, annonce avoir été témoin de la scène.
Le film a été réalisé pendant la période d'occupation américaine du Japon, durant laquelle la production cinématographique était étroitement contrôlée et pouvait mener à des interdictions d'exploitation immédiates. L'évocation de samouraïs et de combats au sabre était interdite. Akira Kurosawa rencontra beaucoup de difficultés pour produire son film, qui ne fut autorisé que par l'assouplissement de la censure due à la guerre de Corée.
Il serait aussi possible de voir dans le film deux thèmes qui ont profondément marqué le Japon. D'abord, les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki : Kurosawa y ferait référence lorsque le bandit, lors de son procès, lève ses yeux pensifs vers le ciel, et que le plan suivant montre longuement un gigantesque nuage. Ensuite, le procès de Tokyo qui venait de s'achever et dont l'empereur avait été tenu à l'écart sans être jugé : on pourrait y voir un lien avec le fait que la sentence du procès du bandit n'est pas prononcée. Ces deux thèmes auraient probablement été perçus par le public japonais de l'époque.
Selon le souhait du réalisateur Akira Kurosawa, la musique du film composée par Fumio Hayasaka est une adaptation japonisée du Boléro de Ravel, ce qui a pour effet de renforcer le caractère cyclique, mais changeant, de la narration . D'ailleurs, le déroulement de la musique n'est pas constant : les notes sont absentes au début du film, commencent quand le paysan qui voulait couper du bois entame le récit de sa découverte — leur objectif semble alors celui de servir l'action, en soulignant les passages forts du drame, assez classiquement — puis elles décroissent pour s'assourdir au deuxième témoignage et disparaître à partir du troisième, à mesure qu'on découvre la cruauté et l'abjection des protagonistes. Elles ne reprendront qu'à la fin, comme une légère touche d'espoir quand le paysan prend un nouveau-né délaissé et accepte de s'en occuper.
Datation de l'action du film : le générique ne fournit pas d'indication claire. Le générique japonais ne mentionne pas l'époque à laquelle se déroule le film. En France, certains sous-titrages français du générique mentionnent « XIe siècle », d'autres « en l'an 750 », mais d'autres traductions mentionnent d'autres époques. Selon Tadao Satō, l'action se déroule à l'époque de Nara (en 750) pendant une guerre civile.
Selon Monvoisin, Rashōmon est un film japonais moderne en costume traditionnel. C'est le premier film dont la narration fait appel à un flash-back sur trois temporalités différentes : le présent, l'époque récente du procès, et l'époque antérieure du crime. C'est aussi le premier film japonais à avoir remporté un grand succès à la fois au Japon et à l'étranger.
Akira Kurosawa suggère que son œuvre révèle l'incapacité de l'homme à être honnête, non seulement avec les autres, mais surtout avec lui-même :
« L’Homme est incapable d’être honnête avec lui-même. Il est incapable de parler honnêtement de lui-même sans embellir le tableau. Ce scénario parle de gens comme ça (ce genre d’individus qui ne peuvent survivre sans mentir pour se montrer meilleur qu’ils ne le sont vraiment. Il montre également que ce besoin de faussement se flatter continue même dans la tombe puisque même le personnage mort ne peut s’empêcher de mentir sur lui-même en parlant à travers le médium). L’égoïsme est un péché que l’être humain porte en lui depuis la naissance et c’est le plus difficile à combattre. »